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Oui.

Et non.

La question est difficile contre toute attente. La Bible parle de l’amour de Dieu sous plusieurs facettes. D.A. Carson en mentionne cinq dans son livre excellent The Difficult Doctrine of the Love of God [La doctrine difficile de l’amour de Dieu] (pp 16-19) :

  1. L’amour particulier du Père pour le Fils et du Fils pour le Père.
  2. L’amour providentiel de Dieu pour toute sa création.
  3. L’amour salvateur de Dieu envers un monde déchu.
  4. L’amour particulier, efficace, et sélectif de Dieu envers ceux et celles qu’il a choisis.
  5. L’amour provisoire pour son propre peuple qui est conditionnel à son obéissance.

Après une courte explication biblique de chaque aspect, Carson évoque le danger d’élever un aspect de l’amour de Dieu au-dessus des autres.

Si nous définissons l’amour de Dieu exclusivement par son amour intra-trinitaire, qui est parfait et pur, nous ne saisirons jamais la gloire de Dieu alors qu’il aime les rebelles que nous sommes.

Si l’amour de Dieu n’est rien d’autre que ses soins providentiels pour sa création, nous aurons du mal à voir comment l’Évangile est vraiment une bonne nouvelle, car, après tout, n’aime-t-il pas déjà tout le monde ?

Si l’amour de Dieu se voit seulement dans son désir de sauver le monde, nous risquons de finir avec un Dieu émotif, qui ne montre pas le même sens de souveraineté que nous voyons dans la Bible.

Si son amour est compris seulement comme un amour électif, nous pourrons être tentés de dire que Dieu haït beaucoup de gens, alors que cette vérité exige bien plus de nuances.

Et si l’amour de Dieu s’enferme complètement dans des avertissements tels « maintenez-vous dans l’amour de Dieu » (Jd 21), nous risquons de sombrer dans une sorte de légalisme et d’être assaillis de beaucoup de doutes déplacés.

La réalité est que Dieu aime tout le monde et il n’aime pas tout le monde en même temps. Il déteste le monde et il aime le monde.

On dirait que c’est une tache théologique simple que de parler de l’amour de Dieu, quand en fait, c’est un sujet épineux. Je connais même des églises qui se demandent si les enfants devraient chanter « Jésus m’aime » (car après tout, certains d’entre eux sont pourraient être des réprouvés, qui sait). Je connais encore plus d’églises qui soulignent tellement l’amour exhaustif de Dieu pour l’entièreté du monde qu’il est difficile de comprendre pourquoi quelqu’un se donnerait la peine de se convertir. La réalité est que Dieu aime tout le monde et il n’aime pas tout le monde en même temps. Il déteste le monde et il aime le monde. Il ne pourrait pas aimer ses enfants adoptifs plus qu’il le fait déjà, et il est profondément attristé par notre péché. Le défi d’une bonne théologie est d’expliquer comment la Bible justifie ces déclarations et comment elles s’imbriquent les unes dans les autres.

Une seule vérité concernant l’amour de Dieu qui est soulignée à l’exclusion des autres nous conduira à une divinité déformée et un discipulat mortel. Carson nous rappelle : « Bref, nous avons besoin de tout ce que l’Écriture dit sur ce sujet, ou sinon les ramifications doctrinales et pastorales peuvent se révéler désastreuses » (p. 23).

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