La première partie de cette série est disponible au lien suivant.
Une invitation à adorer
Vous savez, plusieurs voix, plusieurs appels se font aussi entendre aujourd’hui dans le monde évangélique : venez, impliquez-vous dans cette œuvre ! Venez, donnez votre argent à notre ministère ! Venez et soyez missionnels ! Venez, soyez culturels et accessibles ! Venez, impliquez-vous dans la société ! Venez faire des bonnes œuvres ! Etc.
Suis-je en train de dire que je suis contre tout cela ? Non. Mais je crains bien que ces appels soient criés tellement fort que l’appel de Dieu dans le Psaume 95 ne se fait plus entendre.
« Venez, chantons à haute voix à l’Éternel ; poussons des cris de joie vers le rocher de notre salut ! Allons au-devant de lui avec la louange, poussons vers lui des cris de joie en chantant des psaumes. » (v.1-2)
« Venez, adorons et inclinons-nous, agenouillons-nous devant l’Éternel qui nous a faits ! » (v.6)
Dieu se cherche de vrais adorateurs. Et Dieu nous invite, chacun de nous, à venir l’adorer dans la joie. Vous savez, les êtres humains n’ont pas été créés principalement pour travailler. Ils ont été créés afin d’adorer Dieu. Leur âme est ainsi formée. C’est pourquoi qu’après la chute de l’humanité, de sa séparation avec l’Objet de leur adoration – qui est Dieu –, le cœur de l’homme est devenu une usine d’idoles. C’est-à-dire que même séparé de Dieu, l’homme est demeuré un adorateur. Mais, ayant maintenant son cœur plongé dans les ténèbres et étant étranger à la vie merveilleuse de Dieu, il se tourne constamment vers des vanités, des choses créées et passagères, auxquelles il emprisonne les affections de son cœur, devenant ainsi esclave de ce qu’il adore à la place de Dieu.
Mais gloire soit rendue à Dieu pour l’Évangile qui nous apprend qu’Il a envoyé son Fils bien-aimé dans le monde, Jésus Christ, afin de libérer les captifs, de nous transporter du royaume des ténèbres à Son admirable lumière, de pardonner toutes nos fautes, pour nous donner un nouveau cœur dans lequel brille Sa gloire, afin que nous puissions enfin nous réjouir à célébrer Sa majesté !
Tant de livres sont écrits, tant de conférences sont tenues, essayant d’expliquer ce qu’est la vie chrétienne… Et tant de ces ouvrages-là invitent constamment les chrétiens à faire plus d’œuvres, plus d’évangélisation, plus de ceci et de cela. OK, oui, je comprends. Mais avons-nous oublié quel est le but principal de la vie chrétienne, et même de la vie tout entière ? Les Puritains, dans le fameux catéchisme de Westminster, écrivent comme toute première question :
Question 1 : Quel est le but principal de l’homme ?
Réponse : C’est de tout faire pour la gloire de Dieu et de ne prendre plaisir qu’en lui pour toujours.
Autrement dit, comme le reformulera fameusement John Piper, le but suprême de l’homme est de glorifier Dieu – de l’adorer – en trouvant notre plus grande satisfaction en lui.
Voici votre appel suprême en tant qu’êtres humains, et voici votre appel suprême en tant que pécheurs sauvés par la grâce de Dieu ! Si votre vie chrétienne se résume à faire des choses, s’il vous plaît, entendez l’appel de Dieu : « Venez, adorons et inclinons-nous, agenouillons-nous devant l’Éternel qui nous a faits ! » (v.6)
Et ne nous y trompons pas : Dieu ne nous appelle pas à l’adorer parce qu’Il en a besoin. Dieu nous appelle à l’adorer parce que c’est ce dont NOUS avons besoin. Ultimement, notre âme a besoin d’être satisfaite et ébahie devant la personne la plus extraordinaire et époustouflante qui existe, le Seigneur Jésus-Christ. Voilà pourquoi Dieu nous appelle à l’adorer, afin que sa gloire soit manifestée dans notre joie en lui, qui se manifeste et se complète dans l’adoration.
L’adoration
Je crois qu’il serait utile, avant de continuer, que nous définissions ce qu’est l’adoration. Au plus simple, nous pourrions définir l’adoration comme étant « la réponse appropriée devant la grandeur et la valeur de Dieu. » C’est ce que nous lisons dans le Psaume 95, où l’auteur y écrit deux grandes raisons d’adorer Dieu.
