Les événements qui précèdent le retour d’exil du peuple d’Israël et la reconstruction du Temple (Esdras 1) sont pleins d’intérêt :
1° Une personne ayant une connaissance limitée de l’Histoire peut penser qu’Israël était le seul groupe national à retrouver sa liberté après l’esclavage de l’exil. Historiquement, ce n’est pas le cas. Lorsque les Perses ont supplanté les Babyloniens (qui avaient exilé Juda), Cyrus, le roi de Perse, a inversé le cours de la politique babylonienne. Les Babyloniens (et les Assyriens avant eux) avaient déporté l’aristocratie et les chefs des territoires soumis. Dans le monde antique, la rébellion était souvent associée à la corde à trois brins que formaient le peuple, le pays et la religion. Il suffisait de supprimer l’un de ces trois brins pour réduire sensiblement les risques de révolte. En déplaçant tous les chefs de chaque élément d’une culture dans un nouveau territoire très éloigné de leur pays (ce qui brisait le lien entre le peuple et le pays), les Empires assuraient une sorte de paix. Toutefois, en agissant ainsi, ils causaient manifestement de grands bouleversements qui entraînaient de nombreux effets négatifs, notamment sur le plan économique. Quelles qu’en soient les raisons, Cyrus n’a pas seulement mis fin à cette politique, il a aussi permis aux exilés, y compris aux Juifs, de retourner chez eux.
2° Esdras a cependant raison d’y voir l’œuvre de Dieu : « L’Éternel réveilla l’esprit de Cyrus, roi de Perse » (v. 1). Des siècles plus tard, l’Éternel incitera des hommes à faire le recensement de l’Empire romain pour qu’une femme enceinte arrive à Bethléhem, là encore pour réaliser une parole de l’Écriture (Luc 2).
3° Dans le cas présent, la prophétie à laquelle Esdras fait référence est celle de Jérémie (v. 1), vraisemblablement Jérémie 25.11-12 ; 29.10-14 ; 51. Ce serait évidemment une erreur de lire Esdras 1.1 comme si Dieu était tenu par la parole de Jérémie ; c’est ce dernier qui est tenu par la parole de Dieu. En effet, la prophétie de Jérémie n’est autre que la parole de Dieu. Dieu est lié par sa propre parole. Quand Daniel a compris que le temps fixé pour l’exil touchait à sa fin, il s’est mis à chercher la face de Dieu pour son peuple (Daniel 9), ce qui était évidemment la chose à faire. Nous découvrons ici à la fois les réponses aux prières de Daniel et aux promesses de Dieu.
4° Comme d’habitude, quand Dieu agit, rien ne peut s’opposer à lui. D’un côté, il pousse le roi Cyrus à promulguer son édit ; de l’autre, il met au cœur de nombreux Juifs le désir de rentrer chez eux (v. 5). N’oublions pas que nous sommes en présence d’une génération qui est née et a grandi dans les vallées du Tigre et de l’Euphrate. C’est comme si nous demandions à la deuxième ou à la troisième génération d’Asiatiques ou d’Européens émigrés aux États-Unis de retourner dans leur pays d’origine. Le peuple de Dieu accepte d’obéir lorsque le Seigneur manifeste sa puissance.