Zacharie 6 présente la dernière des huit visions suivies d’un oracle. Cette ultime vision (v. 1-8) a certains points communs avec la première. La première mentionnait des chevaux, mais pas de chars ; ici, ces deux éléments sont présents. Le décor de la première était une vallée ; ici, il est composé de deux montagnes. Dans la première, les chevaux étaient appelés ; ici, ils sont envoyés, et même impatients de partir. Dans les deux cas, ils font partie des patrouilles du Seigneur, qui contrôlent le monde.
De nombreuses explications ont été proposées concernant les deux montagnes de bronze, et selon la plus vraisemblable, il s’agirait des deux gigantesques colonnes de bronze érigées à l’entrée du premier Temple (1 Rois 7.15-22). Le bronze et le fer servaient à se protéger contre les attaques (p. ex. Jérémie 1.18). Personne ne peut forcer l’entrée de la Maison de Dieu. Je ne peux pas m’étendre ici sur la signification des couleurs et des destinations. L’ange qui interprète la vision déclare à Zacharie que les autres chevaux (et chars) « sont les quatre vents [= esprits] des cieux qui sortent du lieu où ils se tenaient devant le Seigneur de toute la terre » (v. 5). Comme les vents, ils sont les messagers de Dieu (Psaumes 104.4), s’étendant sur toute la terre car la terre entière appartient à l’Éternel. Les chars formaient les « divisions blindées » des guerres de l’Antiquité. Ils occupent déjà « le pays du nord » (v. 6, 8), berceau des puissants empires païens, et contrôlent donc tout. À la fin de la vision, l’ange est plus qu’un interprète pour le prophète. Le verbe : « Il m’appela » (litt. « cria ») introduit une proclamation. Cet ange de l’Éternel révèle son identité, car il parle tantôt au nom de l’Éternel de toute la terre, tantôt en tant que l’Éternel lui-même. Il annonce que le salut et le repos promis sont réalisés.
Pourtant, l’oracle final (v. 9-15) clôt le chapitre sur une tonalité légèrement différente. L’apogée du dessein rédempteur de Dieu ne se trouve pas dans un temple ou un rite, mais dans une personne. Dieu demande à Zacharie de prélever une partie de l’argent et de l’or qu’une caravane d’exilés a récemment rapportés de Babylone et d’en faire des magnifiques couronnes (le pluriel en hébreu indique leur magnificence). Ces couronnes devront être posées sur la tête du souverain sacrificateur Josué, fils de Yehotsadaq (v. 11). Cette information est tellement surprenante que des commentateurs contemporains modifient le texte. Il ne fait aucun doute pour eux que les couronnes doivent être posées sur la tête du roi davidique, et non sur celle du souverain sacrificateur. D’autres pensent que ce texte reflète une période beaucoup plus tardive, lorsque les sacrificateurs exerçaient plus de pouvoir politique. La vérité est plus simple : Dieu unit sous un même personnage le symbole royal et les fonctions sacerdotales. Son nom est le « germe » (v. 12 ; comparer l’usage de ce titre dans Ésaïe 4.2 ; Jérémie 23.5 ; 33.15). Les lecteurs du Nouveau Testament n’ont aucun doute quant à l’identité de celui qui accomplit cette prophétie.