Pourquoi chanter à haute voix, pousser des cris de joie vers Dieu et aller devant lui avec des louanges (v.1-2) ? « Car l’Éternel est un grand Dieu, et un grand roi par-dessus tous les dieux » (v.3). Autrement dit, l’adoration joyeuse et exubérante du verset 1 et 2 est la réponse appropriée devant la grandeur et la seigneurie de Dieu.
Et pourquoi se prosterner, s’humilier et fléchir les genoux devant l’Éternel (v.6) ? « Car il est notre Dieu, et nous sommes le peuple dont il est le berger, le troupeau que sa main conduit » (v.7). Si la valeur intrinsèque de la personne glorieuse de Dieu attise notre adoration, combien aussi le fait qu’il est notre Berger, celui qui prend soin et conduit les siens ?
Voyez-vous combien l’adoration est directement liée à la personne et les œuvres de Dieu ? Comme D.A Carson l’écrit : « Si vous souhaitez approfondir le culte du peuple de Dieu, approfondissez surtout sa compréhension de l’ineffable majesté de sa personne et de toutes ses œuvres. »[1]
Ainsi, Dieu appel son peuple à se réunir afin de s’unir dans la louange et l’adoration, parce que cela est la réponse appropriée à la grandeur de sa valeur en tant que Créateur, Souverain, et Berger.
Appel à l’adoration collective
Toutefois, il y a quelque chose d’important dans cet appel à l’adoration du Psaume 95 que nous avons tendance à ne pas remarquer : les impératifs ne sont pas au singulier, mais au pluriel : « Venez, chantons […] poussons […] vers le rocher de notre salut […] Allons […] Faisons […] Venez, prosternons-nous et humiliions-nous, fléchissons le genou devant […] notre créateur […] Car il est notreDieu, et nous sommes le peuple […] » (v.1-7)
Ainsi, l’adoration de Dieu n’est pas uniquement une chose personnelle, mais collective. Cependant, cette vérité s’élève directement à l’encontre de la tendance d’aujourd’hui, où on croit que la religion et la foi sont une chose personnelle. Nous entendons même cela parmi les gens qui se disent chrétiens : « Ma foi, ma relation personnelle avec Dieu. » Cependant, même une lecture superficielle du Nouveau Testament prouve le contraire.
Voici un extrait non exhaustif des préceptes et des exemples qui s’y trouvent et qui démontrent des éléments d’un culte collectif : comme à la synagogue, la prière collective est offerte (Ac 2.42 ; 1 Tm 2. 1 ; 1 Co 14.16) ; l’Écriture est lue (1 Tm 4.13 ; 1 Th 5.27 ; 2 Th 3.14 ; Col 4.15, 16 ; 2 P 3.15, 16) et exposée dans la prédication (1 Tm 4.13 ; 2 Tm 3.15-17 ; 4.2). Les chants du peuple de la nouvelle alliance louent Dieu et s’encouragent mutuellement (Éph. 5.19 ; Col. 3.15 ; 1 Cor. 14.15, 26 ; Apoc. 5.9-13 ; 11.17 ; 15.3, 4). La réception et la distribution des dons sont liées au rassemblement des croyants (Actes 5.2 ; 1 Cor. 16:2). La foi est publiquement confessée (1 Tim. 6.12 ; 1 P. 3.21 ; Héb. 13.15 ; 1 Cor. 15.1-3). Le peuple reçoit la bénédiction de Dieu (2 Cor. 13.14). Le saint baiser de salutation est également commandé (Rom. 16.16 ; 1 Cor. 16.20 ; 2 Cor. 13.12 ; 1 Th. 5.26 ; 1 P. 5.14). Le peuple répond à la louange et à la prière en disant « Amen » (1 Cor. 14.16 ; Ap. 5.14 ; cf. Rm. 1.25 ; 9.5 ; Eph. 3.21).
