Plusieurs ont fait remarquer que le psaume 131 anticipe l’enseignement de Jésus dans Matthieu 18.1-4, où il répond à la question : « Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? » en prenant un petit enfant et en le plaçant au milieu des disciples. À certains égards, le disciple doit ressembler à l’enfant, et ce psaume apporte sa contribution à ce thème. Cependant, enfantin n’est pas infantile, tout comme simplicité n’est pas simplisme, et humilité n’est pas servilité. Ce psaume revêt plus de force si nous tenons compte de certaines de ses caractéristiques.
1° D’après le titre, il a David pour auteur. Nous pouvons nous demander à quelle période de sa vie David l’a composé. Plus d’un écrivain a suggéré qu’il remonte tôt dans la vie de David, avant que les succès de son âge adulte et de ses dernières années ne l’aient rendu quelque peu arrogant, au point qu’il n’aurait pas pu écrire : « Je ne m’engage pas dans des questions trop grandes et trop merveilleuses pour moi » (v. 1). Ce raisonnement se tient. Néanmoins, la probabilité qu’un jeune homme qui n’a pas encore eu l’occasion de s’intéresser aux grandes questions écrive de telles paroles est faible. Il risquerait de paraître quelque peu prétentieux ; une telle concession serait une excuse pompeuse pour ne pas aborder les sujets complexes. Il est donc difficile de définir la date de rédaction du psaume. À mon avis, il me semble que ce psaume se comprend mieux s’il date de la fin de la vie de David, après des expériences telles que l’humiliation dans l’affaire de Bath-Chéba et d’Urie, et la révolte de son fils Absalom. Contrit, moins enclin à penser que lui seul comprend tout, plus lent à se formaliser, et plus frappé par la sage providence de Dieu, David peut écrire : « Éternel ! je n’ai ni un cœur arrogant, ni des regards hautains ; je ne m’engage pas dans des questions trop grandes et trop merveilleuses pour moi » (v. 1).
2° Certains commentateurs (et même des traducteurs) décrivent l’enfant du verset 2 comme un bébé allaité. Ce n’est cependant pas ce que le texte dit. David se décrit comme « un enfant sevré auprès de sa mère ». Cet enfant, comme David, ne crie plus pour obtenir ce qu’autrefois il estimait indispensable. Cela suggère que David a également mûri et peut renoncer à certaines choses, notamment, à la lumière du verset 1, à la prétention de tout comprendre, prétention qui est teintée d’arrogance. L’immaturité qu’il abandonne, c’est en quelque sorte le cri perçant du nourrisson qui réclame le sein de sa mère. David a dépassé ce stade. Il est sevré et satisfait (cf. Philippiens 4.11s).
3° La maturité que David a atteinte ne s’enracine pas dans la fuite des complexités de la vie, mais dans la confiance en l’Éternel (v. 3), dont la connaissance parfaite est un rempart pour l’espérance de l’enfant de Dieu.