Ésaïe 46 comprend trois sections ; chacune avance une autre raison qui invite implicitement ou explicitement Israël à la fidélité envers le Dieu vivant.
1° Dans les deux premiers versets, Ésaïe se moque des dieux babyloniens. « Bel » signifie « seigneur » ; c’est un titre qui équivaut à « Baal ». Il s’appliquait à Merodak, la principale divinité de la ville de Babylone. « Nébo » était le fils de Bel-Merodak. Il était le patron de l’écriture et de la sagesse. Le jour du Nouvel An, Bel-Merodak et Nébo étaient promenés solennellement en procession dans les rues de la ville jusqu’au sanctuaire d’Esagil. C’était l’événement religieux majeur de l’année. Ésaïe annonce un temps où Bel-Merodak et Nébo se courberont et s’agenouilleront, et où les animaux, épuisés par le fardeau qu’ils doivent porter, s’affaisseront et tituberont vers le lieu de leur captivité (v. 1-2). Cette prédiction ne s’est pas réalisée lorsque les Perses ont vaincu l’Empire babylonien au VIe siècle avant notre ère, car Cyrus a préservé et même rehaussé le statut des dieux babyloniens. Avec le temps, Bel-Mérodak et Nébo ont tout de même sombré dans l’oubli. Aujourd’hui, plus personne ne les adore. Mais des millions d’hommes et de femmes continuent d’adorer le Dieu d’Israël.
2° Dans la section suivante (v. 3-7), Dieu poursuit sa condamnation de l’idolâtrie. Mais il introduit un élément un peu nouveau. Dieu dit que les idolâtres doivent porter leurs dieux, et que même leurs bêtes de somme se fatiguent sous le poids. Les choses sont tout à fait différentes concernant le vrai Dieu : c’est lui qui porte son peuple. Il est difficile de ne pas percevoir le contraste entre les deux religions. Dans l’une, les gens portent un lourd fardeau ; dans l’autre, c’est l’inverse : Dieu porte le peuple.
3° Dans la dernière section (v. 8-13), Dieu adresse des reproches cinglants pour ne pas dire choquants au peuple de l’alliance. Les enfants d’Israël sont des rebelles, ils ont oublié la grâce et la puissance avec lesquelles Dieu a fait naître le peuple lors de l’exode. Le croyant doit se souvenir des actions importantes de Dieu (v. 8-9). Les Israélites sont probablement encore en train de s’interroger à propos de Cyrus. Ils ont du mal à imaginer que Dieu puisse se servir d’un roi païen comme lui au lieu de le détruire. Pourtant, l’Éternel insiste : il appellera de l’orient « un oiseau de proie » (v. 11) ; tout porte à croire qu’il s’agit de Cyrus. Quels que soient son dessein et son plan, Dieu veillera à ce qu’ils se réalisent. Dieu est à la fois souverain et bon ; cessons donc de nous tourmenter pour savoir ce qu’il va faire et faisons-lui confiance. « Écoutez-moi, gens endurcis de cœur, si éloignés de la justice ! Je fais approcher ma justice : elle n’est pas loin, et mon salut : il ne tardera pas » (v. 12-13).