« Si vous avez des frissons, avancez vers l’avant et on vous baptisera ! »
J’assistai au baptême d’un ami en visitant son Église…je n’avais jamais entendu un pasteur faire une annonce pareille pendant un culte !
« Oui je peux faire un accompagnement au baptême, mais je suis très occupé, il faudra attendre, et la préparation sera longue, on pourra vous baptiser au plus tôt d’ici deux-trois ans ! »
Pas étonnant que cette personne soit venue frapper à la porte d’une autre Église…
La question du temps approprié pour un baptême est souvent débattue. Est-ce mieux de baptiser ceux qui le souhaitent rapidement, ou plutôt d’encourager une longue période de préparation et d’observation ? La Bible ne donne pas de cadre strict pour répondre à la question. Chaque Église doit, avec sagesse, décider ce qui est le plus approprié, et parfois même au cas par cas.
Mais peu importe le discernement des leaders, peu importe la clarté de la préparation, peu importe le zèle des candidats, il y aura toujours des non-croyants qui se feront baptiser. Je commence cette rentrée ma 10e année dans mon Église. Avec joie, je vois de nombreuses personnes qui sont passées par le baptême et continuent de servir Christ avec courage. Avec tristesse, je me rappelle aussi tous ceux qui ont témoigné devant l’assemblée d’une foi qu’ils ont abandonnée par la suite. Ils sont nombreux.
La leçon de Simon le magicien
Simon le magicien est un exemple qui attriste, mais aussi rassure. Son attraction vers l’Église est très forte. Il rejoint le rang de ceux qui se font baptiser en réponse à l’annonce de « la Bonne Nouvelle du royaume de Dieu et du nom de Jésus-Christ » (Ac 8.12). Il voit une puissance supérieure à la sienne, et abandonne ses voies occultes pour suivre Philippe l’évangéliste. Il ne le quitte plus (Ac 8.13), avide de comprendre davantage cette puissance surnaturelle à l’œuvre qui change les vies, apporte la joie, et appartient à un autre monde. Il se soumet aux autorités spirituelles, prend la posture d’un disciple, semble rempli de zèle et de promesse.
Il ne faudra cependant pas longtemps pour que la vraie couleur de son cœur ressorte. Il essaie d’acheter à Pierre le « pouvoir » de conférer le Saint-Esprit.
Il cherche la voie rapide : le pouvoir sans preuve de persévérance.
Il est motivé par son propre intérêt, le divin sans droiture. « Ton cœur n’est pas droit devant Dieu », lui répond Pierre (Ac 8.21).
Il cherche la rédemption sans repentance. « Je vois que tu es rempli d’amertume et prisonnier du mal » discerne Pierre (Ac 8.23), mais Simon reste passif face à ce reproche.
Philippe faisait partie de la crème de la crème. Un des diacres remarquables de l’Église de Jérusalem devenu évangéliste courageux, le premier à sortir des territoires juifs pour annoncer avec puissance la Parole. Et pourtant, il baptise un non-croyant.
Dieu voit les cœurs, l’Église voit les fruits
Dieu est le seul à voir les cœurs. Simon le magicien était très motivé dans sa démarche de baptême, mais sans transformation intérieure. Ça arrive. L’Église est attractive, par sa joie, sa communauté, son amour, sa validation accordée selon les dons de chacun et l’investissement dans des ministères. D’un point de vue strictement humain, l’Église peut être attrayante même pour des personnes qui ne sont pas nées de nouveau. Pour ceux qui possèdent l’Esprit, l’Église est extrêmement attractive —plus encore, c’est identitaire et incontournable pour une vie d’obéissance et d’écoute de l’Esprit.
Sans connaître les cœurs, nous ne pouvons pas non plus connaître l’exactitude des motivations des candidats au baptême. La vie intérieure de chacun est si complexe.
Dans notre assemblée, nous pratiquons un suivi sur plusieurs semaines. Nous recherchons la cohérence du témoignage de la personne qui se fait baptiser, une vraie compréhension de l’Évangile comme des marques de son application dans une vie d’obéissance. Et pourtant, nombreux sont ceux qui ont suivi ce parcours pour s’en détourner. Non que la préparation ne soit pas importante. Mais malheureusement, c’est souvent le temps, sur la durée, qui révèle un véritable attachement à Christ. Mon épouse s’est fait baptiser le même jour qu’un jeune homme de son Église ; ils ont suivi tous les deux la même préparation sur plusieurs semaines. Il n’y a pas longtemps, il s’est fait arrêter pour kidnapping !
Si Philippe ne pouvait pas voir le cœur de Simon, par son baptême, l’ex-magicien s’était identifié à l’Église, maintenant responsable de veiller sur lui. Par son baptême, Simon s’était soumis de manière publique à Christ. L’Église avait ainsi toute la légitimité pour le reprendre, comme Pierre le fait avec force et courage.
Il n’y a qu’un seul chapitre des Écritures où Jésus parle de la vie de l’Église et son fonctionnement, en Matthieu 18, et son application principale est de veiller les uns sur les autres pour que nul ne s’égare dans le péché. Dieu voit les cœurs, l’Église voit les fruits, ou le manque, et a la responsabilité d’accompagner ses membres vers la cohérence de vie. Les responsables d’Églises continueront d’être trompés par des personnes, de manière volontaire ou non, demandant le baptême et le discipulat sans être nées de nouveau. Il faut l’accepter avec humilité, comme accepter notre responsabilité de continuer à veiller pour que chaque chrétien vive une vie cohérente d’obéissance et d’amour envers Jésus-Christ notre Sauveur.
Parfois c’est par la persévérance que les gens se convertissent, lorsque l’Évangile est finalement compris et appliqué face à l’épreuve de la foi, dans la dépendance et le brisement. L’Église n’est pas une « police du salut », mais une communauté de sagesse et de vérité qui encourage à la persévérance, l’obéissance et une vie d’adoration.
Conclusion
La responsabilité de l’Église en sagesse, discernement et engagement est la même envers les baptisés et les désireux au baptême. Nous sommes conviés à veiller les uns sur les autres à chaque étape de la vie chrétienne. L’appel de tous ceux qui se disent publiquement à Christ est grand, et nous sommes redevables les uns envers les autres pour vivre de manière digne de cet appel.
Je me souviens encore de mon baptême comme un des plus beaux jours de ma vie. C’est un événement spécial, unique (pour la plupart !), et comme de nombreuses étapes de la vie chrétienne c’est autant un commencement qu’un aboutissement. La réussite des baptêmes est autant dans la préparation que dans l’accompagnement qui suit.