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Définition

La rédemption désigne la libération ou le rachat de personnes ou de choses grâce au paiement d’un prix. Il s’agit d’un terme juridique apparenté à l’alliance et étroitement associé au concept de rançon, d’expiation, de substitution et de délivrance, et par conséquent, au salut. En théologie, la rédemption fait fondamentalement référence à l’œuvre salvatrice du Christ, qui est venu nous offrir la rédemption en donnant sa vie en substitution de la nôtre comme paiement de la rançon.

Résumé

La rédemption est un terme et un concept sotériologique incontournable pour les chrétiens. L’importance de ce mot est claire dans la mesure où il définit la catégorie englobant l’intégralité de l’œuvre salvatrice de Dieu : l’histoire de la rédemption. Il s’agit d’une notion primordiale dans l’étude de la doctrine du salut, comme l’explique le célèbre livre de John Murray : La rédemption accomplie par Jésus-Christ, appliquée par le Saint-Esprit (Europresse, 2018). La rédemption (apolutrósis) fait avant tout référence à l’œuvre que le Christ a accomplie pour nous, par laquelle il nous a rachetés et a payé notre rançon au prix de sa propre vie, assurant notre délivrance de l’esclavage et de la condamnation du péché. Comme le dit un vieux cantique, « il a payé une dette qui n’était pas la sienne, parce que nous avions une dette que nous ne pouvions pas payer ». Le Nouveau Testament aborde souvent l’œuvre salvatrice du Christ de la même façon. J. I. Packer explique : « Dans le Nouveau Testament, les références au sang du Christ ont souvent une connotation de sacrifice (p. ex., Ro 3.25 ; 5.9 ; Ép 1.7 ; Ap 1.5). En tant que sacrifice parfait pour le péché (Ro 8.3 ; Ép 5.2 ; 1 Pi 1.18,19), la mort du Christ constitue notre rédemption (c.-à-d. notre salut par le paiement de la rançon : le paiement d’un prix grâce auquel nous sommes libérés du danger de la culpabilité, de l’esclavage au péché, et de la colère à venir ; Ro 3.24 ; Ga 4.4,5 ; Col 1.14) »[1].

La rédemption (apolutrósis) fait principalement référence à l’œuvre que le Christ a accomplie pour nous, par laquelle il nous a rachetés et a payé notre rançon au prix de sa propre vie, assurant notre délivrance de l’esclavage et de la condamnation du péché. Le Nouveau Testament aborde souvent l’œuvre salvatrice du Christ de la même façon.

Dans Actes 20.28, Paul enseigne aux anciens d’Éphèse l’importance de veiller sur « l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang ». Il signale aux Corinthiens : « [Vous] ne vous appartenez point à vous-mêmes [, car]vous avez été rachetés à un grand prix » (1 Co 6.19,20). Lorsqu’il s’adresse aux Colossiens, Paul remercie le Père qui « nous a délivrés de la puissance des ténèbres et nous a transportés dans le royaume de son Fils bien-aimé, en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés » (Col 1.13,14).

Lorsqu’il s’adresse à Timothée et aux Éphésiens, il déclare : « Car il y a un seul Dieu, et aussi un seul médiateur entre Dieu et les hommes, Jésus-Christ homme, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous » (1 Ti 2.5,6). Il rappelle à Tite la « bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ [qui] s’est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui et zélé pour les bonnes œuvres » (Tit 2.13,14). Il annonce aux Galates que « Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous » (Ga 3.13) ; un peu plus loin, il ajoute que « lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin qu’il rachète ceux qui étaient sous la loi, afin que nous recevions l’adoption » (4.4,5).

Pierre emploie lui aussi ce langage lorsqu’il exhorte les chrétiens d’Asie mineure en disant : « [Conduisez-vous] avec crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre ; vous savez que ce n’est pas par des choses périssables, par de l’argent ou de l’or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache » (1 Pi 1.17‑19). De même, Jean rapporte que, sur l’île de Patmos, il a entendu ceux qui sont au ciel chanter un cantique nouveau : « Tu es digne de prendre le livre, et d’en ouvrir les sceaux ; car tu as été immolé, et tu as racheté pour Dieu par ton sang des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple, et de toute nation ; tu as fait d’eux un royaume et des sacrificateurs pour notre Dieu, et ils régneront sur la terre » (Ap 5.9,10).

Le contexte de l’Ancien Testament

Dans l’Ancien Testament, la notion de rédemption est importante et on la retrouve dans de nombreux contextes différents. Les mots-clés sont gāʾal (« racheter », « le devoir de rachat d’un parent ») et pāḏâ (« racheter », « payer une rançon », « délivrer »). Sous la loi mosaïque, les premiers-nés, humains et animaux, étaient consacrés au Seigneur par rédemption (Ex 13.2,11‑16 ; 22.29,30 ; 34.19,20 ; No 3.44‑51 ; 18.15‑19). Il était aussi possible de racheter des terres et autres biens (Lé 25.23‑34), comme cela est arrivé dans l’histoire de Ruth et de Boaz. Boaz est appelé le gōʾēl, le « parent qui a le droit de rachat » (Ru 2.20 ; 3.9,12,13 ; 4.1,3,6,8,14).

