Matt Moury échange avec Brad Dickson à propos de son nouveau commentaire sur l’épître aux Hébreux autour de quelques questions :
- Quel est le thème général de l’épitre aux Hébreux ?
- Qu’apporte l’épitre aux Hébreux par rapport aux autres lettres du Nouveau Testament ?
- En quoi Jésus est-il supérieur au reste de la création, notamment les anges ?
- De quoi Jésus accomplit-il les offices de l’Ancien Testament ?
- Comment utiliser votre commentaire de l’Épître aux Hébreux sur le plan pratique ?
Transcription
Cette retranscription est réalisée de manière automatique, merci de vous référer à l’original avant toute citation.
Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Oui bonjour à tous, je suis d’origine canadienne mais j’ai plus vécu en France qu’au Canada et mon épouse Catherine est française, nous avons trois grands enfants mariés et sept petits enfants et dans mon ministère avec mon épouse on a toujours été dans l’implantation d’église dans cinq projets différents, toujours dans le sud-est de la France et en parallèle de ce ministère d’implantation j’ai un ministère d’enseignement notamment à l’Institut Biblique de Genève où je donne le cours sur l’épitre romain et le cours sur l’épitre aux Hébreux et puis dans des formations internes à notre famille d’église qui est les CAEF.
Le thème général de l’épitre aux Hébreux ?
C’est sympa d’essayer de résumer un livre avec un mot, je vais en prendre deux pour l’épitre aux Hébreux.
Le premier c’est « meilleur » parce que tout au long de l’épitre il y a une comparaison qui se fait entre Jésus-Christ et la nouvelle alliance et puis l’ancienne alliance.
Autrefois les prophètes, aujourd’hui Dieu nous a parlé par son Fils et donc à chaque fois l’auteur dira « mais ce que nous apporte Jésus est meilleur » meilleur que les prophètes dans les premiers versets, meilleur que les anges dans le chapitre 1 et chapitre 2, meilleur que Moïse dans le chapitre 3, meilleur que Josué dans le chapitre 3 et chapitre 4 puisqu’il apporte un meilleur repos.
Ensuite quand on arrive dans les chapitres 7, 8, 9, 10, meilleure alliance, meilleur tabernacle, meilleur sacrificateur et meilleur sacrifice.
Donc ça c’est vraiment un thème qui traverse.
Le deuxième mot que j’emploierai c’est « persévérant » puisque c’est le but de l’épitre aux Hébreux d’exhorter ceux qui se disent chrétiens à suivre jusqu’au bout le Christ, à persévérer et c’est écrit bien sûr à un auditoire spécifique des Juifs, des personnes d’arrière-plan Juif qui avaient vu en Jésus le Messie mais qui suite à des persécutions, peut-être des déceptions, commençaient à faire demi-tour.
Et donc l’auteur veut vraiment les exhorter.
Mais j’aime bien aussi mettre ces deux mots ensemble puisque Jésus est meilleur, puisque Jésus est l’accomplissement de l’ancienne alliance, de tout ce que l’ancienne alliance appelait de ses voeux, alors persévérant dans la foi en Christ parce que seule cette foi-là sauve.
Voilà pour résumer le message de l’épitre aux Hébreux.
Qu’apporte l’épitre aux Hébreux par rapport aux autres lettres du Nouveau Testament ?
Si l’Hébreu n’était pas dans notre canon du Nouveau Testament, il nous manquerait des choses importantes.
Il y a énormément de christologie dans l’épitre aux Hébreux, avec des accents un peu différents que les épitres polyniennes.
Dans les épitres de Paul, on va beaucoup mettre l’accent sur Christ, fils de Dieu, sur Christ mort et ressuscité.
Dans l’épitre aux Hébreux, on va voir Christ assis à la droite de Dieu, qui règne, mais qui est aussi dans une place d’intercession.
Mais surtout, on va voir Christ comme souverain sacrificateur.
Ça, ce n’est pas un accent qu’on voit beaucoup dans les épitres de Paul, Christ sacrificateur.
Et donc, on va voir aussi l’humanité de Christ, le fait qu’il ait été tenté en toutes choses comme nous.
