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Jonas est terriblement déçu (Jonas 4) parce que le jugement qu’il a prononcé sur Ninive ne s’est pas produit. Les habitants se sont repentis, depuis le roi jusqu’aux plus pauvres, si bien que Dieu a regretté le mal dont il avait menacé la ville et lui a fait grâce. « Ah ! Éternel, n’est-ce pas ce que je disais quand j’étais encore dans mon pays ? » (v. 2). Cette façon de parler est plus forte que notre formule caustique : « Je te l’avais bien dit ! » L’expression : « ce que je disais » est littéralement « ma parole ». Jonas oppose sa parole à « la parole de l’Éternel » (1.1) qu’il avait été appelé à faire connaître. Il dit à Dieu : « Tu vois ? Je te l’avais dit. Ma parole était juste et la tienne était au mieux irréfléchie ». Il explose : « Car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui es compatissant, lent à la colère et riche en bienveillance, et qui regrettes le mal » (v. 2). C’est la confession de foi fondamentale qui se trouve en Exode 34.6-7 ; Jonas la reprend de Joël 2.13 (ce qui est peut-être intentionnel, car Jonas 3.9 cite Joël 2.14). Quand les prophètes imploraient la grâce et la compassion pour eux-mêmes, ils comptaient sur les attributs de Dieu ; quand Jonas regrette que Dieu témoigne sa grâce et sa compassion aux autres, il qualifie de faiblesses fatales ces vertus divines. Il a oublié 2.2-10 où il reconnaît que seule la compassion de Dieu pouvait le délivrer du grand poisson. Cette situation n’est pas sans rappeler une parabole de Jésus dans laquelle un serviteur demande grâce pour lui-même et refuse de l’accorder à autrui (Matthieu 18.23-35). Au verset 3, Jonas prend prétentieusement une attitude dramatique : ses mots « Prends-moi donc la vie » s’inspirent d’un épisode de la vie d’Élie (1 Rois 19.4), mais au lieu de poursuivre comme Élie en disant : « car je ne suis pas meilleur que mes pères » (une confession de faiblesse et d’échec personnels), Jonas ajoute : « car la mort m’est préférable à la vie ». Ce n’est rien d’autre que de l’apitoiement sur lui-même.

Suit alors l’incident du ricin, dont les feuilles larges procurent de l’ombre. Lorsqu’il sèche, Jonas réitère son désir de mourir (v. 8) et Dieu repose sa question : « Fais-tu bien de te fâcher ? » (v. 4, 9). Jonas répond crûment qu’il a raison de s’irriter. À quoi bon vivre dans un monde qui fait pousser un ricin pour le faire mourir avant même qu’il n’ait eu le temps de se développer ? Dieu s’appuie sur la réaction de Jonas. Le prophète se soucie davantage de la mort d’une plante que de celle d’une ville. Et encore, son souci du ricin n’est pas très profond ; c’est son propre intérêt qu’il a en vue. Il considère les Ninivites de la même façon : il ne songe pas à ce qui est bon pour eux, mais pense à son propre intérêt. C’est ce Dieu, plein de grâce et de miséricorde, dont la compassion s’étend sur « la grande ville » (v. 11). Méditez Matthieu 23.37-39 ; 28.19-20.

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