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Définition

La révélation de Dieu dans l’Ancien Testament préfigure, anticipe et annonce la rédemption à venir qu’il accomplira dans la personne et l’œuvre de son Fils incarné, Jésus-Christ.

Résumé

Lorsque les apôtres lisaient l’Ancien Testament, ils y voyaient des références au Christ et à son royaume, pour ainsi dire, à chaque page. Jésus est le deuxième Adam, le parfait gardien de la loi, le descendant de David qui siégera sur le trône de David pour toujours, l’ultime chanteur des psaumes, la sagesse de Dieu, le serviteur souffrant, le grand prêtre parfait, pour ne citer que quelques-uns de ses attributs. Le fondement théologique de cette conviction est que Dieu est souverain dans l’histoire et qu’il est l’auteur (ultime) des Écritures. Ainsi, Dieu a annoncé à l’avance, par des types et des parallèles, par des promesses et des prophéties, la rédemption qu’il allait accomplir par l’intermédiaire de son Fils incarné. Il l’a fait pour que son peuple puisse croire au Messie promis, avant sa venue, et pour que ceux qui connaissent le Christ aient une meilleure compréhension de l’œuvre accomplie par sa souffrance et sa gloire.

Ô hommes sans intelligence, et dont le cœur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffre ces choses, et qu’il entre dans sa gloire ? Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Écritures ce qui le concernait (Lu 24.25-27).

Le fait que Jésus réprimande ses disciples déjà abattus (« ô hommes sans intelligence ») suggère clairement qu’ils avaient considérablement échoué. En l’occurrence, ils n’ont pas cru ce que leurs Écritures saintes enseignaient, à savoir que pour atteindre la gloire, le Messie devait inévitablement passer par la croix de la souffrance et de la mort. Cependant, Jésus profite de l’échec de ses disciples pour démontrer que toutes les Écritures (qui, à ce stade de l’histoire, se réfèrent à ce que nous connaissons sous le nom d’Ancien Testament) parlent de lui, sous une forme ou une autre et qu’elles sont accomplies en lui (Lu 24.44s).

Pour beaucoup de nos contemporains, l’affirmation de Jésus semble absurde. Si les critiques érudits concèdent une unité aux Écritures (et beaucoup ne le font pas), cette unité est attribuée principalement, voire exclusivement, à l’approbation d’une communauté qui a identifié et accepté ces livres en tant que textes sacrés. En d’autres termes, les critiques des Écritures ne voient rien d’inhérent aux textes eux-mêmes, rien qui unifierait ces livres autour d’un thème ou d’un fil conducteur commun, et encore moins autour d’un individu.

Cependant, la croyance selon laquelle le Christ est au centre des Écritures et qu’il est la clé herméneutique d’une bonne interprétation des textes est la conviction de l’Église chrétienne depuis son instauration (Ép 1.1-6 ; Ro 16.25-27). C’est pourquoi Paul a déclaré au roi Agrippa : « J’ai subsisté jusqu’à ce jour, rendant témoignage devant les petits et les grands, sans m’écarter en rien de ce que les prophètes et Moïse ont déclaré devoir arriver, savoir que le Christ souffrirait, et que, ressuscité le premier d’entre les morts, il annoncerait la lumière au peuple et aux nations » (Ac 26.22b,23).

Alors, comment une collection de livres rédigés sur une période de mille ans, par plus d’une vingtaine d’auteurs, dans des genres littéraires variés (droit, histoire, description architecturale, poésie, apocalyptique, prophétie, etc.) peut-elle trouver son fondement et son accomplissement en un seul individu ? La réponse se trouve dans l’origine divine et le caractère divin des Écritures. Le Dieu qui est souverain sur l’histoire a ordonné les événements d’une certaine manière et est intervenu dans l’histoire afin de se révéler et de révéler ses plans rédempteurs pour son peuple (voir, par exemple, Ex 7.3-5). La Parole de Dieu déclare que ce même Dieu a supervisé l’écriture et l’interprétation de ces événements en inspirant des individus à rédiger les livres que les chrétiens connaissent sous le nom de Bible (2 Ti 3.16). Par cette révélation spéciale, le but de Dieu était d’annoncer à l’avance l’œuvre que le Fils allait accomplir, afin que son peuple qui vivait avant sa venue puisse croire en lui et avoir la vie éternelle.

