J.I. Packer est parti auprès du Seigneur le 17 juillet 2020. Il avait 93 ans.
Packer était un homme d’église anglican sa vie durant ; il a passé la première moitié de sa vie en Angleterre et la seconde au Canada, mais il était peut-être encore plus populaire aux États-Unis. Il est largement reconnu comme l’un des vulgarisateurs théologiques les plus influents du XXe siècle.
Tout au long de ses presque 70 années d’écriture et de ministère, il a souligné l’importance de connaître et de prier le Dieu trinitaire et de communiquer avec lui. Il a appelé l’église à prendre au sérieux la sainteté et la repentance en marchant dans l’Esprit et en luttant contre le péché intérieur. Il a défendu l’autorité biblique et s’est fait le champion de la cause de la catéchèse des disciples. Et il a réintroduit plusieurs générations de ses ancêtres puritains bien-aimés, qu’il considérait comme les séquoias de la foi chrétienne.
Il se considérait lui-même comme une « voix qui appelait le peuple à revenir aux anciens sentiers de la vérité et de la sagesse. » Sa vie entière se passa dans la résistance à l’idée que « ce qui est plus nouveau est plus fiable, seul ce qui est récent est décent, chaque déplacement sur le terrain est un pas en avant, et chaque dernier mot doit être salué comme le dernier mot sur son sujet. »
Bien qu’il ait été disposé à aborder et à engager les controverses de son époque, il a écrit : « Je voudrais qu’on se souvienne de moi comme de quelqu’un qui a montré du doigt les pâturages. »
La petite enfance
James Innell Packer naquit le 22 juillet 1926, dans le village de Twyning dans le nord du Gloucestershire, en Angleterre, premier enfant de James et Dorothy Packer. Son unique sœur, Margaret, est née en 1929.
Les Packer étaient une famille de la classe moyenne inférieure avec une foi anglicane nominale ; ils se joignaient fidèlement à l’église voisine St Catherine mais ne parlaient jamais des choses de Dieu, ni même ne priaient avant les repas.
En septembre 1933, à l’âge de sept ans, le jeune Packer fut poursuivi dans la rue par une brute de l’école primaire et il entra violemment en collision avec une camionnette de pain qui passait, ce qui entraîna une opération du cerveau, un séjour de trois semaines à l’hôpital et une convalescence de six mois à la maison, loin de l’école. Il avait souffert d’une fracture ouverte de l’os frontal du côté droit. Il a, par la suite, comparé cette fracture à la façon dont le sommet d’une coquille d’œuf est enfoncé lorsqu’on le frappe avec une cuillère à œufs ; un chirurgien qualifié de l’hôpital local retira les morceaux d’os cassés. Le médecin exigea qu’il portât une plaque d’aluminium noire protectrice sur sa blessure, maintenue en place par un élastique. Il lui était interdit de faire du sport, ce qui a poussé le jeune solitaire à se limiter encore plus à des choses comme la lecture et l’écriture. Il porta la plaque de protection pendant les huit années suivantes, puis à l’âge de quinze ans, il refusa de la porter encore.
Le matin de son onzième anniversaire, en 1937, Packer se réveilla en espérant trouver une bicyclette qui l’attendait – un cadeau traditionnel de passage à l’âge adulte pour lequel il avait laissé des indices de son souhait. À la place, ses parents lui avaient offert une vieille machine à écrire Oliver, lourde et en excellent état. Son biographe Alister McGrath note la leçon spirituelle : « Ce n’était pas ce que Packer avait demandé ; néanmoins, cela s’est avéré être ce dont il avait besoin … son meilleur cadeau et le bien le plus précieux de son enfance. »
Lors de cet automne 1937, Packer passa de la junior school à la Crypt School, où il fut le seul de sa classe à se spécialiser dans les « classiques. » Leland Ryken écrit :
L’école elle-même était prestigieuse, remontant à 1539, époque approximative où Henry VIII rompit avec l’Église de Rome et fonda l’Église d’Angleterre. L’école reçut son nom du fait qu’elle avait été fondée dans la crypte ou la salle souterraine d’un bâtiment de l’église paroissiale. Ironiquement, compte tenu du christianisme nomin
al de Packer à l’époque, mais prophétiquement, compte tenu de ce qu’il est devenu, l’école de la crypte comptait parmi ses anciens élèves le prédicateur et évangéliste anglais George Whitefield.
