Dans un monde bruyant et agité, l’image du leader est souvent associée à une personnalité charismatique, communicative et énergique. Malheureusement, ce n’est pas le tempérament que Dieu m’a donné. Je suis plutôt introspectif, posé et calme, peu enclin aux grandes explosions désinvoltes d’émotions et de discours enflammés. Est-il possible que je ne sois pas fait pour être un leader? La grande question de ma vie a souvent été: «Suis-je trop réservé pour diriger efficacement?» Le chrétien doit-il regarder aux standards du monde pour définir un leader, ou la Bible nous enseigne-t-elle un modèle différent?
Une vision biblique du leadership
Dans la Bible, le leader n’est pas choisi en fonction de son tempérament, mais bien pour son caractère. Dieu, dans sa souveraineté toute-puissante, décide d’appeler à son service des hommes aux personnalités diverses. Leur point commun n’est pas leur aisance à communiquer un message ou leurs aptitudes sociales, mais bien leur obéissance et leur dépendance à Dieu. Cela redéfinit notre vision humaine et séculière de celui qui est apte à diriger.
Prenons Moïse, un exemple frappant d’un leader que nous pourrions qualifier d’introverti. Lorsque Dieu l’appelle à délivrer Israël, il répond: «Qui suis-je, pour aller vers Pharaon et pour faire sortir d’Égypte les enfants d’Israël?» (Exode 3.11). Plus tard, il ajoute: «Ah! Seigneur, je ne suis pas un homme qui ait la parole facile […] car j’ai la bouche et la langue embarrassées» (Exode 4.10). Pourtant, Dieu l’emploie puissamment, non pour sa rhétorique, mais pour sa foi et son humilité.
La lecture attentive de la Bible m’a rassuré et réconforté. Je pouvais être un leader, un pasteur ou un ancien dans mon église, même si j’étais intimidé à l’idée de parler devant une foule, même si je suis introverti.
Les forces du leader introverti
Naturellement, être pasteur ne me confère pas, par intervention divine, toutes les qualités d’un leader. Alors, au lieu de voir l’introversion comme un handicap, je propose de souligner quelques forces du leader introverti.
1. L’écoute
L’image d’un leader est souvent associée à la prise de parole : quelqu’un qui parle souvent et beaucoup. Pourtant, le ministère demande aussi une grande capacité d’écoute, qui est justement une des forces des personnes introverties. «Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère.» (Jacques 1.19). La Bible nous enseigne d’être prêts à écouter et lents à parler, des aptitudes qui permettent de discerner les besoins réels d’une personne et d’y répondre avec sagesse biblique.
2. L’introspection
La réflexion introspective peut parfois ressembler à une forme d’auto-flagellation. En regardant trop longtemps nos fautes et nos manquements, nous risquons de tomber dans l’apitoiement et le fatalisme. Cependant, la Bible enseigne que nous devons pratiquer l’examen de soi sans que cela devienne un fardeau. La méditation et l’introspection sont des disciplines nécessaires à la vie du croyant, particulièrement pour celui qui aspire à la charge de dirigeant: «Examinez-vous vous-mêmes, pour savoir si vous êtes dans la foi.» (2 Corinthiens 13.5). Un leader ancré en Christ par une vie de prière, de méditation et de réflexion spirituelle peut guider efficacement le peuple de Dieu et ceux qui sont sous sa responsabilité.
3. Un leadership par l’exemple
Le leader introverti ne brille pas par une présence grandiose, mais il influence par son intégrité et son engagement profond envers les gens. Il aspire à être un modèle dans la foi, comme Paul exhorte Timothée: «Sois un modèle pour les fidèles, en parole, en conduite, en charité, en foi, en pureté.» (1 Timothée 4.12).
Pas seulement des forces, mais aussi des défis
Plusieurs forces accompagnent le leader introverti, mais il est important de rester lucide quant aux défis. D’après mon expérience personnelle, les interactions sociales de groupe ne sont clairement pas mon point fort. Je préfère les échanges en tête-à-tête et je me sens vite épuisé dans un grand groupe. Bien que j’aime beaucoup la prédication de l’Évangile, je ne suis certainement pas le plus énergique. Pourtant, cela ne me disqualifie pas du ministère, bien au contraire : cela me pousse à m’appuyer sur la grâce de Dieu. «Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse.» (2 Corinthiens 12.9).
J’ai longtemps pensé devoir être une autre personne en public, me conformer à un standard humain du leadership. Avec le temps et la grâce de Dieu, j’ai appris à ne pas chercher à être quelqu’un d’autre, mais simplement à être fidèle en m’appuyant sur Christ pour accomplir la mission qu’il m’a confiée. J’ai aussi appris qu’il est parfois bon de sortir de ma zone de confort par amour pour l’Église.
Avec cela en tête, priez pour vos leaders introvertis. Nous avons à cœur chaque personne sous notre charge. Nous prions, intercédons et pensons à vous régulièrement. Nous parlons peu, mais nous écoutons beaucoup. Lorsque nous disons que nous allons prier pour vous, soyez assurés que cela sera fait.
Conclusion : un paradoxe apparent
Pour répondre à la question initiale : un leader introverti n’est pas un paradoxe, mais une richesse pour l’Église. Les introvertis, loin d’être inadaptés au leadership spirituel, apportent des qualités essentielles au Corps de Christ. En fin de compte, le leadership chrétien ne repose pas sur la personnalité, mais sur la puissance de Dieu à l’œuvre en ses serviteurs. Que l’on soit introverti ou extraverti, l’appel est le même: suivre Christ, notre parfait berger, et guider les autres vers Lui. En tant que leader introverti, vous avez été façonné par Dieu avec des dons uniques pour bénir l’Église et glorifier Christ. Votre sensibilité, votre capacité d’écoute, votre réflexion profonde et votre engagement fidèle sont des atouts précieux pour le corps de Christ. Ne laissez pas l’introversion être une barrière au service, mais qu’elle soit plutôt un tremplin pour exercer un leadership authentique et humble. Dieu ne cherche pas des personnalités éclatantes, mais des cœurs disponibles et fidèles. «À chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour l’utilité commune.» – 1 Corinthiens 12.7. Peu importe votre tempérament, vous avez une place dans l’Église. Que ce soit par l’enseignement, le mentorat, la prière, l’écriture, la gestion ou le service discret, votre contribution est essentielle. Engagez-vous avec confiance, sachant que Dieu vous équipe pour l’œuvre qu’Il vous confie.
