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Un sondage datant de novembre 2020 proposait aux jeunes interviewés (18-30 ans) l’affirmation suivante : « Je ne me reconnais pas dans les deux catégories de genre hommes / femmes. » 22% des sondés disaient ne pas se reconnaître dans cette différenciation des genres. Un jeune sur quatre, ce qui est un chiffre énorme ! Surtout si nous nous rappelons que la situation dans l’Eglise n’est pas forcément meilleure que pour le reste de la population française. Un jeune sur quatre ne sait plus comment se positionner face à cette dimension créationnelle fondamentale : « Homme et femme, il les créa. » (Gn 1.27)

Le chiffre est stupéfiant ! Cependant, il convient de le prendre pour ce qu’il est : une indication bien relative de la réalité. Si nous devons bien prendre conscience de ce que les chiffres semblent dire, il ne faut pas oublier qu’un sondage est une interprétation, parce qu’il ne dit pas tout. Par exemple, ce que le sondage ne dit pas, c’est ce que les interviewés ont compris, la manière dont la question a été posée et plus encore… les motivations qui expliquent la réponse donnée.

La pratique indifférente

Une surprise dans ce sondage, c’est la réponse des « sans religion » Ce sont les moins susceptibles de ne pas s’identifier à l’un des deux genres hommes / femmes, se démarquant un peu de la tendance contemporaine. Tout aussi intéressante est la différence entre catholiques pratiquants et non pratiquants. Nous pourrions nous attendre à ce que les pratiquants se reconnaissent plus dans la distinction hommes / femmes. Raté ! Les pratiquants se reconnaissent dans ces deux genres à 69% alors que les non pratiquants s’y reconnaissent à 77%, ce qui représente une différence significative. Ce sont les catholiques pratiquants qui sont les plus en accord avec les attentes éthiques de la société !

Vous me direz : c’est le cas des catholiques pratiquants ! Mais ce n’est pas pareil pour « nous ». Pourquoi ? Un peu d’humilité : partons du principe que ce n’est (malheureusement) pas le cas. Que retenir ? Que la pratique de la foi ne fait aucune différence dans le positionnement éthique… même sur une question aussi fondamentale que notre identité sexuelle.

La pratique indifférente. Voilà l’une des leçons, et c’est dramatique ! Bien sûr, la « pratique » religieuse est souvent définie sociologiquement par une régularité cultuelle (une fois par mois) tout autant (ou plus !) que par sa confession de foi. Nous pourrions nous dire que cela ne nous concerne pas, vu que pour nous, « pratiquer » la foi dépasse la simple présence cultuelle. Ce serait une manière trop facile de nous justifier. Laissons ce sondage nous interroger.

Que faire ? Nous pourrions nous contenter de le regretter. Après tout, difficile de s’en réjouir ! Si même une foi pratiquée ne fait aucune différence éthique, il y a effectivement de quoi se lamenter ! Peut-être que la manière dont nous encourageons les jeunes à « pratiquer » est totalement dépassée. Peut-être même que ce dont ils ont besoin, c’est de moins de « sorties de jeunes adultes », et plus de… sérieuses discussions théologiques et bibliques !

Nous pourrions aussi blâmer « cette société » qui nourrit les jeunes d’une éthique aux antipodes d’une saine éthique biblique. C’est cette culture décadente, ces films, séries, etc. Oui bien sûr, la culture n’est pas neutre : elle nourrit les désirs et les attitudes, il ne faut pas être naïf. Mais en rester là… disons que cela a le mérite de ne pas nous remettre en question.

Nous avons trop souvent relégué les questions d’éthique sexuelle à une simple question de préférence personnelle. Pas étonnant donc que les jeunes, y compris pratiquants, ne soient que le reflet de ce qui se passe dans le reste de la société.

Nous pourrions aussi privilégier une option plus difficile. Elle demande que nous confessions humblement que nous avons trop souvent relégué les questions d’éthique sexuelle à une simple question de préférence personnelle. Pas étonnant donc que les jeunes, y compris pratiquants, ne soient que le reflet de ce qui se passe dans le reste de la société. Faisons une pause dans la frénésie de nos activités d’église, et demandons-nous si nous avons prit le temps de répondre aux questions que se posent les 18-30 ans.

Saisissons de telles questions identitaires dans les prédications, les études bibliques, et dans nos relations interpersonnelles. Nous devons le faire avec sagesse, prudence, en consultant les professionnels au besoin (et ce sera le cas). Il ne s’agit pas d’en faire plus que nécessaire, mais de faire ce qui est nécessaire. Pas une obsession, mais une formation.

Remplir le monde de l’image de Dieu

Peut-être allez-vous répondre que l’Eglise ne devrait pas se focaliser sur ces débats éthiques, mais se concentrer sur sa vraie vocation : appeler des personnes, telles qu’elles sont, à venir à Christ. Le reste relève de leur choix et Christ, qui nous aime tels que nous sommes, n’en a que faire.  Il y a quelque chose d’intuitivement convaincant à cette réponse. Christ souhaite que tout le monde vienne à lui ; et nous sommes appelés à proclamer la bonne nouvelle à toute personne.

Appelés à Christ, nous sommes appelés à la sainteté (1 P 1.15) dans nos relations économiques, professionnelles, et familiales. Nous sommes aussi appelés à une relation transformée avec nous-mêmes.

Le problème, c’est qu’en faisant cela, nous allons trop vite, et allant trop vite, nous oublions certaines choses. Tout d’abord, la bonne nouvelle du royaume concerne aussi ma manière de vivre en tant que conséquence de la nouvelle allégeance que je prête sans réserve à Christ. Entrant dans ce royaume de lumière, tout dans ma vie est éclairé comme à nouveau, comme pour la première fois. Appelés à Christ, nous sommes appelés à la sainteté (1 P 1.15) dans nos relations économiques, professionnelles, et familiales. Nous sommes aussi appelés à une relation transformée avec nous-mêmes.

De plus, il y a une relation intime entre la vocation missionnaire et la vocation créationnelle. Nous avons en quelque sorte un appel double, une vocation qui se manifeste dans notre place au sein du monde et notre place au sein de la communauté de Christ. Une phrase peut résumer cette vocation : nous sommes appelés à être une lumière dans le monde (Mt 5.14).

Autour de nous, il y a de nombreux chemins, sentiers, méandres, qui conduisent dans des vallées de désespoir, sur des chemins périlleux, et dans des déserts identitaires. Est-ce que nous parviendrons, avec la grâce de Dieu, dans la sagesse que Christ donne par son Esprit, à demeurer lumière du monde pour ces 18-30 ans ? Pourrons-nous fidèlement poursuivre cette vocation à remplir le monde entier de cette image renouvelée de Dieu, le Seigneur Jésus-Christ ?

 

 

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