Il jouait aux échecs avec un camarade de classe dont le père était un ministre unitarien, et le garçon essaya de convaincre Packer de l’unitarisme, mais Packer se demandait pourquoi quelqu’un accepterait certaines parties du Nouveau Testament mais rejetterait la divinité de Jésus. Il lut le livre de C. S. Lewis The Screwtape Letters (Tactique du diable) durant son adolescence, suivi par Mere Christianity (Les fondements du christianisme), et passa un certain temps à lire l’exemplaire de la King James Bible de sa grand-mère, ce qui renforça pour lui le cadre de base de la vision chrétienne du monde, même s’il lui manquait encore la foi salvatrice. Plus tard, il déclara avoir été à mi-chemin.
Packer fut confirmé à St Catherine à l’âge de quatorze ans en n’ayant jamais rien entendu au sujet de la conversion ou de la foi salvatrice.
La conversion
À l’âge de dix-huit ans, Packer obtint une bourse pour l’université d’Oxford, où il étudia les classiques au Corpus Christi College. Il arriva à Oxford comme un énergumène maladroit, timide et intellectuel (sa propre description), avec une seule valise à la main. Son père était employé de bureau à la Great Western Railway, ce qui permit au jeune Packer d’avoir un billet gratuit pour le voyage d’une heure en train.
Trois semaines plus tard, le 22 octobre 1944 , Packer assistait à une réunion d’évangélisation du dimanche soir à l’église St Aldate. Un vieux pasteur anglican donnait la prédication. L’exposition biblique ennuya Packer, mais dans la deuxième partie, le pasteur raconta comment, dans un camp de garçons, on lui avait demandé s’il était vraiment chrétien. Packer se reconnut dans l’histoire et il réalisa qu’il ne connaissait pas le Christ. Suite à l’invitation à s’avancer qui concluait la prédication et qui se terminait par le chant « Just As I Am » (« Tel que je suis »), Packer donna sa vie au Christ. Il était à quelques mètres de l’endroit où l’évangéliste du XVIIIe siècle George Whitefield s’était converti en 1735.
Les Puritains
La même année, en 1944, un ecclésiastique anglican à la retraite, qui perdait la vue, fit don de sa grande bibliothèque à l’Oxford Inter-Collegiate Christian Union. Les dirigeants de l’OICCU entreposèrent les livres dans un sous-sol et demandèrent à Packer, le rat de bibliothèque, s’il voulait faire le tri dans les ensembles, y compris les classiques des XVIe et XVIIe siècles.
Packer est rapidement tombé sur une série d’ouvrages, aux pages non coupées, du Puritain du XVIIe siècle, John Owen. Packer nota avec intérêt le volume sur la tentation et le péché. Il l’ouvrit et en dévora le contenu. Il écrivit plus tard : « Je dois plus, je pense, à John Owen qu’à tout autre théologien, ancien ou moderne, et je suis sûr que je dois plus à son petit livre sur la mortification qu’à tout autre de ses écrits. »
Il demanda aux gens, par la suite, de le considérer comme un Puritain des temps modernes : « celui qui, comme ces grands conducteurs du XVIIe siècle, des deux côtés de l’Atlantique, cherche à combiner en lui les rôles d’érudit, de prédicateur et de pasteur, et vous parle dans ce but. »
Il a souvent mis en contraste la spiritualité des Puritains avec celle des évangéliques contemporains, appelant ces derniers à imiter les premiers, surtout lorsqu’il s’agit de communier avec Dieu :
Premiers écrits et positions
Après avoir obtenu son BA de Corpus Christi à Oxford (1948), il prit son premier poste d’enseignant à Oak Hill Theological College à Londres comme tuteur (instructeur) en grec et latin (en même temps que d’un peu de philosophie). Durant cette année scolaire 1948–1949, Packer âgé de 22 ans, allait tous les dimanches soir à Westminster Chapel pour écouter les prédications du Dr. Martyn Lloyd-Jones, alors âgé de 50 ans. Packer n’avait jamais entendu une telle prédication – elle lui venait « avec la force d’un choc électrique apportant à au moins un de ses auditeurs plus de sens de Dieu que tout autre homme. » « C’était le plus grand homme que j’ai jamais connu, » a écrit Packer, « et je suis sûr qu’il y a plus de lui dans ma peau que de tout autre de mes professeurs humains. » Alors que les deux hommes apprenaient à se connaître, Packer suggéra à Lloyd-Jones d’organiser régulièrement des réunions pour aider les gens à comprendre et à appliquer les idées des Puritains. Ils ont cofondé la Conférence des Puritains et l’ont accueillie ensemble pendant près de deux décennies.
