La division du royaume en deux parties inégales – le royaume d’Israël avec dix tribus au nord et le royaume de Juda avec deux tribus au sud (1 Rois 12) – rappelle encore une fois la réalité dynamique entre la souveraineté de Dieu et la responsabilité humaine.
Par la bouche du prophète Ahiya, Dieu avait annoncé qu’il ôterait les dix tribus du nord au successeur de Salomon (11.26-40). Jéroboam avait alors appris que s’il restait fidèle à l’Éternel, celui-ci lui établirait une dynastie stable. Or, la première initiative que Jéroboam a prise après avoir obtenu les dix tribus du nord a été de fabriquer des veaux d’or à Béthel et à Dan, de consacrer des sacrificateurs qui n’étaient pas des Lévites, car il ne tenait pas du tout à ce que ses sujets se rendent au Temple de Jérusalem (v. 25-33). N’a-t-il pas compris que si Dieu avait le pouvoir de lui confier dix tribus et le souci de le mettre en garde contre toute déloyauté envers lui, il avait certainement le pouvoir de préserver l’intégrité du royaume du nord, même si les gens se rendaient à Jérusalem à l’occasion des fêtes annuelles solennelles ? Mais Jéroboam préfère mener sa propre politique, refuse d’obéir à Dieu et se montre ingrat envers Dieu pour tout ce qu’il a reçu. Le témoignage qu’on retiendra de lui n’est guère élogieux : « … des péchés que Jéroboam, fils de Nebath, avait fait commettre à Israël » (p. ex. 2 Rois 14.24).
Mais Roboam, fils de Salomon, agit de façon encore moins compréhensible. Salomon a pu être un remarquable administrateur de la justice, mais les projets coûteux qu’il a entrepris à la fin de son règne accablaient le peuple. Les représentants des douze tribus assurent le nouveau roi que le peuple lui sera fidèle s’il consent à alléger les impôts. Les anciens d’Israël font comprendre à Roboam que cette requête est sage et le pressent d’accéder à leur demande en se faisant « le serviteur de ce peuple » (v. 7). Alors les Israélites « seront pour toujours tes serviteurs ». Avec une dureté incompréhensible et une stupidité incroyable, Roboam préfère suivre le malheureux conseil des jeunes gens pleins d’eux-mêmes et de leurs opinions, qui ne comprenaient rien aux aspirations des êtres humains en général et du peuple d’Israël en particulier (v. 8). Roboam répond donc avec dureté aux représentants de la nation et promet d’être encore plus exigeant et plus brutal.
Il n’en fallait pas davantage pour que le peuple se soulève.
L’auteur fait cependant remarquer ceci : « Ainsi le roi n’écouta pas le peuple, car la tournure des événements venait de l’Éternel, en vue de l’accomplissement de la parole que l’Éternel avait dite par l’intermédiaire de Ahiya de Silo à Jéroboam » (v. 15). La souveraineté de Dieu (voir par exemple la méditation du 3 juin) n’excuse ni la stupidité de Roboam, ni la rébellion de Jéroboam ; la folie de l’un et le péché de l’autre ne signifient pas que Dieu a lâché les commandes. De tels mystères de la providence rendent difficile la lecture de l’Histoire ; mais en même temps, ils sont très réconfortants et nous permettent de nous reposer sur les certitudes affirmées dans Romains 8.28.