Je viens tout juste de franchir le cap des 60 ans et honnêtement, ceci m’a poussé à une réflexion, pour ne pas dire une révision profonde de mon ministère. Je suis marié, j’ai deux enfants et deux petits enfants qui me comblent de bonheur. Mon parcours ministériel a été quelquefois sinueux et difficile, et d’autre fois, rempli de bénédictions puissantes. J’ai œuvré dans ce que l’on nomme des «petites» et des «grandes» églises. Les guillements ne représentant que le nombre de sièges occupés et non pas sur la grandeur d’âme de celles-ci. J’ai pu expérimenter la gestion dans tous ses aspects et j’ai pratiquement fait tous les ministères possibles; pasteur principal, pasteur administratif (XP) et pasteur louange. J’espère que ces pensées seront inspirantes dans les eaux parfois agitées du ministère pastoral.
La seule priorité: Jésus
Matthieu 6.33: «Cherchez premièrement le royaume et la justice de Dieu, et toutes ces choses vous seront données par-dessus.»
À 60 ans, je me trouve à un tournant. Je suis reconnaissant pour le chemin parcouru mais conscient aussi du temps qui reste. Le monde nous pousse à courir après le succès, la performance, les projets. L’Église n’y échappe pas, on en vient facilement à évaluer la santé de l’Église par le nombre de fidèles présents à la célébration du dimanche ou par l’offrande amassée. Mais tout cela n’est qu’illusion. L’Église n’est pas le monde. La seule chose qui compte vraiment, c’est la relation avec Jésus. C’est la seule priorité qui puisse amener une âme au ciel (Jean 17.3).
Simplifions-nous donc la vie. Détachons-nous de tout ce qui nous éloigne de l’essentiel et concentrons-nous sur Jésus. Passons du temps dans la prière en sa compagnie, dans la lecture de sa Parole en écoutant sa voix, dans l’adoration et la louange en exaltant sa gloire. Laissons-le remplir notre cœur et guider nos pas. Le temps est précieux, plus précieux que l’argent. Chaque jour est un cadeau de Dieu alors utilisons-le pour le glorifier. Il sait s’occuper de son Église bien mieux que nous! Il la nourrit, la protège, la construit et y ajoute même ceux qui sont sauvés! J’ai été bien lent à le découvrir. Ma quarantaine a été meublé d’attaques de panique, croyant que la construction de son Église reposait sur mes épaules alors que je ne suis qu’une petite pierre d’argile bien prétentieuse.
La seule réalité: Aujourd’hui
Matthieu 6.34 «Ne vous inquiétez donc pas du lendemain; car le lendemain aura soin de lui-même. A chaque jour suffit sa peine.»
Vivre le moment présent. Je ne parle pas ici de cette philosophie «nouvel-âgeuse» et vaporeuse de la pleine conscience mais bien du concept biblique. En lisant le livre «Providence» de John Piper, j’ai réalisé à quel point je m’obstinais à tenter de réécrire le scénario de sa providence. Combien mon arrogance était grande quand je suggérais à Dieu de modifier son plan afin que mon confort soit plus moelleux ou mon rôle plus brillant. La vie est trop courte pour la compliquer et la projeter dans un avenir où nous ne pouvons rien contrôler. Apprenons à vivre chaque journée que l’Éternel a faite avec joie et gratitude.
Dans la providence de Dieu, ce ne sont pas nos projets ou nos efforts qui comptent mais uniquement son royaume. Cela ne veut pas dire de ne rien prévoir ou planifier. Les références à être un intendant intelligent foisonnent dans la Bible. Cependant la ligne est mince entre la gérance et l’ingérence. Concentrons-nous sur ce que Jésus met sur notre cœur, aujourd’hui et maintenant, dans une relation vivante avec l’Esprit Saint. Demain aura soin de lui-même. Libérons-nous de l’anxiété de plaire et recherchons l’amour, la joie et la paix en Dieu.
Le seul trésor: La gloire de Dieu
Ésaïe 42.8 «Je suis l’Eternel, c’est là mon nom; Et je ne donnerai pas ma gloire à un autre, Ni mon honneur aux idoles.»
Après des décennies passées à «faire» pour Dieu, j’ai compris que l’essentiel était d’abord «d’être» en Lui. Hormis connaître Dieu et Le faire connaître, tout le reste n’est que vanité. Il est donc primordial de passer du temps avec Jésus, en recherchant Sa gloire et non la nôtre. Avec le recul, je constate dans mon parcours de nombreux épisodes d’aboutissements stériles, souvent suivis de découragement profond et de désillusions car je ne recherchais pas le véritable trésor.
Le ministère n’est pas une question de performance mais de relation. C’est en étant intimement connecté à Jésus que nous pouvons porter du fruit pour son royaume. Laissons-le nous transformer de l’intérieur, afin que nous puissions refléter sa lumière dans le monde. Il aura soin de ses œuvres, il nous le promet. La seule ambition qui compte vraiment, c’est celle de le voir briller!
Le seul héritage: Les âmes
Jean 13.35 «A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.»
Ce que nous emportons au ciel, ce ne sont pas nos biens, nos projets ou nos réalisations, mais les âmes que nous avons touchées pour Jésus. Investissons dans les relations. Chérissons notre famille, aimons nos amis et nos ennemis, semons des graines de joie dans le cœur des autres car le temps est court.
N’oublions jamais que pour Dieu, les personnes sont plus importantes que les programmes. Prenons le temps d’écouter, de comprendre, d’aimer en sachant que dans sa providence, Jésus construit son Église. Soyons présents pour les autres, dans les bons comme dans les mauvais moments. C’est en aimant les autres que nous exprimons notre amour pour Jésus.
La seule vérité: L’Église, corps du Christ
1 Timothée 3.15 «(…) la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et l’appui de la vérité.»
Je me suis compliqué la vie en cherchant des réponses et fomentant des plans alors que l’important est de revenir à l’essentiel : le plan de Dieu. Arrêtons de nous battre contre des moulins à vent et plongeons dans son Église. Trouvons notre place dans la communauté de Dieu et portons le fruit que seul Dieu peut produire au travers vous.
L’Église est le corps de Christ et chaque membre y a un rôle à jouer. Ne cherchons pas à faire cavalier seul mais intégrons-nous dans la communauté. Servons les autres avec humilité et laissons Dieu nous utiliser pour Sa gloire.
La seule vie: Accepter d’être invisible pour qu’il soit visible
Jean 3.30 «Il faut qu’il croisse, et que je diminue.»
La gloire et la reconnaissance ne viennent pas de ce monde. Acceptons simplement d’être une petite pierre vivante et invisible dans les mains d’un grand Dieu. Ce que nous sommes est suffisant pour accomplir ce qu’il nous demande aujourd’hui.
Ne cherchons pas à briller, mais cherchons plutôt à laisser Jésus briller à travers nous. Notre valeur ne dépend pas de ce que nous faisons, mais de ce que nous sommes en Christ. C’est ce qui rend le ministère joyeux et résilient. Que Dieu nous dirige dans notre voyage.