Durant les trois années suivantes, Packer étudia, en vue de son ordination, à Wycliffe Hall, à Oxford, puis entama sa recherche doctorale. Il fut ordonné comme diacre dans l’Église d’Angleterre en 1952, puis comme prêtre à la cathédrale de Birmingham en 1953.
De 1952 à 1954 il servit comme curé (pasteur associé) à St. John, à Harborne, une banlieue de Birmingham, alors qu’il achevait sa dissertation doctorale de 400 pages sur le Puritain Richard Baxter, à l’université d’Oxford. Il obtint la maîtrise et le doctorat en 1954.
Le 17 juillet 1954, Packer épousait une Galloise, Kit Mullett, une jeune infirmière qu’il avait rencontrée après une conférence dans le Surrey à la fin du printemps 1952. Ensemble, ils adopteront trois enfants : Ruth, Naomi et Martin.
Les Packer s’installèrent à Bristol en 1955, où Packer servit comme professeur à Tyndale Hall for les six années suivantes. Deux travaux significatifs naquirent durant ce mandat.
Le premier était un essai de synthèse intitulé « Keswick et la doctrine réformée de la sanctification » (Evangelical Quarterly 27 [1955]: 153–67), où il accusait l’enseignement des partisans de la « Vie plus élevée » de pélagianisme approfondi. C’était du Packer le plus polémique, en partie à cause de son expérience personnelle et de son cœur pastoral pour les autres, afin d’éviter aux autres la « gafferie piétiste » qui l’avait presque conduit au désespoir en tant qu’étudiant. Il écrivit plus tard :
Il ne s’agit pas d’une grande recommandation si tout ce que vous pouvez dire, c’est que cet enseignement peut vous aider si vous ne prenez pas ses détails trop au sérieux.
Il est tout à fait accablant de devoir dire, comme dans le cas présent je pense que nous devons le faire, que si vous prenez ses détails au sérieux, il aura tendance à ne pas vous aider mais à vous détruire.
Son biographe Alister McGrath s’est penché sur l’effet de cet article et a écrit
Il n’y a eu… aucune réponse de la faction Keswick qui a rejeté la critique de Packer. Il est largement admis que l’examen fait par Packer a marqué la fin de la domination de l’approche Keswick parmi les jeunes évangéliques. . . . [L]e poids théologique de la critique de Packer semblait à beaucoup s’avérer irréfutable.
Deuxièmement, en mars 1958, à l’âge de 31 ans, Packer publiait son premier livre : “Fundamentalism” and the Word of God (Le fondamentalisme et la Parole de Dieu) (IVP au Royaume-Uni ; Eerdmans aux États-Unis), une défense de la position protestante historique sur l’autorité de l’Écriture.
Michael Reeves écrit :
« Il a servi de cri de ralliement moral aux évangéliques qui ont une vision élevée de la Bible ; il a élevé le niveau de sophistication et de nuance avec lequel ils pouvaient penser à l’Écriture, et il a établi Packer comme leader théologique du mouvement. »
En 1961, les Packer retournèrent à Oxford, où pendant les neuf années suivantes, il fut bibliothécaire puis directeur de Latimer House, un centre de recherche évangélique créé par Packer et John Stott pour fortifier théologiquement l’Église d’Angleterre.
Pendant les années 1960s l’éditrice Elizabeth Braund invita Packer à écrire une série d’articles pour son petit Evangelical Magazine bimestriel qui proposait un guide pour les bases du christianisme. Packer a écrit près de deux douzaines d’articles tous les deux mois pendant cinq ans.
En 1970, Packer retournait à Tyndale Hall comme principal. L’année suivante, Tyndale Hall fut incorporé dans le nouveau Trinity College à Bristol, dont Alec Motyer fut nommé principal et Packer principal associé. Cette décision a toutefois permis à Packer d’avoir plus de temps pour écrire.