Ça, c’est magnifique.
L’obéissance qu’il a prise, c’est-à-dire qu’il a expérimenté, il a connu en chair et en os.
Il a lancé des grands cris à Dieu, son Père, dans la souffrance.
C’est magnifique pour nous de connaître Jésus-Christ sous cet angle-là, qu’on voit dans les Évangiles, mais un peu moins dans les épitres de Paul.
Ça, c’est un apport spécifique de l’épitre aux Hébreux.
Je dirais qu’un deuxième apport très important, c’est la manière dont cet auteur va lire l’Ancien Testament.
C’est-à-dire l’hérmonétique de l’Ancien Testament.
On a dans l’épitre aux Hébreux un modèle qu’on peut suivre quand nous, nous lisons l’Ancien Testament.
On peut chercher Christ dans l’Ancien Testament comme le fait l’auteur de l’épitre aux Hébreux.
Ça, c’est un apport majeur.
En quoi Jésus est-il supérieur au reste de la création, notamment les anges ?
On est un peu étonnés dans l’épitre aux Hébreux de trouver la mention des anges et dans le chapitre 1 et dans le chapitre 2.
Ce que l’auteur va nous dire dans le chapitre 1, c’est que Jésus est supérieur aux anges parce qu’il est Dieu, tout simplement, de par sa divinité.
Et dans le chapitre 2, il dira aussi que Jésus est supérieur aux anges de par son humanité.
Il s’est incarné, ce que les anges ne font pas non plus.
Donc, dans le chapitre 1, la question c’est vraiment qui est Jésus ?
Il est plus que les prophètes dans les premiers versets.
Donc, après, ses lecteurs peuvent dire, d’accord, il est plus que les prophètes, mais est-ce qu’il est vraiment Dieu ?
Est-ce que c’est peut-être juste un super ange ?
Et il va nous mitrailler de citations de l’Ancien Testament, des citations messianiques, dans lesquelles on trouvera plusieurs titres pour Jésus, Jean, Dieu carrément, Seigneur, qui est dans l’Ancien Testament grec, la Septante, le terme qu’on va employer pour l’éternel, pour Yahwé.
Et il est considéré comme éternel, vraiment, il veut être sûr qu’on comprend que Jésus est supérieur aux anges.
Alors, pour croire quel est l’enjeu, je dirais premièrement, si Jésus est vraiment Dieu, alors la rédemption est efficace.
C’est la conclusion qu’il donnera au chapitre 10 par une seule offrande, il nous a amené pour toujours à la perfection.
Donc, voilà l’importance de la divinité de Christ dans cette offrande.
Et puis, deuxièmement, c’est la force de sa parole, l’autorité de sa parole.
C’est comme ça qu’il commence le chapitre 2.
« Puisque c’est le Fils qui nous parle, nous ferons bien d’écouter.
Si nous négligeons cette parole-là, nous passons à côté du salut.
» Donc, ça peut avoir des applications pour nous.
Au premier siècle, il y avait un grand intérêt pour les anges, on voit ça dans la période entre les deux testaments, il y avait une espèce de fascination pour les anges, on voit dans la littérature extra-biblique, qui était encore présente quand l’auteur s’adresse à ses premiers lecteurs.
Et on voit peut-être aujourd’hui un intérêt accru pour les anges, il ne faudrait pas que ça commence à effacer l’importance de Christ.
De quoi Jésus accomplit-il les offices de l’Ancien Testament ?
C’est une question qui est chouette.
Je vois trois offices déjà de l’Ancien Testament, le prophète, le roi et le prêtre.
Et dans les trois premiers versets, il va nous dire que Jésus déjà est l’accomplissement de ces trois offices.
Avant, il nous a parlé par les prophètes, aujourd’hui il nous parle par le Fils.
C’est quoi la fonction du prophète ?
Il parle de la part de Dieu.
Jésus vient comme le dernier de tous les prophètes, le mot final de Dieu.
Ensuite, dans les trois premiers versets, on a l’intronisation de Christ en tant que Fils de Dieu.
Fils de Dieu, c’est un terme messianique, et c’est en lien avec la royauté aussi.
