La structure du livre du Deutéronome présente de nombreux parallèles détaillés avec les anciens traités ou les alliances que les puissances régionales concluaient avec des états vassaux. L’un des éléments de ces traités était une sorte de prolégomènes historiques, une récapitulation brève et choisie des circonstances historiques qui avaient amené les deux parties à conclure une alliance. C’est ainsi que se présentent les trois premiers chapitres du Deutéronome. Au moment où le peuple de l’alliance s’approche pour la deuxième fois du pays promis, quarante ans après l’exode (Deutéronome 1.3) et alors que la première génération a disparu, Moïse éprouve le besoin de rappeler à l’assemblée d’Israël quelques vérités. Il évoque ainsi la nature de l’alliance, la grandeur du salut qui était désormais son héritage, les tristes récits de rébellion, et surtout l’incomparable majesté et gloire du Dieu auquel les Israélites sont liés par cette relation d’alliance d’une spectaculaire générosité.
Les trois chapitres qui comportent des morceaux choisis de l’histoire du peuple d’Israël fraient la voie à Deutéronome 4. Le survol historique est terminé ; Moïse en tire maintenant les leçons essentielles, évoque et rappelle toujours ce que Dieu a accompli. Il ne te doit pas ce salut merveilleux. Pas du tout ! « Il a aimé tes pères et choisi leur descendance après eux ; c’est pourquoi il t’a fait lui-même sortir d’Égypte par sa grande puissance » (v. 37). Il faut désormais tenir compte de ce choix : « Tu as donc été éclairé, pour reconnaître que l’Éternel est Dieu, qu’il n’y en a point d’autre que lui » (v. 35). « Tu reconnaîtras donc en ce jour et tu retiendras dans ton cœur que u l’Éternel est Dieu, dans les cieux, là-haut, et sur terre, ici-bas, et qu’il n’y en a point d’autre » (v. 39). « Prenez garde à vous, de peur que vous n’oubliiez l’alliance que l’Éternel, votre Dieu, a conclue avec vous et que vous ne vous fassiez une statue, une représentation quelconque, contrairement à ce que l’Éternel, ton Dieu, t’a commandé. Car l’Éternel, ton Dieu, est un feu dévorant, un Dieu jaloux » (v. 23-24). Autrement dit, les Israélites devront servir Dieu, mais lui seul est Dieu. Chaque nouvelle génération de croyants doit reconnaître cette vérité, ou subir le courroux divin.
Des nombreuses leçons qu’on peut tirer de ce rappel historique, il en est une relativement mineure – pénible pour Moïse et importante pour nous – qui ressort. Moïse répète plusieurs fois au peuple que lui-même n’entrera pas dans le pays de la promesse. Il évoque l’incident au cours duquel il avait frappé le rocher au lieu de lui parler (Nombres 20 ; cf. la méditation du 9 mai). Mais maintenant, il indique clairement qu’il a péché et encouru le jugement de Dieu « à cause de vous » (1.37 ; 3.23-27 ; 4.21-22). Certes, Moïse était responsable de ses actes, mais il n’aurait pas été tenté de s’irriter si le peuple avait été dans de bonnes dispositions spirituelles. C’est l’incrédulité persistante et les murmures répétés d’Israël qui l’ont fait sortir de ses gonds.
Méditons une application néotestamentaire de ce principe dans Hébreux 13.17.