Connaître Dieu
Au début des années 1970, il entra en pourparlers avec Inter-Varsity Press au sujet de la publication des séries d’articles du Evangelical Magazine sous la forme d’un livre. Les éditeurs lui répondirent qu’ils souhaitaient qu’il écrive sur le mouvement charismatique qui balayait la Grande-Bretagne, avant de prendre en considération un livre de lui sur un autre sujet.
Aussi il se tourna plutôt vers Hodder & Stoughton, qui l’acceptèrent avec joie pour la publication. InterVarsity Press aux États-Unis accepta de reprendre les droits nord-américains. Le livre fut publié en 1973 sous le titre
Il a établi sa renommée internationale, et s’est vendu à plus d’un million et demi d’exemplaires. « La conviction qui se cache derrière ce livre, » écrit-il, « est que l’ignorance de Dieu est à l’origine d’une grande partie de la faiblesse de l’église aujourd’hui. »
L’inerrance
En février 1977, Packer rencontrait R. C. Sproul, John Gerstner, Norman Geisler et Greg Bahnsen pour une conférence sur l’autorité des Écritures à Mount Hermon, en Californie. La même année, le International Council of Biblical Inerrancy (Conseil international sur l’inerrance biblique) était créé, qui produisait, un an plus tard, la Déclaration de Chicago sur l’inerrance biblique , dont R. C. Sproul était l’auteur principal.
Regent College à Vancouver
En 1979 James Houston, qui était ami avec Packer depuis leurs études de premier cycle à Oxford, l’invita à rejoindre la faculté de Regent College à Vancouver. Packer accepta finalement le poste, ce qui lui permettait d’enseigner sans tâches administratives, et sa famille effectua sa relocalisation transatlantique. Il a conservé un poste à l’université jusqu’à la fin de sa vie, prenant sa retraite pour l’enseignement à temps plein en 1996 et enseignant à temps partiel par la suite.
Controverses et séparations
En octobre 1966, lors de la National Assembly of Evangelicals, Lloyd-Jones publia un appel, lancé aux évangéliques , à abandonner les dénominations mélangées sur le plan doctrinal (comme l’église d’Angleterre) et, au contraire, à avoir communion avec une association d’églises évangéliques indépendantes. John Stott, qui présidait la session, viola les règles non écrites en s’opposant publiquement à la proposition après que Lloyd-Jones ait fini de parler. Packer n’était pas présent à l’événement (il en entendit parler au téléphone ce soir-là), mais il était du côté de Stott. La brèche se transforma en une véritable rupture en 1970, lorsque Packer se joignit à son collègue évangélique anglican Colin Buchanan et à deux anglo-catholiques pour publier Growing into Union: Proposals for Forming a United Church in England (Croître dans l’union : propositions pour former une église unie en Angleterre). Ce livre conduisit Lloyd-Jones à se séparer de Packer, en le retirant du conseil d’administration de The Evangelical Magazine et en annulant la Conférence Puritaine qu’ils avaient cofondée.
En mars 1994, les penchants œcuméniques de Packer ont à nouveau causé des problèmes. Il s’est joint à plusieurs évangéliques et catholiques romains pour signer une déclaration commune intitulée « Évangéliques et catholiques ensemble , » co-écrite par Charles Colson et Richard John Neuhaus. R. C. Sproul avait précédemment dit : « Quand la bataille sera sanglante, je veux Jim Packer dans mon terrier. » Mais la signature du document par Packer mystifia Sproul et d’autres, qui virent une ambiguïté étudiée dans la formulation ; elle impliquait l’accord sur l’évangile, même si d’autres différences théologiques subsistaient. Les deux hommes étaient d’accord sur la doctrine de la justification, mais Sproul insistait sur le fait que la doctrine était essentielle, tandis que Packer préférait dire qu’elle était centrale. Packer écrivit plus tard les raisons pour lesquelles il l’avait signée .
