Le 19 mai 2023, Tim Keller est décédé. Chez les Chrétiens, on dirait qu’il a été « promu à la gloire ». Keller était un auteur de best-sellers, un pasteur, un apologiste, un des cofondateurs de « The Gospel Coalition », et un confrère presbytérien. Il s’est adressé à des millions de personnes, a rencontré des présidents, mais est toujours resté humble.
À son décès, j’ai voulu partager certaines de ses citations que j’ai trouvées particulièrement instructives et édifiantes. J’ai sélectionné de courtes phrases qui témoignent non seulement de sa sagesse, mais aussi de son utilisation volontaire et bien souvent poétique des mots.
Je n’ai jamais rencontré Keller personnellement. Ma seule interaction directe avec lui a été de manière électronique. En 2013, j’ai cité une phrase de Dark Vador telle qu’elle apparaît dans l’un de ses livres : « Je trouve votre manque de foi troublant ». Keller l’a retweetée. Alors, voyez-vous, cela fait pratiquement de nous des amis !
Plus sérieusement, ma première véritable introduction à sa pensée s’est faite par le biais de son best-seller, « The Reason for God : Belief in an Age of Skepticism ». Les gens en parlaient. J’ai été fasciné. Je l’ai acheté au « Crux Books », aujourd’hui fermé, sur le campus de l’université de Toronto. Ses écrits témoignaient d’une foi biblique authentique, soutenue par une vive intelligence.
Il a abordé de nombreuses questions et problèmes auxquels les gens étaient (et sont) confrontés : Comment un Dieu bon peut-il permettre la souffrance ? La science a-t-elle réfuté le christianisme ? Existe-t-il réellement une seule vraie religion ? Le livre ne se contente pas de présenter des défenses contre les critiques courantes à l’égard de la foi, mais aussi des raisons convaincantes et rationnelles de croire.
Dans ce livre, et dans sa vie en général, Keller a défendu une foi chrétienne théologiquement solide, gracieuse et sensible aux questions et aux expériences des gens d’aujourd’hui.
Cela correspondait à mon héritage protestant réformé, qui a toujours sérieusement pris en compte la formation et l’apprentissage. Le professeur John Leith a déclaré que dans la tradition réformée, un esprit vivant fait partie de notre service pour Dieu. L’utilisation des facultés cérébrales que Dieu nous a données est un moyen vital et vivifiant de glorifier et de servir Dieu.
Cet empressement est directement lié à ce que Jésus a dit dans Marc 12.30, à savoir que nous devons aimer le Seigneur de tout notre esprit. Je ne suis pas nécessairement d’accord avec tout ce que Keller a enseigné. Mais il a bien incarné ce principe. Et il l’a fait sans être incisif, condescendant ou méprisant – un écueil qui peut malheureusement être courant pour beaucoup d’entre nous.
Voici quarante-cinq citations tirées de douze de ses livres. Je les ai classées par titre de livre et je laisse les citations parler d’elles-mêmes. Si vous trouvez l’une d’entre elles convaincante, je vous encourage à vous procurer les livres, à lire les passages plus longs dont elles font partie et à engager les muscles de votre esprit en même temps que les affections de votre cœur.
