Avant de méditer brièvement les deux visions de Zacharie 5, je dois revenir en arrière et ajouter une remarque à propos de Zacharie 3 et 4.
Ces chapitres comportent manifestement des connotations messianiques. En ce qui concerne le chapitre 3, voir la méditation du 16 décembre : bien que la prophétie concerne en premier lieu la reconstruction en 519 av. J.-C., la pierre (3.9), le germe (3.8) et le Temple annoncent des réalités qui les transcendent et qui sont liées aux deux « fils de l’huile » (c.-à-d. à ceux qui sont « oints », 4.14), « qui se tiennent debout devant le Seigneur de toute la terre ». Dans le contexte historique, il s’agit de Zorobabel, le gouverneur qui est également le prince davidique, et de Josué, le sacrificateur. L’un reconstruit le Temple, l’autre y offre les sacrifices prescrits par le système sacrificiel de l’alliance. Ces deux « messies », ces deux oints, remplissent des rôles complémentaires. Ensemble, les deux orientent le regard vers le roi davidique et le sacrificateur suprême. Les gens de Qumran (une communauté monastique près de la mer Morte qui existait encore au temps de Jésus) attendaient deux messies différents, l’un davidique, l’autre sacerdotal. Ils ne savaient pas que les deux fonctions, royale et sacerdotale, pouvaient être exercées par un seul homme, le Dieu-homme, Jésus de Nazareth.
Les deux visions du chapitre 5 se distinguent des aspects messianiques des deux chapitres précédents et insistent sur l’impiété et la violence qui continuent de régner dans le pays. Toutefois, ce changement de thème n’a rien d’arbitraire. L’une des missions du roi davidique était de défendre la justice(3.7;cf.2Samuel15.2-3). Les sacrificateurs avaient ce même devoir (p. ex. Deutéronome 17.9). Les prophètes annonçaient un temps de justice parfaite (Ésaïe 11.3-5 ; Jérémie 23.5).
La première des deux visions (le rouleau volant, v. 1-4) annonce le jugement sur les impies. Le rouleau représente toute la loi, et notamment ses sanctions sur ceux qui défient Dieu. Ce sont les paroles de Dieu, et elles ont le pouvoir d’accomplir tous les desseins divins. La seconde vision, celle de la femme assise dans le boisseau (v. 5-11), aborde la question du mal persistant au sein de la communauté. Comme en hébreu le mot « méchanceté » est féminin, c’est une femme qui, dans la vision, la personnifie. C’est l’équivalent, dans l’Ancien Testament, de la « femme » Babylone, la mère des prostituées d’Apocalypse 17. De même que le mal est souvent caché, cette femme l’est également à l’intérieur du boisseau, jusqu’à ce qu’elle soit exposée. La seule réponse est celle de Dieu : elle ira en Babylonie (litt. « le pays de Chinéar », v. 11). C’est là qu’elle se sentira chez elle. Dieu ôte ainsi le péché du milieu de son peuple et l’éloigne autant que l’est est éloigné de l’ouest (Psaumes 103.11-12). Il lave toute l’impureté de son peuple (Ézéchiel 36.25) et remplace les vêtements souillés par des vêtements propres (chap. 3). En dehors de cette œuvre de Dieu, nous n’avons aucun espoir.