2 Rois 17 marque un tournant dans l’histoire de l’Ancien Testament. Le royaume du nord cesse d’exister en tant qu’entité politique. C’est une manœuvre d’Osée, le dernier roi d’Israël, qui précipite la fin du royaume du nord. Alors qu’il avait officiellement prêté allégeance à l’Assyrie, Osée menait en cachette des négociations secrètes avec l’Égypte, qui était encore une puissance avec laquelle il fallait compter. Le roi d’Israël espérait sans doute qu’en se plaçant sous la protection égyptienne, il bénéficierait d’autres avantages. Salmanasar, roi d’Assyrie, a interprété cette démarche du roi Osée comme une trahison et a détruit Samarie, la capitale du royaume du nord (v. 1-6). Il a déporté les chefs israélites en Assyrie et, comme le montre la fin du chapitre, il a fait venir en Israël des populations païennes qui se sont mélangées aux Israélites pauvres que le roi assyrien avait laissés dans le pays.
Le reste du chapitre donne trois explications, deux explicites et une autre, implicite et plus subtile.
1. La vraie raison de la destruction de la nation n’était ni politique ni militaire, mais religieuse et théologique (v. 7-17). La nation d’Israël avait succombé à l’idolâtrie. Tout en conservant un attachement superficiel au Dieu vivant, les Israélites avaient secrètement édifié des hauts lieux, comme pour tromper le Dieu qui voit tout ! Ils avaient multiplié les poteaux d’Achéra et le culte de Baal. Le peuple n’avait pas tenu compte des avertissements que lui adressaient les prophètes envoyés par Dieu. « Ils se sont ralliés à des vanités et se sont rendus eux-mêmes vains » (v. 15 ; cf. Jérémie 2.5). Ils avaient abandonné le Temple de Jérusalem et dressé deux veaux d’or ; ils adoraient des divinités astrologiques, s’adonnaient à des pratiques plus ou moins occultes et avaient même fini par sombrer dans une pratique abominable, le sacrifice d’enfants au dieu Moloch. « Aussi l’Éternel a-t-il éprouvé une vive colère contre Israël, et les a-t-il écartés de sa face » (v. 18).
2. Ce chapitre explique l’origine de la religion syncrétiste de Samarie (v. 24-41). Les immigrants païens se sont mélangés aux Israélites restés sur place. Sur les plans racial et théologique, il en est résulté une situation hybride. Malgré les avertissements de Dieu (sous la forme de lions qui ravageaient le pays, des lions qui avaient disparu dans cette partie du monde mais qui, en ce temps-là proliféraient dans le royaume du nord dévasté), la progéniture de ces unions mixtes offre quelque chose de pathétique dans le meilleur des cas : « Ainsi ils craignaient l’Éternel, mais rendaient en même temps un culte à leurs propres dieux » (v. 33). Tel est l’arrière-plan des Samaritains que nous découvrons au temps de Jésus.
3. L’explication implicite devient évidente lorsqu’on lit ce chapitre dans la perspective de l’histoire biblique. L’humanité déchue est jugée lors du déluge ; seules quelques personnes survivent. Les patriarches de la nation juive naissante se retrouvent esclaves en Égypte. Lorsque Dieu les délivre, l’incrédulité des Israélites retarde leur conquête de la Terre Promise. La période des juges s’achève dans la débauche, la corruption, le déclin. Maintenant, c’est au tour de la monarchie de connaître le même sort honteux.
Que Dieu nous aide, car nous avons besoin de réagir de façon plus radicale que les personnages de ces tranches d’histoire !