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Bonjour, peux-tu te présenter ?
Bonjour, je m’appelle Joël Thibault, j’ai 41 ans, je suis marié avec Émilie depuis 17 ans, on a 4 enfants, 1 garçon et 3 filles.
Je suis actuellement pasteur d’une église protestante évangélique à Rennes qui s’appelle Espérance des Nations et je suis aussi co-président de l’association Holistique Sport France qui travaille à l’accompagnement spirituel des sportifs de haut niveau.
Comment es-tu tombé dans le bain de l’aumônerie sportive ?
Qu’est-ce qu’un aumônier sportif ?
J’ai découvert l’aumônerie du sport à travers un long processus de vie et de foi puisque j’ai d’abord été engagé, investi comme responsable de groupe de jeunes dans ma première église à Angers et étant issu du monde du sport, c’est à travers les activités sportives qu’on a fait un travail pour partager les valeurs de l’évangile, travailler sur le caractère et la solidarité entre les jeunes.
Et puis de fil en aiguille, je me suis investi dans différents projets où j’ai accompagné des jeunes dans des camps de sport, notamment de foot.
Ayant mes diplômes dans ce domaine, ayant passé aussi mon BFD, j’ai été directeur de camp d’été et je rencontrais beaucoup de jeunes qui aspiraient à être sportifs professionnels et se trouvaient à être isolés dans leur foie.
J’ai commencé à faire un accompagnement à partir de 2008 et progressivement, au fil des aiguilles, avec des rencontres, j’ai rencontré de plus en plus de sportifs et j’ai découvert l’aumônerie du sport à partir de 2013.
Mon nom a circulé jusqu’en Angleterre, qui cherchaient des aumôniers du sport pour les publics francophones avec des opportunités de servir à partir de 2014.
Je suis allé me former en Angleterre et j’ai commencé à être accompagné, mentoré par un aumônier gallois, Steve Jones, qui était un pasteur baptiste et qui avait une mission d’aumônerie, où il avait du temps, qui était libéré par son église locale pour faire ça.
Et de fil en aiguille, finalement, on m’a proposé d’être accrédité dans des grandes compétitions internationales, aussi bien dans le sport valide qu’en e-sport.
C’est comme ça que j’ai été accrédité aux Jeux paralympiques de Rio en 2016.
Et la même année, j’avais fait aussi les championnats du monde universitaire de rugby, où j’avais pu servir auprès des équipes de France masculins et féminins de rugby.
Et puis après, j’ai fait les mondiaux d’athlétisme.
L’aumônier, c’est quelqu’un qui accompagne les gens, qui est là pour prendre soin d’eux, quelles que soient leurs croyances ou leurs non-croyances, mais il est là aussi pour une oreille attentive, être là pour encourager et proposer la prière pour ceux qui le souhaitent.
Quels sont les principaux défis auxquels les sportifs de haut niveau sont confrontés ?
Les défis que les sportifs rencontrent, qu’ils soient chrétiens ou non chrétiens, sont les mêmes.
C’est lié aussi à la performance, à la pression, à la question aussi de faire face aux blessures, puisque leur corps est leur instrument de travail.
Quand ce corps est en souffrance, ça amène plein de remises en question aussi, plein de recherches de solutions.
Ça peut sonner aussi des fois la fin de carrière ou la perte de revenus.
Il y a plein de questions existentielles qui peuvent jaillir.
Et c’est les mêmes qu’on soit chrétien ou non chrétien.
Après, ce qui peut se passer, c’est que pour les sportifs qui veulent suivre Christ, il y a tout ce qu’il y a autour de ce monde du sport, toutes les tentations, toutes les sollicitations.
Aussi, quand on peut gagner beaucoup d’argent quand on est jeune, il y a le risque de le dépenser, de le gaspiller n’importe comment.
Il y a toute cette gestion aussi de l’argent, mais aussi gestion de ses émotions et prise de conscience de son identité.
Quand on est adulé pour ce qu’on fait, il est difficile de savoir vraiment qui on est et d’être vraiment aimé pour qui on est.
Je crois que le christianisme a un message d’amour intemporel, inconditionnel et qui n’est pas lié à nos performances.
La performance, finalement, c’est Christ qui l’a fait à la croix et qui a tout accompli pour que nous, on puisse découvrir ce qu’est la grâce de Dieu.
