×
Parcourir

À première lecture, Amos 5 ressemble plus à un embrouillamini qu’à autre chose. Le chapitre est un assemblage de morceaux qui non seulement traitent de thèmes différents, mais revêtent aussi des formes et des genres littéraires différents. Les trois premiers versets sont une lamentation, une complainte funèbre qui évoque des larmes de tristesse versées sur la chute d’Israël. Les versets 4 à 6 et 14 à 15 constituent un message d’évangélisation. Voilà comment Israël doit réagir s’il veut que l’Éternel l’accepte et lui permette de survivre. Les versets 7 et 10 à 13 reviennent sur le thème de l’oppression et de la corruption dans le pays. Les deux derniers versets de la première partie (v. 16-17) retombent dans la lamentation.

Il est assez facile de méditer ces thèmes distincts de façon séparée. Ainsi, nous pouvons très bien étudier en quoi rechercher l’Éternel (v. 4-6, 14-15) est plus important que lui offrir un culte agréable et esthétique (v. 4-5), ou la façon dont la repentance authentique inclut une haine implacable du péché non seulement sur un plan distant et théorique, mais encore sur le plan de l’intégrité pratique et de la responsabilité sociale (jusqu’à la justice rendue dans les tribunaux, v. 15). Y a-t-il une société qui ait besoin plus que la nôtre d’entendre ce message, elle qui s’intéresse de moins en moins à la justice et à la droiture et s’efforce de plus en plus de contourner les lois promulguées à juste titre ? Nous pourrions ainsi considérer tous les thèmes et toutes les formes des 17 premiers versets de ce chapitre.

Une telle analyse thématique pourrait être utile et répondre à certains objectifs. Relevons cependant une vue extrême, celle de la critique libérale, selon laquelle ce chapitre devient un pastiche mal assorti de différentes sources qu’il faut réorganiser sans hésiter à le modifier. Une telle approche passe complètement à côté du génie et de la force du passage. On est devant un collage, une succession rapide d’images comme dans un film, qui passe de la guerre au sermon, des obsèques au jugement, du péché à la repentance. Les premiers auditeurs d’Amos étaient hostiles. Pour retenir leur attention, le prophète devait enchaîner rapidement les idées ; cette succession rapide confère de la puissance à l’ensemble, précisément parce que les thèmes abordés sont discordants et inattendus. On est invité à réfléchir non seulement aux thèmes eux-mêmes, mais également à leurs rapports avec d’autres thèmes.

Les derniers versets du chapitre (v. 18-27) donnent la direction de l’ensemble. En dépit de la satisfaction égoïste de leurs besoins et de leur ambivalence morale, les Israélites avaient une ferveur religieuse qui leur inspirait le désir de voir arriver le « jour de l’Éternel », un peu comme beaucoup d’entre nous aspirent à un « réveil » spirituel. Cependant, Dieu déclare qu’il méprise leurs fêtes religieuses et hait leurs assemblées. Il exige quelque chose de beaucoup plus important : « Que le droit coule comme de l’eau, et la justice comme un torrent intarissable » (v. 24). Sinon, le « jour de l’Éternel », au cours duquel il viendra à leur rencontre, sera un jour de sinistre jugement, très éloigné de la lumière paradisiaque qu’ils espèrent.

EN VOIR PLUS
Chargement