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La Cène ajoute-t-elle quelque chose à l’œuvre expiatoire de Christ ?

Non. Christ est mort une seule fois pour tous. La Cène est un repas d’alliance qui célèbre l’œuvre expiatoire de Christ. Elle est aussi un moyen de fortifier notre foi dans la mesure où nous regardons à lui, ainsi qu’un avant-goût de la fête à venir. Mais ceux qui prennent ce repas avec des cœurs impénitents mangent et boivent un jugement contre eux-mêmes.

Non. Christ est mort une seule fois pour tous.

Mode enfant

Écriture

1 Pierre 3:18

Christ aussi a souffert, et ce une fois pour toutes, pour les péchés. Lui le juste, il a souffert pour des injustes afin de vous conduire à Dieu. Il a souffert une mort humaine, mais il a été rendu à la vie par l'Esprit. . . .

Commentaire

J. C. Ryle (1816 – 1900)

Que cela soit bien clair dans notre esprit : le repas du Seigneur ne fut pas donné comme moyen de justification ou de conversion. Il n’a jamais été destiné à apporter une grâce là où la grâce n’était pas encore présente, ou à accorder le pardon à celui qui n’en bénéficiait pas déjà. Il ne peut en aucun cas pallier le manque dû à l’absence de repentance vis-à-vis de Dieu et de foi dans le Seigneur Jésus-Christ. C’est une ordonnance pour celui qui se repent, pas pour l’impénitent, pour celui qui croit, pas pour le non-croyant, pour celui qui s’est converti, pas pour l’inconverti. L’homme inconverti qui pense avoir trouvé un raccourci vers le paradis en prenant part au sacrement, sans fouler les vieilles marches de la repentance et de la foi, découvrira un jour à ses dépens qu’il s’est totalement mépris. Le repas du Seigneur a été instauré pour accroître et assister la grâce que possède un homme, non pas pour conférer une grâce qu’il ne possède pas. Sa finalité n’a certainement jamais été de nous réconcilier avec Dieu, de justifier, ou de convertir.
La manière la plus simple de décrire la faveur que peut s’attendre à recevoir celui qui prend part au repas du Seigneur avec un cœur sincère serait de dire : son âme sera affermie et rafraîchie. Il aura une vision plus claire du Christ et de son expiation, une vision plus claire des fonctions remplies par le Christ en tant que notre médiateur et notre avocat, une vision plus claire de la complète rédemption que le Christ a obtenue pour nous en mourant à la croix à notre place, une vision plus claire de notre acceptation parfaite et totale en Christ devant Dieu. Mais aussi de nouvelles motivations vers une repentance sincère face à son péché, de nouvelles motivations pour une foi vibrante, de nouvelles motivations pour vivre une vie sainte, consacrée, à l’image du Christ. Voici quelques-unes des principales retombées auxquelles un croyant peut assurément s’attendre lorsqu’il participe au repas du Seigneur. Celui qui mange le pain et boit le vin avec un esprit bien disposé se trouvera attiré dans une communion plus intime avec le Christ, et aspirera à le connaître davantage, et à mieux le comprendre.
En mangeant ce pain et en buvant cette coupe, un tel homme verra sa repentance s’approfondir, sa foi grandir, sa connaissance s’étendre, sa discipline de marche dans la sainteté s’affermir. Il se rendra davantage compte de la « présence réelle » du Christ en son cœur. En mangeant ce pain par la foi, il se sentira plus intimement en communion avec le corps du Christ. En buvant ce vin par la foi, il se sentira plus intimement en communion avec le sang du Christ. Il verra plus clairement ce qu’est le Christ pour lui, et ce qu’il est pour le Christ. Il comprendra plus en profondeur ce que signifie être « un avec le Christ, et le Christ un avec lui. » Il sentira que les racines de la vie spirituelle de son âme ont été arrosées, et que l’œuvre de la grâce dans son cœur s’est fermement établie, nourrie, et multipliée. Toutes ces choses peuvent sembler folie à l’homme naturel, mais pour un chrétien véritable, ces choses sont lumière, force, vie et paix.

