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Pour ce mois de septembre, comment ne pas écrire sur la crise migratoire que nous ne cessons de voir à la télé, dans les journaux, sur les meilleurs et les pires sites internet ? Mais c'est plus qu'une crise migratoire. « Crise migratoire » est bien abstrait. Cela laisse penser à une étude démographique académique. Un genre de conférence pour les seuls initiés. Ce qui se passe aux portes de notre Europe occidentale, c'est un drame qui touche des milliers d'êtres humains. C'est donc une crise humanitaire qui se joue. 

Et qui dit crise humanitaire dit, pour les chrétiens, une crise qui met en péril la vie d'êtres humains créés à l'image de Dieu. Comme vous et moi. Ces êtres humains portent eux aussi cette empreinte de Dieu, cette dignité et cette intégrité humaines qui sont au cœur de la vision biblique de l'homme. Cela seul demande à ce que nous prenions soin de ceux qui partagent la douleur d'« être humain » dans un monde déchu. 

La récente déclaration de la Fédération Protestante de France (8 septembre 2015) met cette crise dans une perspective biblique : « L’afflux actuel de migrants vers l’Europe démontre, si besoin était, que la question migratoire s’inscrit profondément dans la nature humaine. Loin d’être un phénomène conjoncturel, l’homme a toujours souhaité se déplacer, par delà les frontières. » L'homme est pèlerin dans ce monde qui souffre des douleurs de la chute. Comme le souligne justement une lettre diaconale commune envoyée à la commission européenne chargée de cette crise : 

La majorité de ceux qui prennent la route vers l'Europe viennent de Syrie, d'Afghanistan, d'Irak, de Somalie et d'Érythrée et leur nombre continue d'augmenter rapidement. La plupart des gens qui arrivent fuient la guerre, les conflits ou la persécution, ainsi que la détérioration des conditions de vie. Ils fuient aussi de nombreux pays d'accueil de réfugiés, ou les pays de transit, qui ne peuvent, ou ne peuvent plus, offrir la sécurité ou la possibilité de commencer une nouvelle existence.

Au delà encore d'une crise humanitaire, c'est aussi à une crise apologétique que nous assistons. Pourquoi ? Tout simplement parce que notre attitude témoigne de notre foi. Encore et toujours l'apologétique est une manifestation de la foi, en paroles, mais aussi en actes. Comme ici. 

Faire le bien

Nous aurons toujours des raisons d'hésiter en face de l'aide à apporter à ces milliers de réfugiés. Sont-ils vraiment des réfugiés ou des « terroristes » camouflés ? Sont-ils vraiment des réfugiés politiques ou seulement des migrants qui fuient des conditions économiques désastreuses ? Sont-ils pacifiques ? Ne vont-ils pas détruire « nos valeurs » ? Et puis honnêtement, nous n'avons pas les moyens financiers, l'infrastructure, le personnel, les moyens d'intégration, l'hébergement, etc., nécessaires pour les accueillir. Ou alors nous voulons bien les accueillir, mais pour quelques semaines ou quelques mois seulement. C'est oublier que la plupart de ces migrants fuient. Pour de bon. Ils ne cherchent pas une solution temporaire. C'est peut-être cela qui nous fait reculer. 

Malgré toutes ces raisons, nous devrions avancer vers eux. Et il me semble que cette responsabilité est d'autant plus grande pour les disciples de Christ. Nous devons être lumière du monde et sel de la terre. Nous devons démontrer que, pèlerins sur cette terre, nous comprenons ce que c'est que d'être « sur la route », parfois sans assistance, nous raccrochant à une seule espérance. Christ. L’Engagement du Cap affirme avec force que  

« Le contexte de toute notre mission est le monde où nous vivons, le monde de péché, de souffrance, d’injustice et de désordre dans la création, où Dieu nous envoie pour aimer et servir pour l’amour du Christ. » (Première partie, §10) 

Quant à Calvin, dans son 106e sermon sur le livre de Job, il affirme que : « Quand nous n’aurions ni loi écrite, ni prophète, ni rien qui soit, la 'seule nature' nous enseigne à agir, à 'courir' même, pour faire du bien à notre prochain lorsqu’il est 'aveugle', 'boiteux' ou  'indigent' des biens de ce monde. » Il va même jusqu'à écrire :  « Quand donc nous contemplons les hommes qui sont faits à notre semblance, et que nous les voyons être en nécessité : si nous ne leur donnons secours ne sommes-nous pas comme bêtes brutes, et pires avec ? » [1]

Notre responsabilité est simple. C'est d'accueillir, avec les moyens qui sont nôtres et qui parfois sont bien faibles, ces êtres humains en proie à la détresse. Faire le bien, sans discrimination, est un témoignage de notre foi.

Église et État

Enfin il existe une autre responsabilité de l'Église de Christ face à la crise humanitaire qui se joue. C'est celle d'appeler les gouvernements à l'exercice de la justice et de la solidarité. Cette question est complexe, et je n'essaierai pas de dire ce qui devrait être fait. Les enjeux économiques, démographiques et politiques dépassent ma modeste connaissance. Ce que je crois certain, c'est que, en tant que disciples de Christ, nous devons appeler publiquement à une solidarité humaine. Non pas à cause de principes humanistes. Non pas à cause d'une bienveillance qui nous donnerait bonne conscience. Mais simplement parce que ces milliers de personnes sont comme nous. Répétons-le. Ce sont des êtres créés à l'image de Dieu. Démontrer publiquement, à l'échelle nationale et européenne, l'attachement biblique des Églises à la dignité humaine fait partie de notre apologétique. Surtout dans les temps que nous vivons.

Je terminerai en soulignant que nous avons une responsabilité morale envers ces réfugiés. Mais cette responsabilité est premièrement celles des Églises. Certainement, ces dernières auront des moyens différents. Les chrétiens prendront des décisions différentes. Mais nous devrions démontrer cet accueil et la compassion qui sont fruits de la foi vivante en Christ. Comme l’écrit John Stott : « L’amour n’a pas besoin de se justifier. » Et c'est l'amour que nous avons les uns pour les autres, et par extension pour le monde qui nous entoure, qui démontrera notre foi. 


1- Je tiens cette référence de Daniel Hillion, qui travaille au SEL.

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