De nombreux psaumes commencent alors que le psalmiste est chargé et dans la peine, mais atteignent un point d’inflexion où, après prière et réflexion, le psalmiste trouve l’espoir et la paix dans le Seigneur. Mais il n’existe pas un tel point d’inflexion dans le Psaume 88. En fait, les ténèbres ont littéralement le dernier mot, quand le psaume s’achève de la manière suivante : « Tu as éloigné de moi amis et compagnons ; mes intimes ont disparu (ou sont devenus ténèbres). » (Ps. 88:16).
Le premier verset est la seule formule explicitement positive dans toute la prière : « O SEIGNEUR, Dieu de mon salut. » Tout ce qui suit n’est qu’un flot de ténèbres, de mort et de désespoir.
Et pourtant, même dans ce psaume tellement caractérisé par les ténèbres, il existe une raison d’espérer – particulièrement pour ceux qui s’identifient avec le psalmiste dans une perte personnelle, une souffrance qui confine à l’agonie ou des périodes de dépression.
Je voudrais suggérer quatre façons dont l’espérance est révélée dans le plus ténébreux des psaumes.
1. L’espérance est révélée dans ses prières persévérantes
Il est possible pour des personnes d’en arriver à être tellement submergées par la tristesse qu’elles cessent de prier – pour ne plus jamais prier. La tristesse semble tellement réelle ; Dieu semble si lointain. Mais le psalmiste ne cesse pas. Il persévère dans la prière :
O SEIGNEUR, Dieu de mon salut,
Je crie jour et nuit devant toi.
Que ma prière parvienne devant toi ;
incline ton oreille à mon cri ! (Ps. 88:1–2; cf. vv. 9, 13).
Il y a des moments où nos vies peuvent sembler si sombres et désespérées que, pour nous, continuer tout simplement à prier est un témoignage à la grâce de Dieu dans nos vies.
Il y a des moments où nos vies peuvent sembler si sombres et désespérées que, pour nous, continuer tout simplement à prier est un témoignage à la grâce de Dieu dans nos vies.
Dans vos peines, êtes-vous encore en train de crier au Seigneur ? Alors c’est cela la grâce. Et il y a là une raison d’espérer.
2. L’espérance est révélée dans sa conviction que Dieu est souverain
Au verset 1 le psalmiste s’adresse à Dieu comme « le Dieu de mon salut. » Mais alors aux versets 6 – 8, il déclare :
Tu m’as jeté dans une fosse profonde,
Dans les ténèbres, dans les abîmes.
Ta fureur s’appesantit sur moi,
et tu m’accables de tous tes flots. Pause (Ps. 88:6–8, c’est moi qui souligne).
Alors, qui est Dieu pour le psalmiste ? Est-il le Dieu de son salut ou la cause de ses ténèbres ? Le psalmiste insiste sur le fait que Dieu est les deux.
Alors, qui est Dieu pour le psalmiste ? Est-il le Dieu de son salut ou la cause de ses ténèbres ? Le psalmiste insiste sur le fait que Dieu est les deux.
Le psalmiste n’est pas en train d’accuser Dieu. Il ne dit pas : « Comment oses-tu me mettre dans une fosse profonde ! » Bien au contraire, il reconnaît humblement le contrôle complet de Dieu sur sa vie et s’y soumet. En fait, la conviction qu’a le psalmiste – le fait que Dieu est souverain au-dessus de ses peines – est la base de la confiance qui est la sienne envers Dieu, qui est aussi le Dieu de son salut.
Si Dieu a apporté ces troubles dans sa vie, alors il est raisonnable de conclure que Dieu peut aussi le délivrer de ces troubles – ou au moins le voir au milieu de ces derniers.
3. L’espérance est révélée dans son honnêteté et dans sa vulnérabilité
Avant que je ne me décide à prêcher sur le Psaume 88, un certain nombre de membres de l’église m’ont dit combien ils espéraient un jour m’entendre prêcher sur ce psaume. J’étais quelque peu surpris. Psaume 88 est le plus triste de tous les psaumes du recueil – qu’est-ce qu’on peut en attendre ? Mais, instinctivement, j’ai compris. Dans les affres du désespoir, il est parfois réconfortant de savoir qu’on n’est pas fou. Quelqu’un en qui nous avons confiance a vécu une douleur similaire et s’identifie à notre chagrin.