Méditation

Étienne Lhermenault

Saisi par une fièvre commémorative tenace depuis une trentaine d’années, notre monde ne cesse de chercher des raisons d’espérer ou au moins de ne pas reproduire les erreurs du passé dans ces grand-messes publiques. Cette frénésie a au moins une vertu, elle peut aider le croyant à comprendre le rapport entre la Cène et l’événement qu’elle célèbre.
Précisons d’abord que le partage du pain et du vin est bien de l’ordre de la commémoration : « Faites ceci en mémoire de moi », a ordonné le Seigneur à ses disciples (1 Corinthiens 11 : 24-25). Or, une commémoration – pensez par exemple aux festivités du 70e anniversaire du débarquement en Normandie – n’ajoute rien à l’événement célébré, ni à ses conséquences historiques. C’est exactement ce que dit Pierre : « Le Christ lui-même a souffert la mort pour les péchés, une fois pour toutes. » (1 Pierre 3 : 18) La Cène n’est donc pas une répétition ou même plus subtilement une actualisation efficace du sacrifice de Christ comme le conçoit le catholicisme avec la messe. Les éléments restent des symboles et ne subissent aucune transformation, de même que celui qui les ingère n’est pas transformé ou sanctifié par eux. C’est ce que précise Jésus à ses auditeurs quand il les invite à manger sa chair et à boire son sang : « Les paroles que je vous ai dites sont Esprit et vie » (Jean 6 : 53-58, 63).
Bien que la Cène n’ajoute rien à l’œuvre expiatoire de Christ et ne transforme pas celui qui y prend part, elle n’est pas qu’un simple souvenir d’un acte du passé. Parce que le Christ est ressuscité et que son Esprit est à l’œuvre aujourd’hui, elle manifeste de façon concrète une dimension bien réelle du présent, la communion avec Jésus, le Christ, qui s’est offert pour notre salut, et la communion les uns avec les autres, nous qui sommes au bénéfice du même sacrifice et appartenons au même Sauveur. En buvant tous à la même coupe et en partageant le même pain, nous montrons que nous formons un seul corps (1 Corinthiens 10 : 17).

La Cène est donc une excellente occasion de faire le point sur la réalité de notre relation avec Christ et avec les autres, de « s’examiner soi-même » comme nous y invite Paul (1 Corinthiens 11 : 28). S’il arrivait que nous nous soyons éloignés du Seigneur ou que nous ayons quelque différend avec un frère ou une sœur, ce rendez-vous communautaire est une invitation solennelle à rentrer en nous-mêmes, à faire le point et à nous engager sur la voie de la repentance, du pardon et de la réconciliation. Et si nous n’y étions pas prêts, il vaudrait mieux nous abstenir de peur d’être jugés (1 Corinthiens 11 : 29).
La Cène, en célébrant l’événement le plus important de toute l’histoire de l’humanité, est enfin une commémoration d’un genre particulier en ce qu’elle tourne nos regards vers l’avenir, un avenir fait d’espérance : « Toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » (1 Corinthiens 11 : 26). En prenant le pain et le vin, nous commémorons certes la mort de celui qui nous a aimés, mais aussi la glorieuse espérance de son retour, et donc sa victoire sur la mort par la résurrection !
La Cène n’ajoute rien à l’œuvre expiatoire de Christ, mais elle fortifie notre foi en nous aidant à relever la tête : les combats et les luttes, le deuil et les larmes ne dureront pas toujours. Celui qui nous a sauvés y mettra fin en venant bientôt nous chercher !

Prière

Seigneur, toi qui as conquis la mort, nous célébrons ton œuvre achevée en participant à ton repas. Que ce que nous mangeons soit une confession de foi, sachant que malgré notre indignité, nous avons été mis au bénéfice de la dignité de Christ. Apprends-nous à nous approcher de ta table avec un cœur repentant, mettant de côté notre orgueil et notre autosuffisance pour jouir de la grâce que tu nous offres. Amen.