Songez un instant à la richesse et la diversité des moyens que Dieu a accordées au peuple d’Israël pour l’aider à se rappeler ce qu’il avait fait pour le délivrer, et à la nature de l’alliance que les Israélites s’étaient engagés à respecter.
Il y avait le tabernacle (puis le Temple, plus tard), avec ses rites et ses fêtes soigneusement prescrits : l’alliance n’était pas un système philosophique abstrait ; elle se reflétait dans le rituel religieux régulier. La nation était constituée de telle façon que les Lévites se distinguaient des autres tribus ; c’était à eux qu’incombait le devoir d’enseigner la loi au reste du peuple. Les trois grandes fêtes annuelles rassemblaient le peuple au sanctuaire central, le tabernacle d’abord, puis le Temple ; le rite suivi et la lecture de la loi servaient de rappels efficaces (Deutéronome 31.11). De temps en temps,
Dieu suscitait des juges et des prophètes, qui exhortaient le peuple à se conformer aux clauses de l’alliance. Les familles savaient comment transmettre à leurs enfants l’héritage de l’histoire, si bien que les générations successives, qui n’avaient pas été les témoins oculaires des actes étonnants de Dieu au temps de l’exode, étaient cependant parfaitement informées et ont reçu cette histoire comme étant la leur. Les bénédictions de Dieu récompensaient l’obéissance et ses jugements sanctionnaient la désobéissance ; les circonstances dans lesquelles l’assemblée des enfants d’Israël vivait incitaient donc à la réflexion et à l’examen de soi. Le système juridique et légal visait à communiquer à la nation naissante l’idée qu’elle était séparée des autres ; des barrières et des interdits empêchaient le peuple d’être contaminé par le paganisme des peuples voisins. Des événements spéciaux, comme les clameurs antiphoniques poussées sur les monts Garizim et Ébal peu avant l’entrée dans le pays promis (cf. la méditation du 22 juin) avaient pour but de graver la nécessité de la fidélité à l’alliance dans la mémoire nationale.
Dieu ajoute maintenant un moyen supplémentaire. Justement parce qu’il sait qu’avec le temps, le peuple se rebellera, il ordonne à Moïse de composer un cantique d’une telle valeur qu’il deviendra un trésor national, un cantique qui témoignera contre les Israélites (v. 19-22). Quelqu’un a dit : « Permettez-moi de composer l’hymne national d’un pays, et je n’aurai pas besoin de promulguer ses lois ». Cet aphorisme est certainement quelque peu exagéré, mais il contient une part de vérité. Ce sera d’ailleurs le but du chapitre suivant, à savoir Deutéronome 32. En fait, les Israélites apprendront un hymne national qui les condamnera s’ils ne tiennent aucun compte des autres moyens que Dieu leur a donnés pour nourrir leur souvenir et les inciter à obéir.
Dans l’Écriture et dans l’Histoire, quels moyens Dieu a-t-il gracieusement accordés aux héritiers de la nouvelle alliance pour les aider à se souvenir et à obéir ? Réfléchissez. Quel usage en avez-vous fait ? Quels cantiques entonnons-nous pour traduire ce principe en pratique, pour apporter au peuple de Dieu des enseignements substantiels, au-delà du seul sentimentalisme ?