Vous déplorez que les moments de beauté, de joie et de rire soient si éphémères dans votre vie ? C’est comme l’une de ces vidéos Instagram d’un bébé qui sourit avec impatience et accepte une tranche de citron vert (« Ooh, un nouvel aliment ! »), avant que son visage ne se crispe dans une expression de perplexité et de dégoût (« Attendez, quoi ?! »). Les moments de joie sont trop facilement engloutis par des interruptions de la vie, qu’elles soient petites ou grandes. Ces voleurs de joie peuvent être la prochaine chose difficile sur notre liste de tâches qui s’allonge rapidement un certain jour, ou la nouvelle choquante d’un diagnostic de cancer pour un être cher. Qu’ils soient insignifiants ou très importants, les défis et les épreuves de la vie dans ce monde déchu peuvent rapidement éclipser notre perception du bien que Dieu apporte dans nos vies.
Qu’est-ce que nous pouvons faire face à cela ? Ces derniers temps, j’ai réfléchi à la manière d’amplifier ces moments singuliers de joie ou de beauté que Dieu m’accorde. Je souhaite qu’ils se transforment en expériences d’action de grâce plus durables, qui coexistent avec les difficultés, le chagrin ou la lutte contre le péché. Il ne s’agit pas de se voiler la face et de faire l’autruche face aux difficultés de la vie. Parfois, ces intrusions de la souffrance ou du péché sont tout simplement trop importantes et tragiques pour être ignorées. Ce que je veux, c’est que la joie s’étire un peu. Je veux qu’elle s’attarde plus longtemps dans ma vie. Comment pouvons-nous élargir ces moments pour qu’ils laissent une empreinte plus profonde et plus durable sur nos cœurs ?
Qu’ils soient insignifiants ou très importants, les défis et les épreuves de la vie dans ce monde déchu peuvent rapidement éclipser notre perception du bien que Dieu apporte dans nos vies.
Un point de départ consiste à accepter que le chagrin et la joie coexistent dans cette vie. Qu’on le veuille ou non, ces deux émotions sont présentes simultanément dans notre vie. Il ne s’agit pas d’expériences qui se succèdent, mais d’expériences simultanées. Trop souvent, lorsque la vie est difficile, je me dis : « Si je parviens à surmonter cette difficulté, cette tristesse, cette lutte contre le péché, alors je pourrai éprouver de la joie ». Mais l’apôtre Paul décrivait son expérience, comme celle d’un homme « attristé, mais toujours joyeux » (2 Corinthiens 6.10). Le dessein de Dieu est que je remarque et j’apprécie sa bonté et son attention au milieu des épreuves inévitables. Paul l’exprime ainsi : « Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. Rendez grâces en toutes choses, car c’est à votre égard la volonté de Dieu en Jésus-Christ. » (1 Thessaloniciens 5.16-18).
Comme moi, vous trouvez probablement que c’est plus facile à dire qu’à faire ! Je suis encouragé par le fait que Jésus a marché sur ce chemin avant moi. Toute sa vie a été faite d’épreuves et de joies entremêlées. C’est peut-être ce qui apparaît le plus clairement la veille de sa crucifixion, lorsque Jésus s’est longuement entretenu avec ses disciples et qu’il a prononcé ces paroles remarquables : « Je vous ai dit ces choses, afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. » (Jean 15.11). Nos joies les plus profondes et nos plus grandes actions de grâce sont liées à son œuvre rédemptrice en notre faveur. Nous demeurons en lui (Jean 15.4-5). Mais ses compassions ne sont pas seulement liées au salut. Il prend soin de ses enfants aujourd’hui en leur accordant une multitude de bontés palpables chaque jour. Alors, comment pouvons-nous grandir dans la gratitude et remarquer ces choses ? Permettez-moi de vous suggérer dix façons de transformer une joie passagère en un état de reconnaissance plus durable.
- Ouvrez les yeux et ralentissez le rythme. Si « c’est le jour que le Seigneur a fait » (Psaume 118.24), demandez à Dieu de vous rendre plus attentif à son œuvre et à ses voies tout au long de votre journée. Demandez-lui de vous ouvrir les yeux pour remarquer les nouvelles marques de sa compassion. Demandez-lui de vous aider à grandir dans la reconnaissance de son attention pour vous.