The Reason for God: Belief in an Age of Skepticism (Riverhead Books, 2008)
Référence francophone : La raison est pour Dieu – La foi à l’ère du scepticisme (Édit : CLE, 2010)
1. « Au lieu d’essayer d’adapter nos désirs à la réalité, nous cherchons maintenant à contrôler et à adapter la réalité à nos désirs. » (73)
2. « En bref, l’enfer est simplement le choix délibéré d’une personne de se séparer de Dieu, et dont la voie mène au néant. » (80)
3. « Quand on perd toute humilité, on est déconnecté de la réalité. » (81)
Prodigal God: Recovering the Heart of the Christian Faith (Riverhead Books, 2008)
Référence francophone : Le Dieu prodigue – Revenir au cœur de la foi chrétienne (Édit. La Maison de la Bible, 2013)
4. « L’Évangile se distingue des deux autres approches [c’est-à-dire diviser le monde en deux catégories : les « bons » moraux et les « méchants » immoraux] : Selon lui, tout le monde a tort, tout le monde est aimé, et tout le monde est appelé à le reconnaître et à changer. » (52)«
5. Lorsque vous réalisez que l’antidote à la méchanceté n’est pas simplement d’être bon, vous êtes sur le point de vous en affranchir. » (88)
Generous Justice: How God’s Grace Makes us Just (Riverhead Books, 2010)
Référence francophone : Pour une vie juste et généreuse – Grâce de Dieu et pratique de la justice (Édit. Farel, 2018)
6. « À ma grande surprise, il existe une relation directe entre la compréhension et l’expérience qu’une personne a de la grâce de Dieu, et son cœur pour la justice et les pauvres. » (xxi)
7. « Les trois causes de la pauvreté, selon la Bible, sont la servitude, le malheur et l’immoralité. » (38)
The Meaning of Marriage: Facing the Complexities of Commitment with the Wisdom of God – with Kathy Keller (Dutton, 2011)
Référence francophone : Le mariage – Un engagement complexe à vivre avec la sagesse de Dieu (Édit. CLE, 2014)
8. « Tant que Dieu n’aura pas la place qui lui revient dans ma vie, je me plaindrai toujours que mon conjoint ne m’aime pas assez, ne me respecte pas assez, ne me soutient pas assez. » (72-73)
9. « Comme l’instrument du chirurgien, les amis peuvent être tranchants dans un but de guérison. »
The Freedom of Self-Forgetfulness: The Path to True Christian Joy (10 Publishing, 2012)
Référence francophone : La liberté dans l’oubli de soi (Édit. CLE, 2018)
10. « L’essence de l’humilité selon l’Évangile n’est pas d’avoir une haute opinion de soi-même ou de se sous-estimer, c’est plutôt ce qu’on appelle l’abnégation (oubli de soi). » (32) – Keller souligne que cette affirmation est basée sur une réflexion de C.S. Lewis, l’un de ses auteurs préférés.
11. « Vous rendez-vous compte que c’est seulement dans l’Évangile de Jésus-Christ que vous obtenez le résultat avant la performance ? » (39)
[Keller souligne le fait que, lorsque nous nous présentons devant Dieu, il n’y a pas de condamnation pour ceux qui sont en Christ (voir Romains 8.1). Nous sommes déclarés justes devant Dieu non pas en fonction de ce que nous avons fait (c’est-à-dire en fonction de nos antécédents moraux personnels), mais en fonction de ce que le Christ a fait pour nous. Nous « faisons » des œuvres d’amour et de service, mais ce n’est pas pour gagner quoi que ce soit. Cela fait partie de notre réponse reconnaissante et fidèle à ce que Dieu a déjà fait pour nous en Christ].