Cependant, l’événement qui illustre le mieux la rédemption dans l’Ancien Testament est l’Exode, lorsqu’Israël est racheté et que Dieu intervient en tant que Rédempteur. Moïse rapporte les paroles de Dieu au peuple : « Je suis l’Éternel, je vous affranchirai des travaux dont vous chargent les Égyptiens, je vous délivrerai de leur servitude, et je vous sauverai à bras étendu et par de grands jugements. Je vous prendrai pour mon peuple, je serai votre Dieu, et vous saurez que c’est moi, l’Éternel, votre Dieu, qui vous affranchis des travaux dont vous chargent les Égyptiens. Je vous ferai entrer dans le pays que j’ai juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob ; je vous le donnerai en possession, moi l’Éternel » (Ex 6.6‑8). Le repas de la Pâque (Ex 12.23‑28) est une commémoration de cet acte de rédemption.

Plus tard, David s’adresse à Dieu en disant : « Ô Éternel, mon rocher et mon rédempteur ! » (Ps 19.15), et Asaph décrit Israël dans le désert en ces mots : « Ils se souvenaient que Dieu était leur rocher, que le Dieu Très-Haut était leur libérateur » (Ps 78.35). Pour Ésaïe, qui voit l’exil approcher, le titre est très important : « Ne crains rien, vermisseau de Jacob, faible reste d’Israël ; je viens à ton secours, dit l’Éternel, et le Saint d’Israël est ton sauveur » (És 41.14, voir aussi És 43.14 ; 44.6,24 ; 47.4 ; 48.17 ; 49.7,26 ; 50.34 ; 54.5,8 ; 59.20 ; 60.16 ; 63.16).

Quatre passages significatifs du Nouveau Testament

Dans le Nouveau Testament, quatre passages illustrent l’importance de la rédemption et du prix de la rançon en les mettant en parallèle avec la personne et l’œuvre du Christ. « Dans le Nouveau Testament, le langage de la rédemption […] fait référence à l’œuvre salvatrice du Christ et à son impact sur l’humanité. La Parole de notre Seigneur met en évidence trois faits incontestables : (1) l’œuvre qu’il vient accomplir est liée à une rançon, (2) le don de sa vie est le prix de cette rançon, et (3) la rançon a un caractère substitutionnel »[1]. Ces éléments sont clairement évoqués dans Matthieu 20.28 ; Romains 3.22‑25 ; Éphésiens 1.7,8 ; Hébreux 9.12‑15.

Matthieu 20.28

En réponse à ses disciples ambitieux en quête de prééminence, Jésus déclare : « Le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon (lutron) de beaucoup » (Mt 20.28). La description que Jésus fait de son appel, de son but et de sa mission dans la vie est frappante. Elle est marquée par le don de soi. Il n’est pas venu pour que d’autres personnes le servent. Il est venu pour servir les autres. En effet, il est venu pour se mettre entièrement au service des autres, jusqu’à donner sa vie pour payer la rançon. Matthew Henry explique : « Jésus Christ a donné sa vie en rançon. Nous avons perdu notre vie à cause du péché et elle a été remise entre les mains de la justice divine. En se séparant de sa vie, le Christ a expié le péché et a ainsi sauvé la nôtre ; il a été fait péché et malédiction pour nous, et il est mort, non seulement pour notre bien, mais aussi à notre place »[3].

Romains 3.22‑25

Lorsque Paul explique le fondement de la justification gracieuse, il déclare : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce, par le moyen de la rédemption [apolutrósis] qui est en Jésus-Christ. C’est lui que Dieu a destiné à être, par son sang pour ceux qui croiraient, victime propitiatoire » (Ro 3.23‑25). Paul est parfaitement clair sur le fait que notre justification (le fait que nous soyons considérés comme justes ou déclarés comme tels par Dieu) est le don absolument gratuit et gracieux du Père céleste qui nous aime d’un amour démesuré ; nous sommes « gratuitement justifiés par sa grâce ». Autrement dit, la justification nous est offerte avec grâce, sans que nous ayons besoin de payer quoi que ce soit, mais son fondement est incroyablement coûteux, et elle n’est rendue possible que par le prix exorbitant de « la rédemption qui est en Jésus-Christ ». Gratuite pour nous, mais coûteuse pour Dieu. Jésus a payé le prix de la rédemption pour que nous soyons justifiés gratuitement.

