Que le péché est tordu ! Ses motivations et ses machinations sont compliquées et perverses.
À première lecture, le récit de 2 Samuel 14 est limpide, mais à y regarder de plus près, il est plein d’ironies qui font réfléchir.
David adopte la pire des attitudes possibles. Tout d’abord, il ne peut pas tout simplement accorder son pardon à Absalom, car cela signifierait qu’il aurait dû lui-même prendre les mesures disciplinaires décisives contre Amnon. Mais le roi ne peut pas non plus bannir Absalom, et il ne lui reste donc plus qu’à se lamenter en secret de l’éloignement de son fils. Après la ruse de Joab avec la « femme habile » (v. 2), David décide de rappeler Absalom. Mais là encore, alors que son fils est de retour, David fait preuve d’une indécision incompréhensible. Puisqu’il a permis à Absalom de revenir dans le royaume et même dans la capitale, pourquoi lui interdit-il de le rencontrer et l’exclut-il de toutes les rencontres familiales ? Nous voyons à la fin du chapitre que la réconciliation s’opère. Mais à quel prix ! Les différends n’ont pas été résolus, mais tout simplement mis de côté. Et si David a vraiment pardonné à son fils, pourquoi le laisse-t-il tant d’années dans une sorte de purgatoire ? Dans quelle mesure cette façon dont le père traite son fils ne prépare-t-elle pas la révolte de ce dernier, décrite au chapitre suivant ?
Ce n’est pas une petite ironie de constater que l’homme qui persuade David de faire revenir son fils en lui racontant l’histoire de cette « femme avisée » est celui-là même que le roi aurait dû châtier quelques années plus tôt (voir la méditation du 9 septembre). Si David avait corrigé Joab en son temps, où serait celui-ci en ce moment ? Certainement pas en train de manipuler les conseillers et les requérants du roi.
À première vue, Absalom est prêt à tout pour obtenir une audience auprès de Joab et de retrouver les bonnes grâces du roi. Mettre le feu au champ de céréales d’un homme n’est pas une mince affaire (v. 29-32). Mais en dépit de son désir ardent et sincère d’être réadmis à la cour du roi et en sa présence, Absalom ne mettra pas longtemps avant de tenter d’usurper le pouvoir royal (chap. 15). C’est l’ironie suprême de ce chapitre. Après beaucoup d’efforts, Absalom est enfin admis dans la présence de David : « Le roi appela Absalom, qui vint auprès de lui et se prosterna le visage contre terre en sa présence. Le roi embrassa Absalom » (v. 33). Il avait obtenu ce qu’il voulait. De quelle sorte de ressentiment assoiffé de pouvoir Absalom est-il animé pour déclencher l’insurrection sournoise du chapitre suivant ?
Les lecteurs qui ont suivi tout le fil de l’histoire ne comprendront pas uniquement les causes immédiates de la rébellion, les connexions inévitables entre toutes les erreurs commises par les personnages en présence, et dont l’aboutissement est terrible. Ils se rappelleront également ce que Dieu lui-même avait prédit, à savoir qu’il enverrait une calamité sur David par quelqu’un de sa maison, en juste châtiment de ce que David avait fait avec Bath-Chéba et Urie.