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Définition

En théologie, la terminologie de la sanctification se concentre sur l’aspect progressif de la sainteté croissante au cours de la vie chrétienne, tandis que la Bible utilise le terme de sanctification pour indiquer le statut de personnes consacrées et saintes que nous avons en Christ grâce à notre union avec lui.

Résumé

Dans le langage théologique, le terme « sanctification » fait souvent référence à quelque chose que nous faisons, normalement progresser dans la sainteté. Cependant, la Bible utilise le terme « sanctification » de manière plus définitive, et désigne le statut de saints que nous avons déjà obtenu grâce à notre union avec le Christ. Ce statut de personnes consacrées constitue le fondement à partir duquel nous grandissons en sainteté et en piété dans nos vies et nos relations ; nous nous efforçons d’être ce que nous sommes. Cependant, étant donné que dans les discussions théologiques ces catégories ont fusionné, il arrive souvent que les théologiens parlent de sanctification « définitive » ou « positionnelle » pour désigner le statut de saints que nous avons en Christ, et de sanctification « progressive » pour désigner notre quête de la vertu chrétienne et de la piété personnelle. Le danger est que les chrétiens aient tendance à oublier la nature définitive de la sanctification et qu’ils se concentrent uniquement sur l’aspect progressif de la vie quotidienne.

Les nombreuses dénominations et confessions chrétiennes ont leurs propres « modèles » distincts de sanctification. Il y a le modèle de la sainteté pentecôtiste, le modèle réformé, le modèle fondamentaliste, le modèle de la vie supérieure, et ainsi de suite. Malgré leurs différences, elles ont toutes un point commun majeur : la sanctification est une chose que l’on s’efforce d’obtenir par la grâce de Dieu. Pour l’une, il peut s’agir de perfection(nisme), pour l’autre, de progrès, pour une autre, d’abandon, et pour une autre encore, d’une certaine expérience. Mais en principe, toutes considèrent la sanctification comme quelque chose que nous faisons.

En revanche, les auteurs du Nouveau Testament utilisent énormément le terme de « sanctification » ou « sainteté » pour désigner ce que nous sommes et avons en Christ. Il s’agit d’un statut acquis et d’une relation acquise dont nous bénéficions en Christ : en lui, nous sommes consacrés à Dieu, nous sommes les « saints » (1 Co 1.2) qui lui appartiennent et le servent. Le Christ est notre sanctification (1 Co 1.30). Les chrétiens sont des personnes qui ont été « sanctifié[es] en Jésus-Christ » (1 Co 1.2 ; 6.11 ; Ac 20.32 ; Hé 10.10,14 ; 1 Pi 1.2). Nous sommes « saints » en vertu de l’appel de Dieu et de notre union de foi avec lui.

En d’autres termes, nos discussions théologiques sur la sanctification s’éloignent parfois du sens biblique réel des termes. Nous n’utilisons pas toujours la terminologie de la sanctification de la même manière que les auteurs bibliques. Dans une discussion théologique, la sanctification désigne généralement quelque chose que nous faisons ou que nous nous efforçons d’obtenir, comme la piété personnelle, le processus par lequel nous devenons toujours plus pieux, etc. Cependant, dans le Nouveau Testament, l’emploi de la terminologie de la sanctification renvoie essentiellement à un statut dont nous bénéficions déjà en Christ.

À un certain niveau, bien sûr, ce statut de personnes consacrées implique un changement et de la piété personnelle ; nous devons nous efforcer d’être ce que nous sommes. Cela se reflète, par exemple, dans le passage de 2 Corinthiens 7.1 : « Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu. » Cela signifie que notre statut de personnes consacrées doit être évident dans notre vie ; « soyez ce que vous êtes », comme nous aimons à le dire (voir 1 Pi 1.16). Mais les auteurs du Nouveau Testament abordent généralement cette question de la piété personnelle dans d’autres contextes – ils utilisent la terminologie du renouvellement, de la transformation, du fait de ressembler au Christ, d’être pieux et purs, en expérimentant ce que Dieu a fait en nous, y compris l’expérience présente et à venir de la glorification (2 Co 3.18), et ainsi de suite.

Pour résumer, dans le Nouveau Testament, le langage de la « sanctification » est utilisé pour décrire notre statut de personnes consacrées en Christ. La piété personnelle est généralement évoquée dans d’autres contextes, tandis que dans une discussion théologique, tout est souvent regroupé.