Éphésiens 1.7,8

Dans Éphésiens 1.3‑14, la glorieuse prière de Paul inclut cette reconnaissance, destinée à susciter l’émerveillement, l’amour et la louange des Éphésiens (ainsi que la nôtre) : « En lui nous avons la rédemption [apolutrósis] par son sang, le pardon des péchés, selon la richesse de sa grâce, que Dieu a répandue abondamment sur nous » (Ép 1.7,8). Encore une fois, le message est clair. Notre pardon est à la fois coûteux et gratuit. Le prix de notre rédemption est le sang, la vie et la mort du Christ. Ce n’est que sur cette base que nous pouvons recevoir le pardon qui nous est librement accordé selon les richesses de la grâce de Dieu. Nous sommes sans cesse témoins de la manière dont Dieu paye le prix de notre salut pour nous en faire don gratuitement.

Hébreux 9.12‑15

Lorsqu’il considère la supériorité de la nouvelle alliance par rapport aux formes de culte observées dans l’ancienne, l’auteur de l’épître aux Hébreux déclare : « [Christ] est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang, ayant obtenu une rédemption éternelle [lutrósis]. Car si le sang des taureaux et des boucs, et la cendre d’une vache répandue sur ceux qui sont souillés, sanctifient et procurent la pureté de la chair, combien plus le sang de Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il votre conscience des œuvres mortes, afin que vous serviez le Dieu vivant ! Et c’est pour cela qu’il est le médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, la mort étant intervenue pour le rachat [apolutrósis] des transgressions commises sous la première alliance, ceux qui ont été appelés reçoivent l’héritage éternel qui leur a été promis » (Hé 9.12‑15).

L’épître aux Hébreux explique en quoi Jésus est un meilleur grand prêtre et un meilleur médiateur au sein d’une meilleure alliance. Il est meilleur dans le sens où il a donné son propre sang (9.12), sur la base de sa propre justice, contrairement aux prêtres aaroniques qui devaient offrir des sacrifices pour eux-mêmes et pour le peuple. Jésus est à la fois le prêtre parfait et le sacrifice parfait. De plus, le sang du Christ est plus efficace que les sacrifices pratiqués dans l’Ancien Testament (9.13,14), car il épure les consciences, pardonne les péchés et procure la rédemption éternelle. La mort de Jésus a accompli la rédemption une fois pour toutes. Il ne se contente pas d’annuler nos dettes ; il les paye à notre place.

Il n’est dès lors pas étonnant d’entendre les chrétiens chanter ce genre de cantiques au sujet de la rédemption :

Viens découvrir cette fontaine, de William Cowper[4] :

Agneau mourant, ton sang précieux

Ne perdra sa puissance

Avant que les élus de Dieu

Ne voient ta délivrance

[…]

Depuis que m’emportent ces eaux

Coulant de tes blessures,

L’amour rédempteur du Très-Haut

Est mon chant le plus sûr.

J’appartiens désormais à Jésus, de Norman Clayton :

Mon Seigneur Jésus m’aimera à tout jamais,
Aucune puissance du mal ne peut m’en séparer.
Il a donné sa vie pour racheter mon âme ; je lui appartiens désormais.
Jésus m’appartient et j’appartiens à Jésus désormais,
Pas seulement pour les années à venir, mais pour l’éternité[5].

Rachetée, combien j’aime le proclamer, de Fanny Crosby :

Rachetée, rachetée, rachetée par le sang de l’Agneau ;

Rachetée, rachetée, je suis son enfant pour toujours[6].

À Dieu soit la gloire, de Fanny Crosby :

Ô rédemption parfaite, le rachat par le sang !

La promesse de Dieu à chaque croyant[7].

Mon chant est sans amour, de Samuel Crossman :

Les besoins disparaissent grâce à mon Seigneur bien aimé ;

Ils sauvent un meurtrier, ils font mourir le Prince de la vie.

Il est pourtant prêt à souffrir, afin que ses ennemis soient libérés[8].

Notes de pied de page

1J. I. Packer, Concise Theology, Tyndale House, trad. libre, p. 135.
2John Murray, « Redemption », < https://www.thegospelcoalition.org/essay/redemption/ >.
3Matthew Henry, Bible Study Tools, < https://www.biblestudytools.com/commentaries/matthew-henry-complete/matthew/20.html >, trad. libre.
4« Viens découvrir cette fontaine », traduction de Philippe Viguier, < https://evangile21.thegospelcoalition.org/article/viens-decouvrir-cette-fontaine/ >.
5Trad. libre.
6Trad. libre.
7Trad. libre.
8Trad. libre.

Lectures complémentaires


Cet essai fait partie de la série « Concise Theology ». Tous les points de vue exprimés dans cet essai sont ceux de l’auteur. Cet essai est gratuitement disponible sous licence Creative Commons avec Attribution Partage dans les mêmes conditions (CC BY-SA 4.0), ce qui permet aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’en adapter/traduire le contenu à condition que figurent un lien d’attribution, les indications de changements et que la même licence Creative Commons s’applique à ce contenu. Si vous souhaitez traduire notre contenu ou rejoindre notre communauté de traducteurs, n’hésitez pas à nous contacter.