Encounters with Jesus: Unexpected Answers to Life’s Biggest Questions (Dutton, 2013)
Référence francophone : Rencontres avec Jésus – Des réponses inattendues aux plus grandes questions de la vie (Édit. Ourania, 2015)
12. « Jésus n’est pas venu avec une épée dans les mains, il est venu avec des clous dans les mains. » (54)
13. « Soyez sceptique à l’égard de votre propre scepticisme. » (87)
14. « Notre estime de soi repose sur un amour que nous ne pouvons pas perdre. » (118)
15. « Mais en général, Satan ne nous contrôle pas avec des marques de crocs dans la chair, mais avec des mensonges enfouis dans le cœur. » (122)
Walking with God through Pain and Suffering (Dutton, 2013)
Référence francophone : La souffrance – Marcher avec Dieu à travers les épreuves et la douleur (Édit. CLE, 2015)
16. « Nous ne sommes libres que dans la mesure où nous faisons ce pour quoi Dieu nous a créés, c’est-à-dire le servir. » (92)
17. « Nous sommes si naturellement et si foncièrement égocentriques que nous ne croyons pas l’être. » (123)
18. « C’est par la souffrance de Dieu que la souffrance de l’humanité sera finalement maîtrisée et éliminée. » (163)
19. « Nos souffrances, si elles sont bien supportées, rendent gloire au Seigneur. » (167)
20. « Le bonheur est le produit dérivé de la recherche de quelque chose de plus grand que le bonheur – à savoir une relation juste avec Dieu et avec notre prochain. » (187)
21. « Si vous croyez en Jésus et que vous vous reposez en lui, alors la souffrance agira sur votre caractère comme le feu agit sur l’or. » (234)
22. « Le mal et la souffrance ne sont pas ce que Dieu avait prévu à l’origine pour le monde, et par conséquent ils ne sont qu’une condition temporaire jusqu’à son retour. » (276)
23. « La paix de Dieu n’est pas l’absence de pensées négatives, c’est la présence de Dieu lui-même. » (297)
24. « Si vous vivez et chérissez quelque chose encore plus que Dieu, alors votre vie sera toujours semblable à une mer agitée. » (310)
25. « La souffrance nous rendra meilleurs (plutôt que pires) seulement si, en la supportant, nous apprenons à aimer Dieu avec plus d’ardeur qu’auparavant. » (322)
Galatians For You (The Good Book Company, 2013)
26. « Nous sommes sauvés par la foi, mais nous ne sommes pas sauvés par une foi stérile. » (152)
27. « Nous ne devrions pas avoir un comportement de consommateurs; des gens qui ne fréquentent l’église que pour en recueillir les bénéfices. » (174)
Prayer: Experiencing Awe and Intimacy with God (Dutton, 2014)
Référence francophone : La prière – s’émerveiller dans l’intimité de Dieu (Édit. CLE, 2016)
28. « Nos yeux ne peuvent pas regarder le soleil directement. Sa splendeur suffirait à submerger et à détériorer notre vue. Nous devons le regarder à travers un filtre; ce n’est qu’alors que nous pourrons en voir les grandes flammes avec leurs couleurs. Lorsque nous regardons Jésus-Christ tel qu’il nous est montré dans les Écritures, nous contemplons la gloire de Dieu à travers le filtre d’une nature humaine. » (49)
29. « Lorsque l’Esprit Saint descend sur vous dans toute sa plénitude, vous pouvez sentir que les bras de votre Père vous couvrent de leur protection. » (172)
The Songs of Jesus: A Year of Daily Devotions in the Psalms – with Kathy Keller (Viking, 2015)
Référence francophone : Les Psaumes de Jésus – Chaque jour de l’année (Édit. Ourania,2018)
30. « Reconnaissez et racontez les actions quotidiennes et merveilleuses de Dieu, et vous obtiendrez alors un air de reconnaissance et de joie en guise de musique de fond pour votre vie. » (13)
31. « Fais donc en moi l’œuvre qui ne se produit que lorsque je pleure et me confie en toi. » (54)
32. « Seigneur, je dois apprendre à instruire mon propre cœur, plutôt que d’écouter sa folie ou ses inquiétudes. » (89)
33. « Quand je pèche, je ne fais pas qu’enfreindre tes lois, mais j’offense ton cœur. » (108)
34. « L’univers est un immense océan rempli de la joie et de la gloire de Dieu. Nous sommes temporairement enfermés dans une petite goutte de tristesse ici sur terre. Mais cette dernière disparaîtra éventuellement. Indépendamment de ce qui arrive aux croyants en ce moment, tout finira par s’arranger. » (122)
35. « Prier, c’est arborer les plus belles couleurs du royaume. » (128)
36. « Seigneur, mes grands-parents ont vécu à une époque où ta Parole était respectée, mais ignorée. Je vis à une époque où elle est attaquée et réduite à néant. Rends-moi capable de défendre la vérité de ta Parole dans mon propre esprit et au moment opportun, devant les autres. Amen. » (323)
37. « Une once de péché peut nous faire plus de mal qu’une tonne de souffrance. » (327)
Hidden Christmas: The Surprising Truth Behind the Birth of Christ (Viking, 2016)
Référence francophone : Noël caché – La vérité surprenante de la naissance du Christ (Édit. CLE, 2017)
38. « Si Jésus-Christ entre dans votre vie, vous risquez de perdre votre réputation bien établie. » (56) [Il commente la situation de Joseph et Marie à travers les récits de la naissance de Jésus dans les évangiles; cette idée s’applique également à nous].