Dans les discussions théologiques, ces rubriques ont fusionné, c’est pourquoi les théologiens ont dû ajouter des termes descriptifs pour les différencier. Ainsi, ils parlent de sanctification « définitive » ou « positionnelle » pour décrire ce que les auteurs du Nouveau Testament entendent par ce terme, et ils parlent de sanctification « progressive » pour décrire notre quête de la vertu chrétienne et de la piété personnelle. Dans le discours théologique chrétien, ce que le Nouveau Testament appelle « sanctification » et « renouvellement » revient respectivement à une sanctification « définitive » et une sanctification « progressive ».

Cela soulève alors la question du progrès. Dans 1 Thessaloniciens 5.23,24 (BDS), l’apôtre Paul prie pour que Dieu sanctifie « entièrement » les Thessaloniciens et les garde irréprochables lors de la venue du Seigneur Jésus. Il demande tout simplement à Dieu que tous les aspects de leur vie lui soient consacrés dans le temps présent. Le Nouveau Testament ne suggère pas que la « sanctification » soit une transformation progressive qui culmine dans la glorification. La « sanctification » est un statut que nous avons en Christ.

Ainsi, les auteurs bibliques peuvent parler de progrès, mais il n’est pas lié au terme de la « sanctification ». Au contraire, ils parlent d’une foi grandissante (2 Co 10.15), du développement de la stabilité de l’Église (Ép 4.11,12), de la connaissance du Christ (vraisemblablement grâce à une relation croissante ; Ph 3.10), d’un amour grandissant (1 Th 3.12), d’une croissance dans la grâce (2 Pi 3.18), et ainsi de suite. La « sainteté » et la « sanctification » restent quelque chose que nous avons et sommes en Christ.

Là encore, aussi étrange que cela puisse paraître, dans le discours théologique, c’est cette dimension de l’expérience personnelle de la sainteté qui domine les discussions sur la « sanctification », même si ce n’est pas ainsi que le mot est utilisé dans le Nouveau Testament. Bien sûr, ce n’est pas une faute majeure. Après tout, la quête de la piété personnelle est liée, à un certain niveau, à une implication de notre statut de personnes consacrées en Christ (« la sanctification »), et c’est un aspect profondément important de la foi et de la vie chrétiennes. Cependant, cette subtilité a tout de même une conséquence malheureuse : elle peut – et a presque inévitablement – détourné notre attention de ce que le Nouveau Testament entend par sanctification (définitive), et nous ne parvenons donc pas à apprécier pleinement la bénédiction de notre statut de personnes consacrées en Christ. Si lorsque nous parlons de sanctification, toute notre attention est portée sur ce que nous faisons, qu’advient-il de ce que nous sommes ? Et s’il était important de comprendre ce que nous sommes en Christ pour être en mesure d’être des gens pieux ?

Cette confusion dans les catégories s’infiltre jusque dans les discussions théologiques, et il est probablement impossible, à ce stade de l’histoire et de la tradition théologiques, de corriger intégralement le vocabulaire chrétien. Il est toutefois important de déceler ces distinctions.

Nous devons au moins garder à l’esprit que toutes les exhortations à la piété personnelle qui se trouvent dans le Nouveau Testament reposent sur une œuvre « définitive » que Dieu a accomplie pour nous et en nous, par l’intermédiaire du Christ. Dieu nous a adoptés et consacrés à lui-même en Christ ; il a brisé l’ancienne domination du péché, nous rendant ainsi libres de vivre pour lui. Nous obéissons désormais à Dieu parce que nous le pouvons. Comme beaucoup aiment à le dire, l’impératif (ce qui devrait être) repose sur l’indicatif (ce qui est) ; nous sommes appelés à être ce que nous sommes.

Cela signifie que l’union avec le Christ a non seulement des implications juridiques (la justification), mais aussi des implications morales et éthiques (la transformation). Il y a en Christ une rupture définitive avec l’esclavage au péché du passé – un thème merveilleux que l’apôtre Paul aborde, entre autres, dans Romains 6. Nous sommes « conduits par l’Esprit », désormais libres de vivre pour Dieu et capables de vaincre le péché.

Lectures complémentaires

Avec tout cela à l’esprit, voici des suggestions de lectures constructives sur la doctrine de la sanctification.

Étape 1 : La sanctification

Étape 2 : La sanctification et la piété personnelle

Étape 3 : La quête de la sainteté

Étape 4 : La mortification du péché


Cet essai fait partie de la série « Courts traités de théologie ». Toutes les opinions exprimées dans cet essai sont celles de l’auteur. Cet essai est disponible gratuitement sous licence Creative Commons : Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions, permettant aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’adapter/traduire le contenu à condition qu’un lien d’attribution, l’indication des changements, et la même licence Creative Commons s’appliquent à ce matériel.
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Cet essai est sous licence CC BY-SA 4.0