- Rappelez-vous que vous n’êtes pas seul. Jésus est présent avec vous par son Esprit à chaque étape de votre journée, qu’elle ressemble à de verts pâturages ou à la vallée de l’ombre de la mort (Psaume 23.1-4).
- Lorsque vous êtes touché par la joie (un beau lever de soleil, le premier mot de votre enfant, une chose amusante que fait votre chien, la gentillesse d’un voisin), voyez-y la bonté de Dieu à votre égard à ce moment-là. Remerciez-le alors pour ce cadeau divin. Demandez-lui de vous aider à cultiver l’émerveillement comme un enfant afin de ne pas manquer ses moindres bienfaits.
- Contemplez les bénédictions spirituelles que vous avez en vertu de votre union avec Christ. Commencez chaque journée en demandant à Dieu de vous aider à expérimenter la réalité que vous vivez sous sa bénédiction, et de vous rappeler que parce que vous êtes son enfant, il sourit et ne fronce pas les sourcils.
- Accordez la priorité à la reconnaissance dans la prière. Il est facile de passer rapidement à l’intercession et à la supplication. Mais souvenez-vous de l’encouragement de ce vieux chant : « Compte les bienfaits de Dieu, Mets-les tous devant tes yeux, Tu verras, en adorant, Combien le nombre en est grand ». Dites-lui non seulement ce que vous voulez qu’il fasse pour vous, mais aussi ce qu’il a déjà fait pour vous.
Jésus est présent avec vous par son Esprit à chaque étape de votre journée, qu’elle ressemble à de verts pâturages ou à la vallée de l’ombre de la mort.
- Passez quelques minutes à la fin de la journée à vous rappeler les moments où vous avez ressenti la présence de Dieu. Ceci est particulièrement important si vous avez une tendance à la mélancolie ou si votre vie est marquée par le chagrin. Demandez-vous : « Où ai-je vu la bonté de Dieu à mon égard aujourd’hui ? »
- Tenez un journal de reconnaissance. Mettez par écrit les petits et grands cadeaux de la bonté de Dieu.
- Racontez votre expérience de la joie à quelqu’un d’autre. Une bénédiction partagée est une bénédiction amplifiée. Témoigner de la bonté de Dieu de manière spécifique permet de repousser les doutes qui peuvent surgir au milieu des difficultés de la vie quotidienne.
- Résistez à une mentalité de pénurie. Dieu n’est pas avare. Il est un Père généreux (Luc 12.32 ; Romains 8.32). Trop souvent, j’ai l’impression de retenir mon souffle, dans l’attente que la prochaine épreuve me tombe dessus. La reconnaissance m’aide à respirer. Elle tue dans l’œuf les plaintes et le cynisme.
- Reconnaître la souveraineté et l’amour de Dieu sur votre vie permet d’encadrer les choses difficiles. En fait, se lamenter ouvre la porte à la reconnaissance. Il ne s’agit pas d’une joie fade et factice à la manière de certaines cartes de vœux, mais d’une conviction fermement acquise que mon Sauveur, qui a fait ses preuves, agit de manière rédemptrice dans ma vie et dans le monde.
Cultiver la joie est un acte de foi qui nous permet de voir Jésus assis sur son trône, accomplissant ses bons desseins dans nos vies, au milieu de la beauté et de la désolation.
Au bout du compte, ces pratiques doivent être bénies par Dieu et imprégnées de son Esprit. S’accorder du temps pour faire preuve de joie et exprimer sa reconnaissance ne sont pas des projets de développement personnel. Nous dépendons de l’action de l’Esprit, qui adoucit nos cœurs et nous donne des yeux pour contempler la splendeur de son œuvre providentielle dans nos vies. Cultiver la joie est un acte de foi qui nous permet de voir Jésus assis sur son trône, accomplissant ses bons desseins dans nos vies, au milieu de la beauté et de la désolation (Hébreux 2.9).
Devant nous se trouve la promesse des paroles de Jésus : « Vous donc aussi, vous êtes maintenant dans la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » (Jean 16.22). À ce moment-là, lorsque nous le verrons face à face, notre joie et notre reconnaissance s’étendront jusqu’à l’éternité.