Making Sense of God: An Invitation to the Skeptical (Viking, 2016)
Référence francophone : Dieu le débat essentiel – Une invitation au scepticisme (Édit. CLE, 2019)
39. « Les gens croient en Dieu non seulement parce qu’ils ressentent une sorte de besoin émotionnel, mais aussi parce que cela donne un sens à ce qu’ils voient et expérimentent. » (23)
40. « Il y a une sorte de paix superficielle et temporaire que les gens modernes peuvent obtenir en ne pensant pas trop à leur situation, mais le christianisme peut donner une paix et un sens profonds qui viennent du fait qu’on se rend aussi conscients et attentifs que possible à ses croyances. » (69)
41. « Le fait de savoir que Jésus est mort pour nous par amour détruit à la fois notre orgueil et notre propre honte. » (147)
42. « Tout ce que la mort peut désormais faire aux chrétiens, c’est de rendre leur vie infiniment meilleure. »
43. En Jésus, nous sommes « surpris de voir de la tendresse sans faiblesse, de l’audace sans dureté, de l’humilité sans la moindre incertitude, et même une immense assurance. Les lecteurs peuvent découvrir par eux-mêmes ses principes immuables mais son accessibilité totale, son exigence de vérité mais toujours baignée d’amour, sa puissance sans insensibilité, son intégrité sans rigidité, sa compassion sans préjudice. » (233)
44. « Dans toute l’histoire du monde, il n’y a qu’une seule personne qui a non seulement prétendu être Dieu lui-même, mais qui a aussi amené un grand nombre de personnes à le croire. Seul Jésus réunit les attributs de la divinité et la beauté de la vie humaine. » (237)
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45. « Tout le monde dit qu’il veut une communauté et des liens fraternels, mais aussitôt que cela signifie engagement ou responsabilité, les gens se défilent. »
« Attaquez-les d’abord ! »
Pour terminer, voici une histoire qu’il a racontée dans son livre sur la prière:
Ethelfrith était le roi saxon de Northumbrie dans les années 600. Il avait envahi le Pays de Galles et était sur le point de livrer bataille. Les Gallois qu’il s’apprêtait à attaquer étaient chrétiens, et avant que le signal ne soit donné, Ethelfrith les regarda.
Mais il remarqua un groupe d’hommes non armés. Il demanda à quelqu’un qui ils étaient et on lui répondit qu’il s’agissait des moines chrétiens de Bangor. Ceux-ci ne portaient pas d’armes et priaient pour la victoire des Gallois.
Que dit Ethelfrith ? Il a crié : « Attaquez-les d’abord ! » (225).
Le roi saxon était extrêmement inquiet à l’idée que les prières de ces moines puissent réellement fonctionner. En pareil cas, Dieu accorderait aux Gallois la victoire, et à lui la défaite. En d’autres termes, il pensait que les moines qui priaient étaient plus dangereux pour lui que les hommes armés.
Frères et sœurs, malgré ce qu’on en dit, c’est ainsi que les choses se passent en réalité.
Ce que vous voyez n’est pas tout ce qu’il y a à voir.
Merci, Seigneur, pour Tim Keller, et pour la façon dont il a cherché à te glorifier par son esprit.
« Son maître lui dit: C’est bien, bon et fidèle serviteur; tu as été fidèle en peu de chose, je te confierai beaucoup; entre dans la joie de ton maître. » (Matthieu 25.23)
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