Néhémie joue un rôle singulier dans l’histoire complexe de la communauté post-exilique revenue dans le territoire de Juda. Il ne faisait pas partie du groupe initial de Juifs retournés au pays, mais il n’a pas fallu attendre longtemps avant que l’empereur lui-même l’y envoie. Au cours de deux expéditions distinctes, Néhémie a en fait exercé la fonction de gouverneur au sein du reste des exilés et a été la cheville ouvrière de la reconstruction des murs de Jérusalem, et de différentes réformes. Son œuvre recoupe celle d’Esdras.
Le livre de Néhémie est souvent considéré comme un manuel de leadership biblique, mais je me demande si cette approche lui rend justice. Néhémie avait-il vraiment l’intention d’écrire un ouvrage sur l’art de diriger ? Le livre a-t-il été inclus dans le canon biblique pour que nous puissions y découvrir les principes d’une bonne direction, comme nous nous référons au livre des Actes pour connaître l’histoire de l’Église primitive ?
Cela ne veut pas dire que nous n’ayons rien à apprendre sur le sujet du leadership dans le livre de Néhémie, ni d’ailleurs des écrits de Moïse, de David, de Pierre et de Paul. Pourtant, une lecture de ce livre focalisée sur le thème du leadership serait faussée d’avance ; elle ne serait conforme ni à l’intention de l’auteur, ni aux priorités des Écritures.
Le livre de Néhémie traite de la fidélité de Dieu et des instruments qu’il utilise pour restaurer le peuple de l’alliance dans le pays promis au terme de l’exil. Il rapporte les premières mesures prises pour garantir la sécurité et l’identité du peuple de Dieu, et pour promouvoir sa fidélité à l’alliance. Cette partie du fil historique du canon biblique aborde des
tranches d’histoire post-exilique qui aboutissent au Seigneur Jésus lui-même.
Soulignons tout de même quelques éléments de Néhémie 1 qui se retrouvent au chapitre 2.
Les premiers rapports sur les tristes conditions dans lesquelles vit le reste des Juifs retournés en Juda (v. 3) provoquent chez Néhémie une tristesse profonde et une prière fervente (v. 4). Le contenu de sa prière occupe une grande partie du premier chapitre (v. 5-11). Néhémie s’adresse au « Dieu grand et redoutable » en se référant à l’alliance. Dieu avait promis d’exiler son peuple s’il persistait dans sa désobéissance ; mais il avait également promis de le rassembler de nouveau dans le lieu qu’il avait choisi pour y faire résider son nom, s’il se repentait et revenait à lui (v. 8-9 ; voir Deutéronome 30.4-5). Néhémie ne se contente cependant pas d’intercéder en faveur des autres en s’interdisant d’intervenir lui-même. Il prie pour trouver grâce aux yeux de l’empereur dont il est l’échanson (v. 11) au moment où il lui exposera son lourd fardeau. Même la prière brève et instantanée du chapitre suivant (2.4) n’est que la partie visible d’une prière d’intercession secrète constante.