La troisième séparation douloureuse eut lieu en 2002, lorsque le synode du diocèse anglican de New Westminster à Vancouver autorisa son évêque à tenir un service de bénédiction des unions de même sexe. Packer était parmi les membres du synode qui sortirent en signe de protestation. Il a expliqué pourquoi:
Parce que cette décision, prise dans son contexte, falsifie l’Évangile du Christ, abandonne l’autorité des Écritures, compromet le salut des autres êtres humains et trahit l’Église dans son rôle voulu par Dieu comme le bastion et le rempart de la vérité divine.
En 2008, l’église de Packer (St. John’s Shaughnessy , la plus grande église de l’Église anglicane du Canada – ACC) vota pour quitter l’ACC et s’aligner sur une province plus orthodoxe de l’Argentine. En conséquence, Packer et les autres membres du clergé furent suspendus (leur autorité en tant que ministres de la Parole et du Sacrement, conférée lors de leurs ordinations, fut révoquée) pour (1) avoir publiquement renoncé à la doctrine et à la discipline de l’Église anglicane du Canada, et (2) avoir cherché ou avoir l’intention de chercher à être admis dans un autre corps religieux en dehors de l’Église anglicane du Canada.
Packer avait expliqué dans sa décision initiale de partir :
Depuis de nombreuses décennies, je me suis posé la question à chaque tournant de mon cheminement théologique : Paul serait-il avec moi dans cette démarche ? Que dirait-il s’il était à ma place ? Je n’ai jamais osé proposer un point de vue sur quelque chose que je n’avais pas de bonnes raisons de penser qu’il approuverait.
Packer l’auteur et le lecteur
Son biographe Leland Ryken relève qu’il est virtuellement impossible de bâtir une bibliographie complète de ses écrits :
Tant à l’oral qu’à l’écrit, Packer a suivi une politique consistant à franchir pratiquement toutes les portes qui se sont ouvertes devant lui. La liste de ses publications est difficile à dresser, en partie à cause du grand nombre d’articles, en partie parce que l’éventail des genres est si large qu’il est difficile de savoir ce qui constitue une publication par opposition à un document imprimé à titre privé, en partie parce que Packer a souvent publié le même livre aux États-Unis et en Grande-Bretagne sous des titres différents, et en partie parce que beaucoup de ses écrits ont été réédités, parfois avec de nouveaux titres.
À côté de Knowing God (Connaître Dieu), ses œuvres les plus lues et les plus influentes devraient inclure les livres Evangelism and the Sovereignty of God (L’évangélisation et la souveraineté de Dieu) (1971) et The Quest for Godliness: The Puritan Vision of the Christian Life (La quête de la piété : la vision puritaine de la vie chrétienne) (intitulé, au Royaume-Uni, Among God’s Giants (Parmi les géants de Dieu), 1990), en même temps que les essais “Saved by His Precious Blood: An Introduction to John Owen’s The Death of Death in the Death of Christ” (1958) (Sauvé par Son sang précieux : une introduction au livre de John Owen : La mort de la mort dans la mort de Christ) et “What Did the Cross Achieve? The Logic of Penal Substitution” (Qu’est-ce que la Croix a réalisé ? La logique de la substitution pénale) (1974).
En plus de ses propres écrits et de son enseignement, Packer a également été conseiller théologique, consultant et auteur de livres. Au début des années 1980, alors que l’éditeur théologien Kenneth Kantzer reprenait l’enseignement à la Trinity Evangelical Divinity School, Packer a été engagé par Christianity Today à Carol Stream, Illinois, en tant que rédacteur en chef ; il effectuait des visites régulières au bureau, fournissait une revue théologique et critiquait chaque numéro du point de vue de la bonne théologie, de la sociologie et du journalisme, y compris ce qui fonctionnait bien en termes graphiques et conceptuels.
La volonté de Packer de soutenir des livres était un travail d’amour destiné à aider les lecteurs non professionnels. Il était souvent généreux, peut-être à tort, bien qu’il insistât pour que toute personne qui s’interrogeait sur une décision particulière lise attentivement l’approbation, notant non seulement ce qu’il disait mais aussi ce qu’il ne disait pas et comment il le disait ! Ses éloges étaient souvent des classiques concis en eux-mêmes.