C’est tout ce que j’essaye de communiquer à travers mon livre, L’aumônie des champions, pour partager ce message aussi dans leur quête d’identité et leur construction individuelle.
Peux-tu nous partager une anecdote forte extraite de ton livre ?
Je vais vous partager une anecdote de mon livre qui concerne davantage la notion d’aumônier plutôt que d’accompagnateur spirituel de gens qui ont déjà une foi.
Je me suis retrouvé dans une compétition, c’était au jeu à Rio.
En faisant des contacts, parce qu’on est là pour être présent auprès des sportifs, j’ai connecté avec un membre d’un staff d’une équipe nationale.
En développant une relation avec lui, il m’a introduit auprès des membres de son équipe et j’ai commencé à les côtoyer, à discuter, à être là pour échanger.
Il se trouvait que pour un athlète, c’était sa première grande compétition internationale et il était là, livré un petit peu à lui-même.
Les coachs ne s’occupaient pas de lui.
Il était là, un petit peu sans but, un peu errant.
Donc, avec mes fibres d’entraîneur sportif, je suis allé vers lui.
Dans ce souci de l’aumônier qui est là pour prêter attention et prendre soin, j’ai commencé à lui poser des questions sur comment il se sentait à l’approche de cette compétition et s’il s’était fixé des objectifs.
Finalement, j’ai découvert qu’il était sans but.
À ce moment-là, j’ai commencé à l’aider à se fixer des objectifs.
Ce jour-là, il se trouve qu’en l’encourageant, il a fini dernier du concours.
On dirait, tiens, ça servait à quoi ?
Mais il a battu son record personnel.
Le fait que j’avais été là pour l’encourager et prendre soin de lui, tout le reste de la compétition, du tournoi, puisque lui devait rester là, je ne sais plus s’il avait encore d’autres épreuves à faire, il a voulu être en contact avec moi.
Du coup, il me suivait là où j’allais et dans mon emploi du temps, il fallait bien à des moments que je retourne au centre multiconfessionnel où on avait la salle de prière et de recueillement pour les chrétiens.
Là, on faisait les partages publics.
C’est comme ça qu’il a pu découvrir l’aumônerie et même une fois venir assister à une célébration.
Lui qui n’était pas de confession chrétienne a pu découvrir la foi chrétienne.
Et depuis 2016, on est toujours en contact et j’espère le revoir sur une prochaine compétition.
Malheureusement, on aurait dû se revoir, mais avec le Covid, certaines compétitions nous ont été restreintes et même les déplacements pour certains athlètes ont été restreints.
Je trouve que cet exemple est assez révélateur de beaucoup de choses que je peux raconter dans le livre aussi.
Les rencontres qui sont un peu comme Jésus qui va pourboire en donnant du pain et des poissons à des gens.
Les gens vont se mettre à le suivre et puis à un moment donné, il va les interpeller sur quelque chose qui est plus important que du pain et du poisson.
C’est ce que j’ai eu l’occasion de faire avec ce sportif, mais à travers les circonstances de la vie.
Comment pourrons-nous prier pour toi ?
C’est important de prier pour les aumôniers qui sont souvent en déplacement, qui peuvent se retrouver parfois isolés, qui accueillent beaucoup de souffrances, aussi des confessions, des épreuves, des péchés par lesquels les sportifs peuvent passer.
J’ai un chapitre qui est consacré à ça, confessions de l’aumônier.
Ça peut être des fois lourd à porter, et donc c’est important aussi pour notre santé mentale qu’on soit soutenu dans la prière, qu’on soit encouragé.
Il y a plusieurs événements qui arrivent en France avec les championnats du monde para-athlétiques, le monde handisport, les Jeux Olympiques, les Jeux paralympiques en 2024, avant la Coupe du monde de rugby 2023.
C’est des compétitions où on se met au service de ces sportifs, autant dans l’accompagnement spirituel que dans l’aumônerie, en fonction des opportunités que ces organisations nous donnent, d’apporter un service.
Donc, priez pour ces sportifs aussi, priez pour nous qui les accompagnons, que nous soyons remplis de sagesse, de compassion et porteurs d’un message d’espérance de Christ.
Matt Moury est diplômé de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine. Il a oeuvré pour une organisation étudiante missionnaire, Friends International, en Angleterre. Missionnaire soutenu par une Église anglicane évangélique, Christ Church Cambridge, il est pasteur de l’Église protestante baptiste d’Argenteuil.