Le psaume 110 est le chapitre de l’Ancien Testament le plus cité dans le Nouveau. Il s’agit d’un psaume de style « oracle », un psaume qui révèle moins l’expérience de son auteur que les paroles qu’il a reçues par une révélation directe et immédiate de Dieu. Dans ce sens, ce psaume est un oracle de Dieu. Il est même possible que le psalmiste lui-même n’ait pas toujours bien saisi le sens profond de ce qu’il proclame (tout comme Daniel ne comprenait pas la signification de ce qu’il voyait dans ses visions et qu’il a cependant dû rapporter pour le profit d’une génération à venir, Daniel 12.4, 8-10).
Dans ce psaume, l’Éternel, Yahvé, s’adresse à quelqu’un que David considère lui-même comme son « Seigneur ». Cet élément, combiné à d’autres, a convaincu d’innombrables commentateurs, tant juifs que chrétiens, que nous sommes en présence d’un psaume messianique explicite et que la personne à laquelle David s’adresse n’est autre que le Messie attendu.
Je m’attarderai sur le verset 4 : « L’Éternel l’a juré et ne le regrettera pas : Tu es sacrificateur pour toujours, à la manière de Melchisédek ». En admettant que l’Éternel s’adresse ici au Messie, que signifient ces paroles ? Deux éléments attirent l’attention.
1° Melchisédek lui-même. C’est la deuxième fois que la Bible fait mention de lui. La première se trouve dans Genèse 14.18-20. Après la défaite des rois, Abraham rencontre cet étrange personnage qui est roi et sacrificateur à la fois, et lui cède la dîme du butin. De ce bref récit, nous avons tiré quelques enseignements (cf. la méditation du 13 janvier). Melchisédek disparaît ensuite pour réapparaître dans ce psaume, composé environ mille ans plus tard.
2° Beaucoup de choses se sont passées entre-temps dans l’histoire d’Israël. Le peuple a connu l’esclavage en Égypte, en a été délivré au moment de l’exode, a reçu la loi de Dieu au Sinaï, est entré dans le pays promis, a traversé toute la période des juges pour arriver au début de la dynastie davidique. Parmi les faits marquants, il faut rappeler la construction du tabernacle et les lois concernant les rites que devaient accomplir les Lévites et les souverains sacrificateurs issus de cette tribu. D’après la loi mosaïque, seuls les Lévites étaient habilités à exercer les fonctions sacerdotales. Or, nous sommes ici devant un oracle de Dieu qui affirme avec force qu’il établira luimême un autre sacrificateur royal, et lui fixera d’autres fonctions. Yahvé étendra son sceptre sur Sion, ce qui signifie que son pouvoir est lié à Sion, autrement dit à Jérusalem et donc à la dynastie davidique naissante. En tant que prêtre, il n’exercera pas son sacerdoce à la manière des Lévites, mais à celle de Melchisédek.
Il n’est pas étonnant que l’auteur de la lettre aux Hébreux voie dans ces paroles l’annonce de l’obsolescence de l’alliance mosaïque (Hébreux 7.11-12). Nous avions besoin d’un sacerdoce plus excellent; nous l’avons.