×
Parcourir

Ecouter les chapitres du jour sur le site Audio Bible IBG : Exode 1; Luc 4; Job 18; 1 Corinthiens 5

« Un nouveau roi vint à régner sur l’Égypte, lequel n’avait pas connu Joseph » (Exode 1.8). Ceux qui n’apprennent rien de l’Histoire sont condamnés à en répéter les erreurs, dit-on. Ou: la seule chose que l’Histoire enseigne est qu’on ne peut rien apprendre d’elle. Ces aphorismes saugrenus mis à part, on ne peut pas lire l’Écriture sans s’interroger sur le triste rôle que joue l’oubli.

Les exemples abondent. On aurait pu penser qu’après le déluge, un jugement d’une telle ampleur aurait inspiré une si grande frayeur aux êtres humains postdiluviens qu’ils auraient tout fait pour ne plus provoquer la colère de Dieu, mais il n’en a rien été. Dieu a arraché Israël à l’esclavage, frappant l’Égypte de plaies terribles et frayant un chemin à travers la mer Rouge, mais il ne s’écoule que quelques semaines avant que les Israélites at- tribuent leur délivrance à un dieu représenté par un veau d’or. Le livre des Juges décrit l’enchaînement maudit : péché – jugement – délivrance – justice – péché – jugement – délivrance – justice, un cycle en forme de spirale descendante. On aurait pu croire que les rois de la dynastie davidique se se- raient souvenus des leçons apprises par leurs pères et auraient soigneusement recherché la bénédiction de Dieu par une obéissance fidèle. Cela a rarement été le cas. Après la destruction catastrophique du royaume du nord avec la déportation de ses chefs et de ses artisans en Assyrie, pourquoi le royaume du sud n’en a-t-il pas tenu compte et n’est-il pas resté fidèle à l’alliance? À peine un siècle et demi plus tard, les Babyloniens ont réservé le même sort auroyaume de Juda. Cette sinistre tendance à oublier se retrouve également dans certaines Églises du Nouveau Testament.

Avec le changement de dynastie, il n’est pas difficile de comprendre que le nouveau roi d’Égypte ait pu oublier ce que le pays devait à Joseph. Quelques siècles, c’est long! Combien de chrétiens occidentaux ont tiré les leçons du réveil spirituel, sans parler de la Réforme?

Pas loin du lieu où j’écris ces lignes, il y a une Église qui attire chaque dimanche cinq à six mille personnes. Ses conducteurs ont oublié qu’elle a été implantée il y a à peine deux décennies. Aujourd’hui, ils veulent se retirer de la dénomination qui a soutenu leur implantation, non parce qu’ils seraient en désaccord théologique avec la dénomination, ou parce qu’ils lui trouveraient un défaut moral, mais tout simplement parce qu’ils sont tellement impressionnés par leur propre grandeur et leur propre importance qu’ils sont trop arrogants pour être reconnaissants. Pensons à des séminaires qui ont abandonné leurs racines doctrinales en l’espace d’une génération, à des individus – et non des moins érudits – qui sont tellement fascinés par la nouveauté qu’ils font passer l’originalité de la pensée avant la fidélité à Dieu. Les nations, les Églises, les individus évoluent et se considèrent comme plus avancés que ceux qui les ont précédés.

À notre honte, nous oublions tout ce dont nous devrions nous souvenir.

EN VOIR PLUS
Chargement