On entend très souvent cette expression : « je fais de mon mieux. » On l’entend de la bouche du jeune pendant son entraînement de baseball, de la bouche de la maman de trois enfants, et de celle du chef d’entreprise qui croule sous les échéances. Je le dis aussi, souvent. Pas toujours à voix haute, mais fréquemment dans mes dialogues intérieurs.
Je me retrouve dans ces mots, car ils reflètent bien ce qui a lieu lorsque je suis confronté à mes limites. Quand je suis vraiment conscient de ma condition de créature, je ne peux que dire « je fais de mon mieux. » J’ai des limites, et souvent je les atteins.
Je le constate souvent dans le domaine de mes prises de parole en public. C’est un aspect nécessaire de mon métier, mais ce n’est pas un aspect avec lequel j’ai appris à être l’aise. Je n’ai pas spécialement développé de compétences dans ce domaine. Même en participant à des conférences, en suivant de bons conseils, et après des années de pratique, je ne me sens toujours pas à ma place.
En raison de ce que cela représente dans ma vie, j’ai tendance à considérer ce « je fais de mon mieux » comme une sorte de faible prière. La répétition interne de cette expression est un appel au Dieu parfait et puissant, pour lui dire que j’essaie effectivement de faire ce qu’il demande, mais aussi pour reconnaître que je ne suis vraiment pas à la hauteur.
Quand je suis vraiment conscient de ma condition de créature, je ne peux que dire « je fais de mon mieux. » J’ai des limites, et souvent je les atteins.
C’est là que le Psaume 90 entre en jeu pour moi. Il n’explique pas les réalités de mes limites. Mais il ne me dit pas non plus que je devrais avoir honte ou être écrasé par elles. Le Psaume 90 m’invite simplement à voir mes limites pour ce qu’elles sont : la preuve de la simple réalité que je suis une créature, et pas Dieu. Les versets 9 et 10 soulignent que mes forces sont limitées, que le temps qui m’est imparti est limité et que je vis au milieu d’un labeur et d’une détresse sans limites.
Tous nos jours disparaissent à cause de ta colère;
nous voyons nos années s’éteindre comme un soupir.
La durée de notre vie s’élève à 70 ans,
et pour les plus robustes à 80 ans,
mais l’orgueil qu’ils en tirent n’est que peine et misère,
car le temps passe vite et nous nous envolons. (Psaume 90.9-10)
Cependant, au lieu de me perdre dans une résignation désespérée ou d’essayer avec arrogance de résoudre ma fragilité et ma dépendance, ces lignes m’instruisent à en tirer des leçons. Il ne s’agit pas d’un problème que l’on peut rectifier, conquérir ou réparer. Le Psaume 90 me dit plutôt d’apprendre à compter mes jours et à acquérir de la sagesse. Il me dit de m’humilier et de reconnaître la réalité pour ce qu’elle est.
Enseigne-nous à bien compter nos jours,
afin que notre cœur parvienne à la sagesse! (Psaume 90.12)
Le psaume 90 me pousse à apprendre la manière dont Dieu déploie sa grâce et volonté. Comme le psalmiste, je suis censé avoir une relation conflictuelle avec ma finitude. Je suis censé reconnaître et ressentir cet inconfort du fait d’être mortel et d’avoir un contrôle limité sur les circonstances. Mais bien que je sois à la merci d’un monde brisé et déchu, il y a aussi de l’espoir, de la puissance et de la confiance en un Dieu qui nous appelle les siens, qui est pour nous et avec nous.
Que la grâce de l’Éternel, notre Dieu, soit sur nous!
Affermis l’œuvre de nos mains!
Oui, affermis l’œuvre de nos mains! (Psaume 90.17)
Faire de son mieux est une prière simple, mais poignante de dépendance et, parfois, de désespoir.
Ma stabilité, ma sécurité, et mon bien-être ne sont pas assurés par mes propres efforts, mais par ceux de mon Seigneur et Dieu, Jésus-Christ. La raison d’être de mes œuvres est certaine, et si je peux avoir une quelconque confiance dans les choses à venir, c’est que je suis attaché à celui qui contrôle l’avenir. Dans le Seigneur, mon labeur n’est pas en vain. Mon identité, mon travail, mes objectifs ne sont pas futiles. Le Psaume 90 ne dit pas que je dois fuir face au constat de mes limites et vulnérabilités ou me protéger au travers de mes capacités ou mon pouvoir. Il me dit plutôt de regarder ma mortalité, ma finitude en face et d’acquérir un cœur de sagesse en m’appuyant sur les compassions et l’amour sans faille du Seigneur. Il s’agit d’une confrontation radicale avec ma fragilité et d’une affirmation de la puissance souveraine et de l’amour inébranlable de Dieu.
Alors que faire à partir de là ? Pour beaucoup d’entre nous, « faire de son mieux » reviendra à prier « affermis l’œuvre de nos mains ». Faire de son mieux est une prière simple, mais poignante de dépendance et, parfois, de désespoir. En voici une version un peu plus longue :
Jésus, aide-moi. Je ne suis pas prêt pour cela, mais tu l’as mis devant moi. Je ne suis pas à la hauteur, mais tu es avec moi. Je ne suis pas sûr du résultat, mais je ferai de mon mieux. Aie pitié de moi, et affermis l’œuvre de mes mains. Amen.