Récemment, un collègue et moi avons fait un voyage de deux semaines à travers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord afin de rendre visite aux pasteurs et aux équipes missionnaires locales. Comme nous dirigeons des organisations missionnaires basées aux Etats-Unis, nous leur avons posé cette question : « Comment vivriez-vous l’envoi de nouveaux missionnaires pour se joindre à vous dans votre travail ? »
Dans une des églises, nous avons rencontré des pasteurs locaux hésitants à répondre à cette question. Mais quelques heures plus tard, au cours de la discussion et après avoir établi un rapport de confiance, ils ont commencé à nous partager des histoires poignantes de missionnaires qui avaient fait de grandes promesses mais avaient été incapables de les accomplir. Ils nous ont parlé de missionnaires occidentauxqui sont restés dans leurs villes pendant des années sans apprendre la langue locale. Ces missionnaires refusaient de jouer un rôle significatif dans leur église locale afin de ne pas être distraits dans leursministères personnels. Ils ont aussi maintenu les croyants locaux à distance pour ne pas perturber leur propre culture d’expatriés.
Je pouvais voir sur leur visage et à travers leur langage corporel les blessures qu’avaient laissées ces missionnaires en refusant de voir les églises et les chrétiens locaux comme de vrais collaborateurs et amis. Après un moment, je leur ai demandé : « Vous avez été échaudés tant de fois, alors pourquoi continuer de travailler avec des missionnaires du coup ? » Et ils m’ont parlé d’Andrew.
Le bon type de missionnaire
Andrew était un missionnaire américain qui avait fait les mêmes promesses que les autres. Il voulait amener sa famille, apprendre la langue et la culture locales et faire connaître Jésus. Mais il y avait une différence. Andrew et sa famille ont ancré leur vie sociale aux côtés des autres chrétiens locaux. Ils ont joué un rôle significatif dans la vie de l’église locale. Ils sont restés malgré les moments difficiles et ont regardé les locaux comme des partenaires égaux dans leur ministère.
Ces pasteurs locaux nous ont dit qu’ils désiraient encore travailler avec des missionnaires, mais qu’ils recherchent le bon type de missionnaire. Ils sont fatigués de devoir assister des personnes qui n’ont pas les bonnes compétences pour ajouter de la valeur au projet ou qui n’ont pas le cran de rester sur le long-terme.
J’avais la boule au ventre. Je savais qu’ils avaient raison. Dans leur effort fourni pour atteindre les contrées non-évangélisées, et ce, malgré nos bonnes intentions, les églises américaines ont souvent envoyé des missionnaires non-qualifiés et mal-équipés. Ces pasteurs chevronnés me demandaient d’arrêter d’envoyer des personnes qu’on n’inviterait jamais à servir dans les ministères de nos propres églises. Au contraire, nous devrions envoyer des personnes reconnues et bien-équipées pour exercer un ministère dans des zones compliquées.
Dans leur effort pour atteindre les contrées non-évangélisées, et ce malgré nos bonnes intentions, les églises américaines ont souvent envoyé des missionnaires non-qualifiés et mal-équipés.
Les qualités missionnaires vitales
Au cours de notre périple à travers la région, j’ai demandé aux responsables d’églises locales quelles qualités leur paraîtraient importantes chez un missionnaire. Voici une courte liste de ce qu’ils nous ont dit :
1. Confirmé et bien-équipé
Les pasteurs et les responsables locaux nous ont répété à quel point il était essentiel que les missionnaires soient de fidèles disciples de Jésus, avec un bon enseignement théologique et missiologique, ainsi que des chrétiens confirmés dans leurs églises locales. Pourquoi envoyer des personnes accomplir un ministère dans une autre langue et une autre culture quand ils ne peuvent même pas le faire chez eux?
Ces pasteurs ne demandent pas à ce que toutes ces personnes aient une licence de théologie. Ils insistent simplement sur l’importance d’envoyer des gens qui connaissent la Parole de Dieu, qui partagent activement leur foi et font des disciples, qui ont prouvé leur maturité, qui sont des leaders servant déjà dans leurs églises locales.
2. A l’aise socialement et relationnellement
J’ai été époustouflé par le nombre de fois où ce point a été abordé. Les pasteurs et responsables locaux ont dit vouloir recevoir des missionnaires qui aiment passer du temps avec les gens et qui possèdent une certaine maturité relationnelle. Nous avons entendu parler de missionnaires qui ont emménagé dans le pays, ont appris la langue, et qui ensuite n’arrivaient pas à former de vrais liens, voire même trouvaient difficile de quitter leur appartement. Ils avaient aimé l’idée de la mission, mais être avec les gens était difficile pour eux.
Ces pasteurs recherchent des missionnaires qui vont à la rencontre des gens, qui peuvent naviguer à travers les dynamiques relationnelles, et qui aiment sincèrement leurs équipiers, les chrétiens locaux et leurs voisins non-chrétiens. Qu’ils soient extravertis ou introvertis, les missionnaires doivent posséder cesqualités afin de former des relations saines et authentiques.
3. Courageux et persévérant
Les missionnaires ont besoin de plus que juste la volonté d’aller dans un autre pays : ils ont besoin d’être matures et d’être déterminés ày rester. Pourquoi ? Parce qu’ils vont forcément passer par des moments difficiles. Ce point peut être particulièrement compliqué pour de jeunes américains qui ont toujours vécu dans un confort relatif. Mais ces pasteurs ont insisté sur le besoin d’envoyer des gens qui avaient déjà vécu des moments compliqués et qui sont habitués à supporter la souffrance.
4. Modeste et économe
Le pasteur a mis un point d’honneur sur l’importance d’envoyer des personnes prêtes à baisser leur statut économique. Il nous a parlé de missionnaires qui s’étaient installés dans sa ville et, du fait du coût inférieur de la vie, étaient capables de vivre dans de très belles maisons et faire des choix financiers qui ont créé une disparité entre eux et les membres de l’église. Bien que cela ne soit pas un péché, ces choix financiers ont créé un obstacle, rendant le ministère auprès des locaux plus difficile.
Ce pasteur n’imposait pas aux missionnaires d’être pauvres, mais de vivre modestement afin d’être plus en phase avec les locaux. S’ils avaient choisi de vivre plus simplement, leur ministère aurait pu être plus prospère.
5. Humble et capable d’apprendre
Lors de ce voyage, et après une décennie à former des missionnaires, j’en suis venu à reconnaître que cultiver l’humilité et garder l’envie d’apprendre sont essentiels afin de prospérer dans les ministères inter-culturels. Dans beaucoup de nos discussions, les pasteurs locaux et les responsables de ministères ont salué les missionnaires qui sont venus en prenant la posture d’apprenants, qui avaient un esprit d’équipe et qui servaient l’église du pays sur le long-terme. Les églises que nous avons visitées valorisent grandement l’humilité nécessaire pour vouloir, et continuer de vouloir, apprendre.
« Les missionnaires ont besoin de plus que de la volonté d’aller dans un autre pays: ils ont besoin d’être matures et d’être déterminés ày rester. »
Alors que mon collègue et moi étions en train de finir notre périple, nous avons compris que les missionnaires occidentaux avaient fait beaucoup d’erreurs ces dernières années, laissant derrière eux de vraies blessures. Mais les églises d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient peuvent encore tirer bénéfice des missionnaires occ, et ils le désirent encore.
Nous devrions faire l’effort d’investir, d’élever, d’envoyer et de soutenir ces types de missionnaires. Nous devrions envoyer les missionnaires que l’église mondiale veut et dont elle a besoin.