Quel record dramatique ! En 2023, le Peace Research Institute Oslo (PRIO) a enregistré le plus grand nombre de conflits armés qui impliquent des États depuis 1946[1]. De son côté, le Comité International de la Croix Rouge (CICR) recense plus de 120 contextes de conflits qui ont lieu en 2025 au travers du globe[2].
Oui, les ténèbres sont épaisses. Mais nous aurions tort de nous laisser impressionner par le nombre de guerres ainsi que par leur intensité. Les quelques années passées à servir les chrétiens persécutés dans le monde m’ont rappelé plusieurs choses : Dieu a vaincu les ténèbres, il est avec son peuple, il édifie son Église et les portes de l’enfer ne peuvent rien y faire.
Le refus de perdre espoir
Il y a 12 ans, Portes Ouvertes lançait la campagne La Syrie à bout de souffle. Qu’en est-il de la présence chrétienne dans ce pays aujourd’hui ? Plus de la moitié de la population syrienne a été déplacée et il ne reste que 600 000 des 2 millions de chrétiens, particulièrement pris pour cible (chiffres 2024)[3]. Le constat n’est pas très optimiste, n’est-ce pas ? En Irak, 300 000 chrétiens vivaient dans le pays avant Daesh (EI), ils n’étaient plus que 154 000 en 2024[4]. J’imagine que ces dernières informations ne vous ont pas rassurés.
Pourtant je refuse de perdre espoir. Une image me revient en tête, celle d’une séquence vidéo très rapide. On y voit une tente dans un camp de réfugiés à Erbil sur laquelle est inscrit, à la bombe, en arabe, puis en anglais : “Jésus est la lumière du monde” (Jean 8.12). Lire ce verset dans une période où Daesh imposait sa domination en Irak nous renvoie au cœur de l’Évangile. Toute la Bible nous rappelle comment Dieu vient arracher son peuple aux ténèbres pour les rendre cohéritiers dans la lumière (Gen 1.1-3 ; Nb 6.24-27 ; Es 42.6-7 ; Col 1.12 ; 1P 2.9 ; Ap 22.5).
Apporter la lumière du Christ
Dans le livre d’Esaïe, nous lisons : “Maison de Jacob, Venez et marchons à la lumière de l’Eternel !” (Es 2.5). Marcher à la lumière de l’Eternel, n’est-ce pas aussi prendre soin des affligés ? En 2013, la campagne La Syrie à bout de souffle avait permis à Portes Ouvertes de lever 100 000 euros en 10 jours et distribuer 8000 colis[5]. Par la suite, une autre campagne lancée en 2016 et nommée “Espoir pour le Moyen-Orient” a permis, entre autres, à 160 églises syriennes de devenir un Centre d’espoir[6]. La vision de Portes Ouvertes est de permettre à l’Église de ne pas simplement survivre mais de rayonner de l’amour de Dieu autour d’elle, afin que, même au cœur des ténèbres, chacun puisse avoir l’opportunité de trouver l’espoir en Jésus-Christ.
C’est ce qui s’est passé pour Ferial, une syrienne âgée de 52 ans. Les chrétiens d’un Centre d’espoir ont permis à Ferial et à sa famille de recevoir de la nourriture, de l’aide pour payer son loyer et pour les études de ses enfants. Elle s’est aussi rapprochée de Jésus : “Ils nous ont appris à ouvrir la Bible, à la lire, à la vivre. Je me suis sentie différente, plus proche du modèle de Jésus.”[7]
Ce témoignage m’encourage beaucoup, tout comme celui de deux autres syriennes d’arrière-plan musulman, devenues chrétiennes : Sozan, qui déclare : « Ma vie est belle, désormais, car j’ai la vie éternelle ![8] ou encore Nisreen : Je n’ai pas peur que le monde sache que j’aime Jésus. Pourquoi aurais-je honte de lui ? Il est un refuge et un abri, pour mes enfants et pour moi-même ! »[9]
Dieu entend nos prières
Déjà, en 1994, Frère André, le fondateur de la mission Portes Ouvertes, lançait un appel vibrant pour venir au secours du “reste qui est près de mourir” (Ap 3.2). On lit dans l’un de ses messages écrits dans le livre “Sur la brèche” : “Ces millions de personnes, privées de toute joie, privées de leur avenir, privées de la chaleur d’une famille ou d’une église, le prophète Esaïe en a déjà parlé : “Ils ont été mis au pillage, et personne qui les délivre ! Dépouillés, et personne qui dise : « Restitue!” (Es 42.22) (…) Combien de millions de personnes subissent-elles le même sort aujourd’hui ? Qui, à part Dieu, va les entendre ?”[10]
Quand je regarde les informations, je suis attristée par ce qui se passe au Moyen-Orient. Pour les chrétiens syriens, l’avenir est toujours incertain. Que ce soit du côté du conflit Israélo-palestinien ,au Myanmar (Birmanie), au Congo (RDC), au Nigeria ou au Yémen, les nouvelles ne sont pas bonnes. Pour autant, faut-il porter un regard désespéré sur ces situations ? Portes Ouvertes m’a appris que si nous devons entendre le cri de nos frères et sœurs qui souffrent dans ce monde, Dieu les entend et il entend aussi nos intercessions.
Dieu est fidèle
Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob est un Dieu qui tient ses promesses. La Corée du Nord est l’un des pays où les chrétiens sont le plus persécutés au monde. Malgré cela, le régime dictatorial nord-coréen ne parvient pas à éradiquer la présence chrétienne de ses rangs. J’ose le dire : quand bien même ils s’en approcheraient, qui peut séparer les chrétiens nord-coréens de l’amour de Jésus-Christ ? (Rom 8.35) Dieu bâtit son Église (Mat 16.18) et revient bientôt (Ap 22.12).
Un autre exemple me donne beaucoup d’espoir : sous la révolution culturelle en Chine, les chrétiens se retrouvaient pour prier clandestinement. Cela a préparé un réveil dans ce pays qui fut caractérisé par une impressionnante croissance du nombre d’églises de maison : le nombre de chrétiens est passé d’1 million en 1949 à 20 millions en 1980[11].
Jésus nous rappelle qu’il est la Lumière du monde et nous invite à diffuser cette lumière : demandons à Dieu de nous ouvrir les yeux sur la réalité de sa présence au milieu de son peuple. Répondons à l’appel qu’il nous lance pour briller face à l’obscurité de ce monde. Oui, prions et venons en aide à notre famille persécutée, afin que nos frères et sœurs puissent rester dans leur pays, qu’ils tiennent fermes et que chacun voit leur lumière qui brille à la Gloire de Dieu.