Dans une méditation antérieure (volume 1, 30 septembre), j’ai réfléchi sur la progression de la pensée dans Galates 6 ; je veux aujourd’hui m’attarder sur quelques éléments de Galates 6.1-5.
Il semblerait d’emblée qu’il y ait une contradiction entre le verset 2, « Portez les fardeaux les uns des autres » et le verset 5, « Car chacun portera sa propre charge ». Nous pouvons déceler dans cette injonction une recommandation pastorale. Les chrétiens doivent avoir le souci d’aider les autres ; mais en même temps, ils ne doivent pas inverser ce souci et s’attendre à ce que les autres portent leurs fardeaux au point de devenir eux-mêmes des parasites. En d’autres termes, le verset 2 prend tout son sens s’il est compris comme une mise en garde contre l’isolement et une incitation à la compassion ; le verset 5, lui, prend tout son sens s’il est compris comme une mise en garde contre une existence parasitaire et une incitation à la responsabilité personnelle.
Mais le contexte du paragraphe dans lequel se trouvent les deux déclarations nous pousse à aller plus loin. Le passage commence par exhorter les chrétiens à redresser avec douceur un frère ou une sœur qui viendrait à être pris en faute (v. 1). Paul recommande à ceux qui sont « spirituels » de faire cette démarche. À la lumière des versets précédents (voir la méditation d’hier), les « spirituels » sont ceux qui marchent « par l’Esprit » (5.25) et portent donc le fruit de l’Esprit. La responsabilité de porter ce fruit incombe à tous les chrétiens, mais certains sont visiblement plus avancés que d’autres dans ce domaine. Par conséquent, les chrétiens qui portent le fruit de l’Esprit – et ce commandement s’adresse à tous – doivent être les premiers à venir en aide à un chrétien qui est tombé dans le péché.
Ils doivent le faire avec douceur, car les chrétiens prudents savent très bien qu’eux aussi peuvent être tentés par ce péché ou un autre (v. 1b). En nous aidant mutuellement de la sorte – par l’encouragement, la prière, le soutien moral, la présence fraternelle, la responsabilisation, et d’autres manières encore – nous portons « les fardeaux les uns des autres » (v. 2). Ce n’est rien moins qu’accomplir la loi de Christ qui n’a pas seulement enseigné que le plus grand commandement consistait à aimer Dieu et à aimer notre prochain comme nous-mêmes, mais qui nous a également donné son « commandement nouveau », à savoir nous aimer les uns les autres comme lui-même nous a aimés (Jean 13.34-35).
Dans ces conditions, toute vantardise personnelle est laide et vaine et ne peut être qu’un leurre (v. 3). L’orgueil précède la chute, et fausse l’examen de soi qui se veut humble, patient et honnête (v. 4). Il y a de l’orgueil qui détruit les liens communautaires, qui séduit l’âme chaque fois que les chrétiens comparent leurs états de service dans le but d’écraser l’autre. L’examen honnête de soi engendre une reconnaissance selon Dieu et une légitime fierté qui ne rabaisse pas les autres, car « chacun portera sa propre charge » (v. 5).