La révélation de l’Ancien Testament anticipe l’œuvre du Christ de diverses manières. Bien qu’il n’y ait pas assez d’espace ici pour traiter de ce sujet dans son entièreté, voici quelques-unes des principales trajectoires qui mènent de l’Ancien Testament au Christ.

Premièrement, le Christ est évidemment présent dans l’Ancien Testament par le biais des promesses. Dans de nombreux passages, Dieu promet la venue d’un sauveur et d’un rédempteur qui lèvera la malédiction du péché et apportera une solution à ce monde mauvais actuel. Par exemple, Dieu dit au serpent : « Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité : celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon » (Ge 3.15). Nous avons ici une promesse claire au sujet du Messie et de l’œuvre qu’il accomplira en tant que postérité messianique de la femme qui triomphera sur la postérité du serpent. Cette promesse évangélique est réitérée tout au long de l’Ancien Testament de sorte que Paul peut écrire à l’Église de Corinthe : « car, pour ce qui concerne toutes les promesses de Dieu, c’est en lui [Christ] qu’est le oui ; c’est pourquoi encore l’amen par lui est prononcé par nous à la gloire de Dieu » (2 Co 1.20).

Deuxièmement, Christ est présent dans l’Ancien Testament par le biais des prophéties qui annoncent à de nombreuses reprises la venue du Messie, le Sauveur d’Israël et le royaume qu’il inaugurera. Prenez, par exemple, la prophétie d’Ésaïe au sujet d’Emmanuel, où le prophète annonce : « C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe ; Voici, la vierge deviendra enceinte, elle enfantera un fils, et elle lui donnera le nom d’Emmanuel. » (És 7.14). Emmanuel, qui signifie « Dieu avec nous », est une prophétie qui annonce la présence de Dieu au milieu de son peuple et qui s’accomplit finalement dans la venue du Fils de Dieu incarné et né de la vierge Marie (Mt 1.22,23). Tout au long de son évangile, Matthieu souligne souvent en quoi la vie de Jésus a accompli les prophéties de l’Ancien Testament, avec des expressions telles que : « Tout cela arriva afin que s’accomplisse ce que le Seigneur avait annoncé par le prophète » (par exemple Mt 1.22,23 ; 2.5,17 ; 3.2).

En plus des promesses et des prophéties qui annoncent clairement la personne et l’œuvre du Messie à venir, le Christ est également présent dans l’Ancien Testament par le biais des types et des parallèles. Le mot « type » vient du mot grec tupos qui désigne littéralement une marque ou une empreinte. Le tupos représente ce que les clous ont laissé comme trace dans les mains de Jésus (Jn 20.25). Les trous qui se trouvaient dans les mains de Jésus étaient, en effet, la marque ou l’empreinte des clous. C’est, dans un certain un sens, ce que nous retrouvons dans l’Ancien Testament : des marques ou des empreintes du Christ. Tout comme les trous dans les mains de Jésus ne sont pas les clous eux-mêmes, les types de l’Ancien Testament ne sont pas le Christ lui-même, mais ils en sont le témoignage. Les types de l’Ancien Testament étaient des signes qui indiquaient aux croyants la réalité (ou ce que les théologiens appellent l’antitype) qui est le Christ lui-même. Toute la notion de typologie repose sur l’existence d’un auteur divin des Écritures qui a souverainement ordonné l’histoire afin de fournir à son peuple ces images anticipatives de la personne et de l’œuvre du Christ (par exemple, Ro 5.14).