De façon ironique, il est immensément consolant de savoir que le psalmiste, après avoir répandu son cœur devant Dieu, termine sur une note ténébreuse. Nous ne ressortons pas toujours de nos temps de prières avec la face rayonnante comme Moïse. La prière ne produit pas toujours des réponses rapides. Psaume 88 nous rappelle que nous pouvons posséder une foi réelle – la foi authentique – même si nous nous sentons pires après avoir prié qu’avant de commencer. Le psalmiste comprend. Et, plus important encore, Dieu a placé le Psaume 88 dans la Bible pour nous assurer qu’il comprend.
Nous ne ressortons pas toujours de nos temps de prières avec la face rayonnante comme Moïse. La prière ne produit pas toujours des réponses rapides.
La volonté du psalmiste d’être ainsi ouvert quant à ce qui est de sa tristesse non résolue nous rappelle que nous ne sommes pas seuls dans nos souffrances. De la même manière, le partage honnête de nos propres peines peut être un outil puissant pour communiquer la consolation et l’espérance aux vies des autres (2 Cor. 1:3–7).
4. L’espérance est révélée dans la promesse de la résurrection
Les versets 10 – 12 marquent peut-être le point le plus bas dans ce psaume. Le psalmiste ne trouve aucun secours dans ses souffrances, même dans la mort :
Est-ce pour les morts que tu fais des miracles ?
Les morts se lèvent-ils pour te louer ? Pause.
Parle-t-on de ta bonté dans le sépulcre,
de ta fidélité dans l’abîme ?
Tes prodiges sont-ils connus dans les ténèbres,
et ta justice dans la terre de l’oubli ?
Tout ce que le psalmiste dit sur la mort est vrai pour ceux qui n’ont pas fait l’expérience du salut de Dieu en Christ. Pour eux, la mort n’est pas un soulagement, mais entraîne l’obscurité ultime et définitive.
Quoique cela ne soit pas vrai pour le croyant, la peine est l’occasion pour la tentation de pousser le chrétien à croire autrement. Battu par le désespoir, notre sens de l’amour et de l’assurance de Dieu s’avère parfois insaisissable. C’était sûrement le cas du psalmiste : « O SEIGNEUR, pourquoi rejettes-tu mon âme ? Pourquoi me caches-tu ta face ? » (Ps. 88:14). Manquant de l’assurance de l’amour de Dieu, le croyant, tout comme le psalmiste, peut craindre que seule la mort peut lui promettre plus de misère.
Le Psaume 88 nous rappelle que nous pouvons posséder la foi authentique même si nous nous sentons pires après avoir prié qu’avant de commencer.
Mais le Seigneur Jésus s’adresse directement à notre peur de la mort. Sa parole transperce les ténèbres et apaise notre peur : « Je suis la résurrection et la vie. Quiconque croit en moi, même s’il meurt, vivra ». (Jean 11:25). Jésus est mort de la mort que nous méritons pour nous assurer du complet pardon de Dieu et de son indéfectible amour. Et Jésus a été ressuscité d’entre les morts pour nous assurer que dans la vie à venir nous connaîtrons la paix et la consolation de la présence de Dieu pour toujours.
L’espérance au sein de la plus sombre nuit
Nous aurons tous des jours, peut-être des années, de ténèbres. C’est l’une des conséquences malheureuses de la vie dans un monde déchu. Pourtant, il est rassurant de savoir que l’Écriture n’ignore ni ne minimise notre chagrin. Au contraire, lorsque nous avons le cœur brisé, l’Écriture nous parle avec une empathie sincère et un espoir profond.
Psaume 88 est, peut être, le psaume le plus triste dans la Bible, mais même dans le plus triste des psaumes nous pouvons voir des indices de l’espérance de Dieu. Dans nos moments du plus profond désespoir, puissions-nous, aussi, nous écrier : « O SEIGNEUR, Dieu de mon salut. » Parce qu’il est vraiment le Dieu de notre salut – même dans la nuit la plus sombre pour nos âmes.