C’est à David que la promesse est faite, qu’il y aurait toujours un de ses fils sur le trône.
Jésus est l’héritier de toutes choses, selon les premiers versets, et il est assis à la droite de Dieu.
Donc là, on a le roi, le roi-messie, l’accomplissement de toute l’attente messianique de l’Ancien Testament.
Et puis Jésus, le sacrificateur ultime, le grand sacrificateur, fait la purification des péchés.
Dans les trois premiers versets, on le voit aussi, donc là aussi il y a un accomplissement.
Ces thèmes seront développés tout au long du livre.
Notamment la notion de Christ assis, on le retrouve à cinq reprises dans l’Épître, et à des moments très importants de l’Épître.
Comment utiliser votre commentaire de l’Épître aux Hébreux sur le plan pratique ?
On peut déjà l’utiliser dans sa lecture personnelle de la Bible.
En ce moment, dans mon culte personnel, je lis le Contique des Contiques.
Alors je suis en train de lire le commentaire de Woody Lewis sur le Contique des Contiques, et je trouve que ça enrichit mon appréciation du texte, ma compréhension.
Donc un commentaire n’est pas antinomique avec un culte personnel, d’autant plus que j’ai essayé, j’espère avoir réussi, à ne pas faire quelque chose de très aride, de très technique.
C’est vraiment un commentaire qui est axé sur l’application.
Déjà pour son culte personnel, on peut l’utiliser dans des groupes d’études bibliques, parce qu’à la fin de chaque chapitre, il y a des questions.
Donc la personne responsable de l’étude pourrait s’inspirer de ces questions pour le groupe.
Et puis, il faut l’avouer, il y a des textes pas faciles dans l’Épître aux Hébreux, quand on est dans le chapitre 6, quand on est dans le chapitre 10, il y a des exhortations très hardes.
La question survient, est-ce qu’on peut perdre le salut ou pas ?
Je pense que quand on bute contre quelques textes difficiles, on peut se référer à un commentaire pour se faire aider.
Et puis, j’espère que ça pourra aider aussi les prédicateurs.
Comment pouvons-nous prier pour vous ?
C’est une question très sympa, merci beaucoup.
Je vais répondre avec un verset de l’Épître aux Hébreux, chapitre 13, verset 7.
C’est « Souvenez-vous de vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu, considérez quel est le bilan de leur vie et imitez leur foi. »
J’aime bien ce texte parce que ça dit deux choses au sujet des conducteurs, deux choses qu’ils doivent faire.
Ils doivent annoncer la parole de Dieu, déjà.
« Considérez vos conducteurs qui vous ont annoncé la parole de Dieu. »
Donc, que le Seigneur me remplisse toujours de ses ailes pour annoncer la parole de Dieu, c’est le meilleur des cadeaux que je pourrais faire à l’Église.
Et puis, aussi, les conducteurs doivent avoir un bon bilan de vie, être un bon exemple et jusqu’au bout.
Ce mot « bilan » dans le texte, d’ailleurs, il est parfois traduit par « considérez la fin de leur vie ».
Et donc, malheureusement, on connaît quelques fois des pasteurs, des prédicateurs qui ne terminent pas très bien la course.
Donc, que le Seigneur m’aide à bien terminer la course et être un exemple.
[Générique]
Matt Moury est diplômé de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine. Il a oeuvré pour une organisation étudiante missionnaire, Friends International, en Angleterre. Missionnaire soutenu par une Église anglicane évangélique, Christ Church Cambridge, il est pasteur de l’Église protestante baptiste d’Argenteuil.
Brad Dickson, d’origine canadienne, travaille en France depuis 1985 dans l’implantation d’églises et la formation de futurs responsables. Marié avec Catherine, ils ont trois enfants. Après avoir participé à des implantations à Gap, à Grenoble et à Aix en Provence, Catherine et Brad entreprennent un nouveau projet d’implantation à Manosque (04), toujours avec les CAEF. Brad enseigne à l’IBG et a longtemps fait partie du comité. Il est l’auteur de deux commentaires (Romains et Hébreux) édités chez Clé.