Le comte Nicolaus Zinzendorf aurait dit: « Prêchez l’Évangile, mourez et faites-vous oublier ». Ma femme aime souligner qu’il n’a accompli que les deux premières parties de cette déclaration. Il a prêché, il est mort, mais on ne l’a pas oublié.
J’irais même plus loin. Seule la première partie de sa déclaration est applicable. Nous n’avons aucun contrôle sur notre mort. Elle se produira, que nous le voulions ou pas. Nous n’avons pas non plus de contrôle sur la façon dont on se souviendra de nous. Je réviserais quelque peu la déclaration de Zinzendorf: « Prêchez l’Évangile, mourez et laissez les résultats à Dieu ». C’est plus précis, mais je doute que l’on inscrive ma déclaration révisée sur des t-shirts.
Nos vies sont brèves. Nous ne savons pas si l’on se souviendra de nous ou non. Concentrez-vous sur la seule chose que vous pouvez contrôler: faire en sorte que votre vie soit centrée sur l’Évangile. Puis, laissez le soin à Dieu de faire le reste.
Je suis souvent surpris par le nombre de personnes oubliées qui ont vécu avant nous. Leur vie a pourtant eu beaucoup d’importance. Elles ont joué un rôle important à leur époque. Dieu a vu leur travail et les a récompensées. Mais leurs noms sont oubliés dans l’histoire. Elles reposent dans des tombes anonymes et personne aujourd’hui n’est conscient de ce qu’a été leur contribution.
Allez dans une vieille église qui possède des photos d’anciens pasteurs datant de plusieurs dizaines d’années – en autant que vous puissiez la trouver. Repérez celui qui a servi dans cette église durant plusieurs années. Commencez à fouiller et à vous renseigner sur la vie et le ministère de ce pasteur. Il y a de fortes chances que vous ne trouviez pas grand-chose, et pourtant ce pasteur a joué un rôle important dans la vie de cette église, et l’héritage de ce ministère se perpétue probablement aujourd’hui d’une manière qui nous échappe.
Beaucoup de gens servent efficacement, mais ont le sentiment d’échouer. Je crois que chaque pasteur pourrait tirer profit de la lecture du livre Mémoires d’un pasteur ordinaire de D.A. Carson à propos de son père, Tom Carson, qui a été pasteur au Québec. Tom Carson n’a jamais réussi à exercer son ministère avec succès aux yeux du monde. Son journal personnel est rempli de doutes quant à l’impact de son ministère. Pourtant, son ministère était important, mais il avait ce sentiment d’échec. Beaucoup d’entre nous peuvent s’y reconnaître.
La réalité est que la plupart d’entre nous seront oubliés et que beaucoup d’entre nous auront le sentiment d’avoir échoué. Mais ni l’un ni l’autre ne sont des indicateurs justes de notre ministère. La question essentielle est de savoir si nous avons prêché l’Évangile. C’est la seule chose que nous pouvons contrôler. Le reste dépend de Dieu.
Dieu remarque le service de la personne la plus discrète, même si les résultats ne nous semblent pas très significatifs. C’est peut-être la raison pour laquelle l’Écriture met souvent en lumière des personnes apparemment sans importance: Quartus (Rm 16.23), la femme qui a oint les pieds de Jésus (Mt 26.6-13) ou la veuve qui a donné une maigre offrande au temple (Lc 21.1-4). C’est un peu comme si Dieu décidait de sortir de l’ombre quelques personnes et de les mettre en lumière pour que nous comprenions que, même si la plupart d’entre nous resteront dans l’oubli, les personnes ordinaires ont de l’importance pour lui.
Dans les Écritures, la plupart des personnes passent inaperçues. Le livre des Actes n’évoque pas le destin de la plupart des apôtres. Il s’intéresse plutôt à la propagation de l’Évangile.
Nos vies sont importantes pour Dieu, mais nous ne sommes pas son objectif principal. J’aime le conseil du comte Zinzendorf parce qu’il me rappelle que je ne suis pas le point central. Je dois cesser d’être obsédé par l’impact de mon ministère. Je dois me concentrer sur la seule chose que je peux contrôler: faire de ma vie un moyen de glorifier Dieu et de prêcher l’Évangile au mieux de mes capacités. Tout le reste dépend de Dieu.
Nous ne pouvons pas contrôler les résultats. Nous ne pouvons même pas mesurer le succès de ce que nous accomplissons. Nous ne pouvons pas savoir si l’on se souviendra de nous ou non. Mais nous pouvons faire la seule chose qui nous incombe: rester fidèle à notre tâche. Une fois que vous avez fait cela, laissez le reste à Dieu qui fera un bien meilleur travail avec nos héritages que nous ne pourrons jamais le faire.
En attendant, nous pouvons savoir que nos vies et nos efforts comptent pour lui.