Quelle que soit la date de rédaction du livre de Jonas, le prophète lui-même peut être situé avec une relative précision. D’après 2 Rois 14.25, Jonas, fils d’Amittaï, était un prophète de Gath-Hépher, qui annonça la victoire militaire de Jéroboam II (environ 793-753 av. J.-C.). Si nous demandons quels sont les mots qui viennent immédiatement à l’esprit quand le nom de Jonas est prononcé, la plupart des gens répondent « grand poisson », « baleine » ou autre cétacé. N’oublions cependant pas que le grand poisson n’occupe que peu de place dans le texte : trois versets sur les quarante-huit que compte le livre ! La remarque de G. Campbell Morgan reste d’actualité : « Les hommes se sont tellement focalisés sur le grand poisson qu’ils n’ont pas fait attention au grand Dieu ».
La grandeur de Dieu est mise en relief par les deux confessions jumelles de Jonas (Jonas 1.9 ; 4.2). Aujourd’hui, nous nous intéresserons à la première : « Je suis hébreu et je crains l’Éternel, le Dieu des cieux qui a fait la mer et la terre ferme » (Jonas 1.9).
1° Pour nous comme pour Jonas, cette affirmation souligne que Dieu a créé toutes choses, qu’il est le maître souverain de tout l’univers. Cependant, il est probable que les marins païens n’en aient pas tiré la même conclusion. Pour eux, les dieux exercent leur souveraineté sur différents domaines. Si cet Hébreu affirme que le Dieu devant qui il fuit est le Créateur de la mer (outre tout le reste de la création), cette déclaration a du poids compte tenu de la tempête qui fait rage.
2° Mais pour Jonas (comme pour nous), ce témoignage a deux prolongements. D’abord, Dieu n’a pas seulement fait la mer, mais toutes choses, et il tient solidement les rênes de l’ensemble. Il n’y a donc pas moyen de lui échapper. Même si Jonas avait trouvé un moyen de gagner le rivage, sain et sauf, Dieu aurait pu le poursuivre n’importe où. Jonas reconnaît avec peine qu’il n’existe aucun moyen d’échapper à Dieu si le « lévrier du ciel » est sur vos traces et décide de ne pas vous laisser partir. C’est pour cela que Jonas appelle la mort. Ensuite, la vraie grandeur de Dieu est ce qui explique sa volonté de donner à la ville corrompue de Ninive une chance de se détourner de ses péchés. Si le monothéisme est vrai, s’il n’y a qu’un seul Dieu, alors il doit être le Dieu de tous, pas seulement du peuple de l’alliance. Voilà ce que Jonas ne pouvait admettre. Il entrevoyait que l’Assyrie allait devenir un ennemi redoutable pour son peuple, le peuple de Dieu, et refusait l’idée que ce Dieu offre à cet ennemi une occasion unique de se repentir.
3° Dans la perspective du canon biblique, Dieu se présente une fois de plus comme le Dieu missionnaire, beaucoup plus soucieux que son propre peuple d’atteindre ceux du « dehors ». Il est en train de préparer petit à petit le terrain à l’ordre missionnaire confié aux disciples de proclamer la bonne nouvelle de Jésus à travers le monde entier.