Alors, il se peut que ta religion et ta foi soient personnelles, mais si c’est le cas, ne te dis pas chrétien. Le seul vrai Dieu qui se manifeste dans les Écritures et en Jésus Christ n’est pas venu seulement sauver des individus, mais il est venu sauver un peuple. Et non seulement un peuple, mais un peuple uni. Un peuple auquel il a promis par son prophète Jérémie de donner « un même cœur et une même voie » (Jé 32.39). Un peuple qui confesse Christ et sa vérité ensemble. Un peuple qui chante ensemble. Qui prie ensemble. Qui garde la foi ensemble. Un peuple qui adore ensemble.
Psaume 106.46 : « Sauve-nous, Éternel, notre Dieu ! Et rassemble-nous du milieu des nations, afin que nous célébrions ton saint nom, et que nous mettions notre gloire à te louer ! »
L’Église adore Dieu, pas l’adoration
J’aimerais terminer l’article avec deux applications de ce que nous venons de voir. La première est que l’Église adore Dieu et non l’adoration. Il semble que si souvent, sans même s’en rendre compte, nous commençons à adorer l’adoration au lieu d’adorer Dieu. Cela se voit, par exemple, quand nous cherchons une forme particulière pour la musique au point que nous ne sommes pas capables d’adorer Dieu quand la musique n’est pas selon nos préférences.
Nous ne nous rassemblons pas avec les frères et sœurs afin d’être centrés sur nous. Nous le faisons afin d’être centrés sur Dieu. C’est pour cela que le culte n’est pas par rapport aux préférences personnelles. Dieu est préférable à toutes nos préférences. Ce qui doit nous ravir dans le culte, ce n’est pas, en premier lieu, sa nouveauté ou sa beauté esthétique, mais son objet : Dieu lui-même est délicieusement merveilleux, et nous apprenons à nous délecter de lui de plus en plus chaque semaine.
Bien qu’il y ait toujours des choses qui peuvent être faites pour améliorer le culte collectif, un sentiment profond qu’un culte est bibliquement excellent ne peut pas être atteint simplement en poursuivant un culte excellent. De la même façon que, selon Jésus, on ne peut pas avoir la vie avant de la perdre, on ne peut pas non plus trouver un culte corporatif excellent avant que nous arrêtions d’essayer de trouver un excellent culte corporatif et que nous commencions à poursuivre Dieu lui-même.[2]
Nous ne pouvons pas attribuer au Seigneur toute la gloire due à son nom si nous sommes consumés par l’amour-propre ou intoxiqués par des visions pitoyables de notre propre grandeur ou indépendance. En contraste, les réunions de l’assemblée locale devraient être la médecine de cet amour propre, en nous conduisant dans une réelle adoration collective centrée sur Dieu, où les préférences secondaires sont mises de côté afin que la préférence suprême de tout vrai chrétien soit mise d’avant : l’Éternel notre Dieu.
L’église, c’est nous, pas toi
Je termine avec la deuxième application, qui est assez simple. Bien trop courante aujourd’hui est la tendance à voir les différents cultes de l’Église locale comme des services tous bien organisés, afin que tu vives un bon moment avec Dieu : les lumières sont fermées, tu ne vois quasiment pas celui qui est à côté de toi ; le son du band est si fort que tu n’entends même pas chanter celui à côté de toi ; mais wow, TU as passé un bon temps avec le Seigneur durant la louange… L’Église ne se réunit pas afin que TOI tu aies un bon temps avec le Seigneur. Tu as toute la semaine pour passer du bon temps avec le Seigneur. L’Église se réunit afin QU’ON ait du bon temps à adorer le Seigneur, ENSEMBLE. Voyez-vous la différence ? L’adoration collective n’est pas une réunion avec plein de gens qui viennent se réunir pour vivre des expériences personnelles avec Dieu. L’adoration collective est une expérience collective. De mieux comprendre cette facette de nos cultes d’église nous permettra de mieux y adorer Dieu selon ses désirs pour son peuple.
Par conséquent, tu vas te garder d’une église locale qui fait tout pour que tu passes un bon temps, et tu vas chercher une église qui fait tout pour chercher à adorer Dieu d’une manière collective. Tu vas aussi fuir l’Église où tout le monde fait tout ce qu’il veut quand il le veut. Cela n’est pas l’Église, ce sont des dirigeants de club social qui cherchent à offrir à des individus du bon temps.
Que Dieu dirige son peuple à s’unir en adoration. Amen.
Soli Deo Gloria