Traditionnellement, dans l’Ancien Testament, les types sont limités à des personnes, des lieux, des objets ou des événements qui préfigurent l’œuvre du Christ ou un aspect de son royaume. Par exemple, Noé est un type de Christ. Noé était un homme juste et intègre (Ge 6.9). C’est grâce à sa droiture (bien que relative, puisque Noé était également pécheur) que Dieu l’a utilisé pour préfigurer l’œuvre de son Fils. Le personnage juste de Noé sauve des eaux du jugement sa vie ainsi que celle de sa famille et commence un nouvel ordre créationnel, loin du déluge. Noé a servi le peuple de Dieu à son époque et il nous sert encore aujourd’hui en tant que type de Christ qui, sur la base de sa justice parfaite, sauve tous ceux qui se réfugient en lui.

En plus des personnes qui font office de types, il y a également des lieux qui témoignent de l’empreinte du Christ. Un de ces lieux est Béthel, où Jacob a dormi alors qu’il fuyait la Terre promise (Ge 28.10-22). C’est à cet endroit que Jacob a eu la vision d’une échelle (probablement une ziggourat) qui reliait le ciel et la terre. Il a vu des anges monter et descendre de l’échelle, et au sommet, une théophanie du Seigneur lui-même qui renouvelait les promesses de son alliance avec Jacob. Jacob s’est réveillé à la fois effrayé et émerveillé déclarant : « Certainement, l’Éternel est en ce lieu, et moi, je ne le savais pas ! » (Ge 28.16.) Jacob venait d’entrevoir l’escalier qui mène au ciel. Cet épisode est à l’origine des paroles de Jésus à Nathaniel lorsqu’il dit : « En vérité, en vérité, vous verrez [désormais] le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme » (Jn 1.51). Concrètement Jésus révèle à Nathaniel : « Je suis l’échelle qui relie la terre au ciel. Je suis celui qui accomplira les promesses de l’alliance de Dieu avec Jacob, pour apporter le salut jusqu’aux extrémités de la terre ».

Un type de Christ peut également avoir la forme d’un objet. Le serpent de bronze élevé dans le désert et qui apporte la guérison et la vie à tous ceux qui le regardent (No 21.4) est une représentation du Fils de Dieu élevé sur une croix, apportant la guérison et la vie à tous ceux qui tournent les yeux vers lui par la foi. Jésus peut donc dire à Nicodème : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé » (Jn 3.14).

Il est important de noter qu’identifier des types ne consiste pas à appliquer une méthode ou une formule secrète par laquelle de brillants exégètes font apparaître le Christ comme par magie dans n’importe quel texte des Écritures. Une identification correcte des types commence plutôt par une prise de conscience des modèles, des images et des structures profondes des Écritures ainsi que par la reconnaissance de leur interdépendance. Heureusement, les apôtres eux-mêmes ont établi un modèle à suivre. Nous devons apprendre à lire l’Ancien Testament tout comme l’apôtre Paul qui, par exemple, voit dans la traversée de la mer Rouge par le peuple d’Israël, une image du baptême : « Frères, je ne veux pas que vous ignoriez que nos pères ont tous été sous la nuée, qu’ils ont tous passé au travers de la mer, qu’ils ont tous été baptisés en Moïse dans la nuée et dans la mer » (1 Co 10.1,2). En quoi la traversée de la mer Rouge préfigure-t-elle le baptême ?

Paul comprenait que ce qui s’était passé ce jour-là au bord de la mer Rouge était un acte de jugement et de miséricorde de la part de Dieu. Grâce au ministère de Moïse, le médiateur de l’ancienne alliance, Israël a pu passer à travers les eaux du jugement de Dieu, et l’Égypte, en revanche, a été noyée dans ces mêmes eaux. Comme à l’époque de Noé, où ceux qui se sont joints à lui et sont venus s’abriter dans l’arche ont été sauvés des eaux du jugement, de même, à l’époque de Moïse, le peuple d’Israël a été conduit par Moïse à travers les eaux du jugement qui ont noyé les Égyptiens.

