On peut utilement diviser Ésaïe 52 en trois parties d’inégale longueur.
1° Le ton des six premiers versets est celui de la tendre assurance. Tant d’épreuves ont frappé Israël (même si c’était à cause de son péché) que la nation est écrasée. Les Israélites ont été vendus « gratuitement » (v. 3), enlevés « gratuitement » (v. 5). Jérusalem a été souillée (v. 1), enchaînée (v. 2), opprimée (v. 4), raillée (v. 5). Dorénavant, elle revêtira des « habits d’apparat » (v. 1), s’assiéra sur un trône (v. 2) comme une reine. Bien que le peuple ait été vendu pour rien, il a beaucoup de prix aux yeux de Dieu (v. 3). Pour Dieu, Israël est toujours « mon peuple » (v. 4). De plus, il lie son nom à ce qui est arrivé à Israël ; constamment, son « nom est blasphémé » (v. 5). Maintenant, les enfants d’Israël peuvent se consoler : Dieu, qui avait annoncé leur destruction, annonce aussi leur rétablissement (v. 6).
Ce qui frappe dans cette liste de faits opposés, à savoir la défaite cuisante et le dénigrement d’Israël d’un côté, et les termes enthousiastes que l’Éternel lui applique d’autre part, c’est que les premières mentions sont la conséquence du péché du peuple (comme le montre l’ensemble du livre), tandis que les secondes résultent de la bonté et de la fidélité du Dieu de grâce qui s’attache à son peuple et le délivre du châtiment qu’il lui a lui-même infligé.
2° Dans les quatre versets qui suivent (v. 7-10), la bonne nouvelle de la levée des sanctions qui ont frappé Israël doit être annoncée jusqu’aux extrémités de la terre. Non seulement les ruines de Jérusalem doivent éclater en cris de triomphe, mais « l’Éternel découvre le bras de sa sainteté aux yeux de toutes les nations ; et toutes les extrémités de la terre verront le salut de notre Dieu » (v. 9-10).
3° Les deux derniers versets (v. 11-12) invitent les exilés à partir, à sortir de leur captivité. Historiquement parlant, cette sortie n’aura lieu qu’après l’autorisation de Cyrus. Cependant, la prophétie d’Ésaïe a sans doute fait naître l’espoir et contribué à préparer le peuple à ce départ. Le langage rappelle fortement celui de l’exode, avec toutefois une différence énorme. Quand les Israélites ont quitté l’Égypte, il leur fut dit de dépouiller les Égyptiens d’un maximum d’objets, et d’emporter avec eux, notamment des bijoux et des vêtements. Ici, Dieu demande au peuple de ne toucher à rien, mais de sortir pur de Babylone. Nous pouvons donc penser que le but vers lequel vont se diriger les exilés n’est pas la Jérusalem géographique, mais la nouvelle Jérusalem ; ce que nous devons laisser derrière nous n’est pas seulement Babylone, mais tout ce que Babylone représente. Cette pensée nous aide à comprendre comment et pourquoi Paul se sert de ce passage en 2 Corinthiens 6.14-18, et quelles applications nous devons en faire aujourd’hui.