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La manière dont la loi de Moïse prend soin du pauvre est frappante. Examinons Deutéronome 24. Dieu interdit qu’on prenne les deux meules, même pas « la meule du dessus » (celle qui était mobile), en gage pour une dette (v. 6). C’est comme si on prenait l’outil de travail de l’ouvrier ou le logiciel de l’ordinateur d’un écrivain. Ce serait priver ces personnes du moyen de gagner leur vie, ce qui ne ferait que rendre leur situation encore plus précaire et accentuer leur pauvreté, et par conséquent rendre le remboursement encore plus difficile.

Dans 24.10-12, Dieu publie deux autres stipulations pour garantir la sécurité du prêt consenti à quelqu’un. 1° Si quelqu’un avait accordé un prêt à un voisin, il n’avait pas le droit de pénétrer chez lui pour prendre quelque objet que ce soit en gage. Il devait rester dehors et laisser l’emprunteur le lui apporter. Cette procédure garantissait au voisin un minimum de dignité et freinait la tendance de certains riches de faire pression sur les pauvres et de les traiter comme moins que rien. 2° Le riche ne devait pas non plus conserver en gage ce dont le pauvre avait vraiment besoin pour se chauffer et s’abriter.

Dans 24.14-15, la loi obligeait les employeurs à donner chaque jour à leurs employés le salaire de la journée de travail. Dans une société agraire pauvre où 70 à 80 % des revenus étaient consacrés à la nourriture, cette mesure permettait à l’ouvrier embauché et à sa famille d’avoir chaque jour assez à manger. En retenant le salaire de ses ouvriers, l’employeur ne les mettait pas seulement dans la difficulté, mais il faisait preuve d’injustice. Dans 24.17-18, la loi prévoit d’autres mesures en faveur des orphelins et des étrangers, c’est-à-dire de ceux qui ne bénéficiaient d’aucune protection ou qui ne saisissaient pas bien toutes les « subtilités » de la culture ambiante ; il fallait que l’employeur se conduise avec justice à leur égard, ne les exploite pas et ne profite pas d’eux.

Finalement, dans 24.19-22, les paysans ne doivent pas prendre jusqu’au dernier épi de leurs champs, au dernier fruit de leurs plantations, dans le but de gagner davantage. Ils doivent au contraire laisser une partie de leurs récoltes « pour l’immigrant, pour l’orphelin et pour la veuve » (cf. la méditation du 9 août).

Faisons deux remarques. 1° Ce type de mesures en faveur des pauvres est plus efficace dans une société non technologique, dans laquelle le travail est directement lié à la terre et où l’aide est directe et ne passe pas par des intermédiaires. Il n’existait pas de bureaucratie lourde et paralysante. Mais sans un minimum de structure et d’organisation, il serait difficile d’imaginer une forme similaire d’entraide sociale dans nos cités industrielles. Il n’y a plus beaucoup d’espaces cultivés autour de nos grandes métropoles pour que des pauvres aillent glaner. 2° Toutes les lois promulguées incitaient les gens à agir avec justice et équité, sous le regard de Dieu, en se rappelant les années où eux-mêmes avaient été esclaves en Égypte (v. 13-22). Ces versets méritent une lecture attentive. Là où les gens vivent dans  la crainte, l’amour et la connaissance de Dieu, on trouve la compassion so- ciale et la générosité pratique ; là où l’idée de Dieu se dissipe dans un vague sentimentalisme, la générosité fiable et durable a tendance à disparaître, obligeant Dieu à s’exprimer avec véhémence par la bouche de certains pro- phètes, notamment Amos.

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