Jésus relève aussi ce type présent dans l’Ancien Testament lorsqu’il compare sa crucifixion au baptême. À leur arrivée à Jérusalem, en réponse à la demande insensée de Jacques et de Jean de s’asseoir à sa droite et à sa gauche, Jésus répond : « Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire, ou être baptisés du baptême dont je dois être baptisé ? » (Mt 10.38). C’est sur la croix que Jésus, comme les Égyptiens, s’est noyé dans les eaux du jugement de Dieu, afin que l’Israël de Dieu dans la nouvelle alliance puisse atteindre ce rivage céleste, telle que l’Israël de Dieu dans l’ancienne alliance. Paul avait conscience de ce schéma. Il comprenait la typologie du jugement par les eaux présente dans l’Ancien Testament, et il voyait comment ces types s’étaient accomplis en Christ, le médiateur d’une meilleure alliance. Il comprenait également en quoi le baptême est une image sacramentelle des chrétiens qui traversent en toute sécurité les eaux du jugement de Dieu par la foi en son Fils.

Les promesses, les prophéties et les types ne constituent pas une liste exhaustive des nombreux endroits où le Christ est révélé dans l’Ancien Testament. En voici quelques autres : Le Christ accomplit l’Ancien Testament en tant que gardien de la loi, chanteur des psaumes, sagesse de Dieu, serviteur souffrant, roi juste, et, malgré les controverses à ce sujet, mari idéal dépeint de la façon la plus merveilleuse dans le Cantique des Cantiques. Oui, le Christ accomplit même le Cantique des Cantiques !

Il est donc important de saisir que lorsque les apôtres voyaient le Christ dans l’Ancien Testament, ils n’imposaient pas aux textes un sens qui n’avait jamais été prévu par l’auteur (divin) des Écritures. Les prophètes eux-mêmes étaient conscients de ne pas comprendre entièrement tout ce qu’ils écrivaient (1 Pi 1.10-12). Lire l’Ancien Testament en se focalisant sur Christ ne consiste pas à faire des associations libres en se posant la question : « Dans ce texte, qu’est-ce qui me rappelle Jésus ? » Il ne s’agit pas non plus d’adopter une méthode d’interprétation juive ancienne et fantaisiste qui imposerait aux textes de l’Ancien Testament une fausse grille de lecture. Dans Jean 5.46, Jésus réprimande les Pharisiens en disant : « Car si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi, parce qu’il a écrit à mon sujet. » Jésus déclare que si les Pharisiens avaient réellement compris qui était Moïse, ils l’auraient reçu comme celui que Moïse avait annoncé. Les apôtres nous donnent un modèle pour nous indiquer comment lire et interpréter les Écritures aujourd’hui. Cela est particulièrement important pour les prédicateurs qui ont pour rôle de prêcher « tout le conseil de Dieu » (Ac 20.26,27) et de prêcher également la vie et la crucifixion de Jésus-Christ (1 Co 2.2 ; voir Col 1.28). Comment peuvent-ils faire les deux ? En prêchant le Christ tel qu’il est promis dans l’Ancien Testament, et tel qu’il est accompli dans le Nouveau Testament.

Lectures complémentaires

Ressources d’introduction

Ressources avancées


Cet essai fait partie de la série « Concise Theology ». Tous les points de vue exprimés dans cet essai sont ceux de l’auteur. Cet essai est gratuitement disponible sous licence Creative Commons avec Attribution Partage dans les mêmes conditions (CC BY-SA 3.0 US), ce qui permet aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’en adapter/traduire le contenu à condition que figurent un lien d’attribution, les indications de changements et que la même licence Creative Commons s’applique à ce contenu. Si vous souhaitez traduire notre contenu ou rejoindre notre communauté de traducteurs, n’hésitez pas à nous contacter.