On lui demandait souvent quels livres l’avaient le plus influencé, et il donnait généralement une variante de la liste suivante :
- Jean Calvin, Institution de la religion chrétienne
- C. Ryle, Holiness (La sainteté)
- John Bunyan, The Pilgrim’s Progress (Le voyage du pèlerin)
- Richard Baxter, The Reformed Pastor (Le pasteur réformé)
- Martin Luther, The Bondage of the Will (L’esclavage de la volonté)
- Les œuvres de John Owen (particulièrement Indwelling Sin (Le péché résidant en nous) et The Mortification of Sin (La mortification du péché), Justification (La justification), The Holy Spirit (Le Saint-Esprit) et The Death of Death in the Death of Christ (La mort de la mort dans la mort de Christ))
Son roman préféré était Les frères Karamazov de Dostoïevski, et son genre préféré pour le plaisir de la lecture était les romans criminels et les romans d’enquêtes policières ; il avait dévoré sa première série de livres d’Agatha Christie à l’âge de sept ans. (« Ce que j’aime, c’est la perplexité poignante du puzzle, le travail intellectuel supérieur du détective, et le fait de rendre justice en blanchissant les innocents et en démasquant les coupables »).
Mais son livre préféré de tous les temps était Pilgrim’s Progress (Le voyage du pèlerin), qu’il lisait chaque année de sa vie chrétienne jusqu’à ce que la dégénérescence maculaire l’empêchât de lire.
Un autre intérêt personnel de Packer était le jazz des débuts. À l’âge de treize ans, Packer faisait ses devoirs un soir à la maison en écoutant la radio, et le présentateur décida de passer un morceau de jazz des années 1920 : « Steamboat Stomp » de Jelly Roll Morton. « Je me souviens m’être levé et être allé devant la radio, d’avoir mis mon oreille contre le haut-parleur et d’avoir bu la musique. J’étais à bout de souffle. J’avais le souffle coupé. » À Oxford, il jouait de la clarinette pour un groupe de jazz appelé les Bandits, mais il démissionna parce que cela gênait la réunion du samedi du groupe Inter-Varsity et qu’on lui avait dit que le jazz était diabolique. Plus tard, cependant, il déclara que « selon les normes chrétiennes, » il pensait que « le jazz précoce était l’un des produits culturels les plus précieux du XXe siècle. »
Dans une lettre de 1970 à Packer, par laquelle il mettait fin à son engagement dans la Conférence Puritaine, Lloyd-Jones écrit :
Vous avez connu au fil des ans non seulement mon admiration pour votre grand don d’esprit et d’intelligence, mais aussi ma profonde estime pour vous. Je m’attendais à ce que, bien avant cela, vous produisiez une œuvre majeure dans la tradition de Warfield, mais vous vous êtes senti appelé à vous impliquer dans les affaires ecclésiastiques. Pour moi, ce n’est rien de moins qu’une grande tragédie et une véritable perte pour l’Église.
La chose la plus approchante que Packer ait faite d’une théologie systématique est sa Concise Theology (Théologie concise), qui esquisse 94 doctrines en environ 600 mots pour chacune. (Crossway s’apprête à publier une édition reliée, en stock à l’occasion du 94e anniversaire de Packer). Dans une phrase typiquement packerienne – à la fois « emballée » et expansive – il a expliqué le projet :
En tant qu’activité, la théologie est un jeu de ficelles , avec ses disciplines interdépendantes mais distinctes : élucider des textes (exégèse), synthétiser ce qu’ils disent sur les choses qu’ils traitent (théologie biblique), voir comment la foi a été énoncée dans le passé (théologie historique), la formuler pour le présent (théologie systématique), trouver ses implications pour la conduite (éthique), en la recommandant et en la défendant comme vérité et sagesse (apologétique), en définissant la tâche du chrétien dans le monde (missiologie), en stockant des ressources pour la vie en Christ (spiritualité) et le culte corporatif (liturgie), et en explorant le ministère (théologie pratique).
Vers la fin du XXe siècle, une opportunité s’est présentée à Packer qui pensait que ce projet pourrait être l’un des investissements les plus importants qu’il pourrait faire pour l’église mondiale. Le Dr Lane Dennis, président de Crossway Books à Wheaton, dans l’Illinois, a invité Packer à être l’éditeur général d’une traduction de la Bible. C’est Packer qui a finalement suggéré le nom : The English Standard Version .
