Nous ne savons pas grand-chose de Malachie. Il a exercé son ministère dans la période post-exilique, bien après les premières années de cette époque, qui avaient été marquées par les plus grandes crises. À son époque, les murs de la ville et le Temple étaient relevés. Néhémie, Zorobabel et Josué appartenaient au passé. Le « reste » revenu de l’exil s’était installé. Rien de très important ne s’était produit dans un passé récent. Le retour spectaculaire de la gloire de Dieu, envisagé par Ézéchiel (Ézéchiel 43.4), ne s’était pas produit. Le peuple s’acquittait des rites religieux mais sans grande ferveur ni enthousiasme.
Telle est la situation que Malachie dénonce. Ses paroles conviennent particulièrement à des croyants qui vivent à une époque de léthargie semblable. Il ne se passe pas grand-chose : la situation politique est stable, la liberté religieuse assurée, les obligations religieuses prescrites accomplies. L’ennui est que tout se fait non seulement sans passion, mais également sans intégrité, sans vie transformée, sans zèle, sans honneur dans les relations et les promesses, sans crainte de l’Éternel. Les Juifs revenus d’exil se caractérisent par un cynisme désabusé que rien n’émeut.
Malachie 1 pose déjà le décor.
1° Les Juifs ne sont pas convaincus que Dieu les aime vraiment. « En quoi nous as-tu aimés ? » lui demandent-ils (v. 2) en pensant à la situation générale dans laquelle ils se trouvent, un état de faiblesse et de pauvreté relative. Dieu rappelle son amour en ce qu’il les a choisis. Il a préféré Jacob à Ésaü; or, ces deux hommes n’avaient aucune valeur intrinsèque qui aurait pu motiver le choix de Dieu. La décision divine ne dépend que de l’amour électif de Dieu. Les croyants doivent apprendre à se confier dans la sûreté de cet amour sous peine d’être piégés à la première difficulté qui survient.
2° Dans leurs pratiques religieuses, les gens s’acquittent des rites mais traitent Dieu avec un manque de respect évident, ce qui se voit au moins de deux manières. a) La loi indiquait que celui qui offrait un sacrifice devait apporter un agneau sans défaut, pas un animal faible ou infirme. Or, les Juifs présentaient les pires animaux de leurs troupeaux, des bêtes qu’ils n’auraient même pas envisagé d’offrir en cadeau à un monarque terrestre (v. 6-9). b) Padessus tout, en parole comme en acte, le peuple adore le Dieu Tout-Puissant comme si cela était une obligation pesante dont il faut s’acquitter plutôt qu’un bonheur ou un service joyeux à accomplir. « Quelle fatigue ! » soupiraient-ils, en faisant fi de l’Éternel (v. 13).
Or, Dieu est un grand roi. Ces Juifs agissaient envers lui de façon méprisante. « Depuis le lever du soleil jusqu’à son couchant, mon nom est grand parmi les nations » (v. 11). « Car je suis un grand roi […] et mon nom est redoutable parmi les nations » (v. 14). Les paroles de Malachie nous humilient-elles quand nous considérons honnêtement la façon dont nous nous approchons de Dieu ?