Alors qu’elle a été publiée en 2001, Packer a ensuite réfléchi :
J’ai eu le privilège d’agir en tant que rédacteur en chef de la English Standard Version, et maintenant que je repense à ce que nous avons fait en produisant cette version, je soupçonne très fortement que c’est la chose la plus importante que j’ai jamais faite pour le Royaume.
La « dernière croisade » de Packer était consacrée à aider l’église à retrouver la catéchèse. Ses dernières années ont été consacrées à convaincre l’église nord-américaine de renouveler la catéchèse (l’enseignement de la foi chrétienne). Ce travail a abouti à la publication de To Be a Christian : An Anglican Catechism – le catéchisme de l’Église anglicane d’Amérique du Nord (ACNA).
Le dernier travail qu’il a pu accomplir au cours de sa vie a été de faire les dernières révisions verbales alors que sa femme lui lisait à haute voix chez eux le projet final de son manuscrit pour The Heritage of Anglican Theology, construit sur ses années d’enseignement en classe, qui sera publié par Crossway en mai 2021.
Packer l’homme
Il se demandait parfois si les commentateurs de sa carrière théologique et pastorale saisissaient le côté personnel manquant de Packer, y compris l’humour qu’il voyait dans la vie et le scintillement dans son regard. Il ne voulait pas être dépeint comme un cerveau en cuve ou un simple fournisseur d’idées.
Son ami de longue date, Timothy George, a décrit ce que c’était que de voir l’homme en action :
Son sourire est irrépressible et son rire peut apporter de la lumière dans les réunions les plus sombres.
Son amour pour tout ce qui est humain transparaît.
Sa maîtrise des idées, et des mots les plus appropriés pour les exprimer, est sans égale.
Toujours impatient face aux faux-semblants de toutes sortes, son caractère saint et sa spiritualité sont profondément ancrés.
Sur le plan personnel, je ne peux qu’ajouter que dans chacune des rencontres que j’ai eu le privilège d’avoir avec lui, je suis reparti en pensant à lui non pas comme à un grand homme, mais comme à un homme qui avait personnellement rencontré un Grand Sauveur. Chaque fois, j’ai eu le sentiment profond de ne pas ressembler davantage à Packer, mais d’être davantage comme le Christ.
Dans Knowing God (Connaître Dieu) il écrivait :
Si vous voulez juger à quel point une personne comprend le christianisme, découvrez ce qu’elle pense de l’idée d’être l’enfant de Dieu et d’avoir Dieu comme Père.
Si ce n’est pas cette pensée qui motive et contrôle son culte et ses prières et toute sa conception de la vie, cela signifie qu’il ne comprend pas bien du tout le christianisme.
Bien que sa pensée spirituelle soit aussi mûre qu’elle l’a été (1 Cor. 14:20), tout au long de sa vie il a gardé son humilité enfantine et sa confiance en Dieu (Matt. 18:12) et il n’a jamais surpassé la merveille d’être connu et adopté par son Père céleste, uni au Christ, et marchant par l’Esprit.
En 2015, alors que je filmais un court documentaire sur Packer pour Crossway, le moment est venu de poser ma dernière question. J’étais hors caméra, et j’ai demandé comment il pourrait vouloir qu’on se souvienne de lui un jour, quand il serait parti.
Il a fait une pause, à sa manière caractéristique, avant de répondre à n’importe quelle question, aussi banale soit-elle, et a répondu :
Lorsque je repense à la vie que j’ai vécue, j’aimerais qu’on se souvienne de moi comme d’une voix – une voix qui se concentre sur l’autorité de la Bible, la gloire de notre Seigneur Jésus-Christ, et le miracle de son sacrifice de substitution et d’expiation de nos péchés.
J’aimerais qu’on se souvienne de moi comme d’une voix qui appelle le peuple chrétien à la sainteté et qui remet en question les failles des normes morales chrétiennes.
Je voudrais qu’on se souvienne de moi comme d’une personne qui a toujours été courtoise dans les controverses, mais sans compromis.
Je vous demande de remercier Dieu avec moi pour la façon dont il m’a conduit et je souhaite, j’espère, je prie pour que vous puissiez bénéficier de la même direction claire de sa part et de la même aide dans l’accomplissement des tâches qu’il vous a confiées que j’ai appréciée.
A lire : L’hommage de Don Carson à J.I. Packer