Née à Paris le 7 février 1559, Catherine de Bourbon, « princesse du sang » de la lignée royale de France, vint au monde dans une situation de grand bouleversement.
Alors que l’église huguenote grandissait, les autorités catholiques romaines traquèrent les pasteurs protestants et supprimèrent les réunions protestantes. Dans les années 1560, ces tensions ont dégénéré en guerres civiles qui ont fait des centaines de milliers de morts.
Le père alcoolique de Catherine mourut avant qu’elle eût un an, donnant à sa mère fidèle, Jeanne, le plein contrôle sur son éducation. En tant que reine de Navarre (qui était un havre sûr pour les protestants entre la France et l’Espagne), Jeanne gouvernait son petit pays avec habileté et détermination.
Jeanne éleva Catherine dans l’amour du Seigneur et pour servir l’église, confiant, au réformateur Théodore de Bèze, la charge de son éducation. Pourtant, la foi protestante de Jeanne lui a coûté cher. Son fils, Henri, a été emmené et élevé comme catholique par la famille royale française. Catherine avait presque 8 ans lorsque Jeanne reprit la garde d’Henri. Réunie avec lui, Catherine développa une profonde affection pour son frère qui dura toute la vie.
En 1572 Jeanne vint à Paris pour une négociation de mariage pour Henri. Mais les effets à long terme du stress et d’une mauvaise santé se combinèrent pour mettre fin à la vie de Jeanne à Paris. Sur son lit de mort, elle laissa un message à Catherine, l’exhortant « à rester ferme et constante au service de Dieu malgré son extrême jeunesse ». Elle insistait également pour que « sa fille, la princesse, soit constamment instruite dans [la crainte de Dieu et la connaissance de l’Évangile] et … qu’elle épouse un prince de la même religion ».
Catherine venait juste d’avoir 13 ans.
Pieuse sous la pression
Les désirs de Jeanne furent ignorés et Catherine aussi bien que son frère Henri furent bloqués à Paris. Le roi força Henri, qui représentait sa sœur, à abjurer le protestantisme. Catherine fut placée sous le contrôle d’un tuteur catholique romain qui travailla à influencer son élève. Mais la jeune adolescente tint ferme sur son terrain théologique.
Henri finalement s’enfuit de la cour de France, retournant pour gouverner la Navarre. Catherine retourna aussi chez elle quatre ans plus tard et répudia le catholicisme romain, faisant publiquement profession de sa foi protestante. Âgée de 17 ans Catherine servit de régente à Henri, qui quitta la Navarre pour faire valoir ses droits à la succession au trône de France au moyen de la guerre.
Chez elle Catherine commandait les troupes, gérait les finances et les relations politiques. Elle accueillait également des personnes qui fuyaient les persécutions et elle accordait l’asile à des réfugiés français et espagnols, protestants et catholiques. Malgré des migraines – dont les pires duraient des mois – Catherine parvint à traduire les psaumes dans la langue commune.
En 1589 Henri devint roi de France, reniant le protestantisme parce que « Paris vaut bien une messe. » Henri fit subir à Catherine une contrainte constante pour qu’elle renonce au protestantisme. Pourtant, elle « restait une fervente calviniste. »
Malgré des migraines – dont les pires duraient des mois – Catherine parvint à traduire les psaumes dans la langue commune.
Espérance dans le caractère même de Dieu
Ferme dans sa foi, Catherine intercédait pour les autres protestants qui étaient sous la persécution, ouvrant sa résidence parisienne comme lieu de rencontre huguenot. En conséquence, elle fut agressée verbalement depuis les chaires catholiques, menacée par la foule et la presse mentait sur son compte.
En 1592 Henri découvrit que Catherine était secrètement fiancée à un cousin protestant, Charles de Bourbon. Enragé, il fit arrêter Charles et assigna Catherine à résidence. Henri poussa alors Catherine à choisir pour époux Henri de Lorraine, un duc catholique romain éminent et politiquement fiable. Catherine refusa pour des raisons religieuses. Mais Henri vit que ce mariage faciliterait un traité politique et nécessiterait sa conversion.
La maladie et le stress poussaient Catherine à écrire de la poésie et à correspondre avec Bèze qui redevint son mentor spirituel. Ses poèmes et ses lettres montrent clairement que la connaissance que Catherine avait du caractère de Dieu était la réalité spirituelle prédominante qui lui donnait une perspective et la capacité de rester ferme face aux attaques humaines.
Son émerveillement devant la grâce de Dieu à son égard relativisait sa persécution : « J’espère en ta bonté, non en mon innocence ». Cette conviction n’arrêtait pas la douleur, mais elle lui donnait la force de la supporter.
La connaissance que Catherine avait du caractère de Dieu était la réalité spirituelle prédominante qui lui donnait une perspective et la capacité de rester ferme face aux attaques humaines.
Le traité et la trahison
La sœur tint tête à son frère pendant des années jusqu’en 1597, lorsque enfin Catherine accepta le mariage. Mais les négociations avec la famille du marié et le pape firent reculer le mariage.
Pendant ces retards, en 1598, Catherine offrit à la France un cadeau durable. Henri avait confié à sa sœur la tâche de convaincre les cardinaux et les évêques de soutenir l’édit de Nantes, un traité de liberté religieuse. Grâce aux négociations de Catherine, l’édit devint une loi. Les guerres civiles se terminèrent. Pendant plus de neuf décennies, les protestants français allaient pratiquer leur foi avec une protection juridique.
Alors Catherine épousa le duc de Lorraine. Henri avait promis que, si elle le faisait, elle ne serait plus sous pression pour se convertir. Mais peu après le mariage, le duc de Lorraine travailla avec le roi pour isoler son épouse, congédiant ses dames de compagnie protestantes et remplaçant son pasteur huguenot par des prêtres. Catherine était dévastée : « Aie pitié d’une petite sœur. . . . Je peux supporter tout le reste, mais cela me réduit au désespoir. »
Persévérance au milieu de la peine
Puis, au cours de l’été 1599, à 40 ans, Catherine fit une fausse couche. Les relations tendues, l’isolement, la mauvaise santé et le chagrin de l’infertilité se combinaient pour rendre la vie de Catherine malheureuse : « Je jure devant Dieu que je souhaite la mort mille fois par jour. »
Mais plus que tout, la confiance de Catherine dans la bonté de Dieu – que Dieu était bon et ferait le bien – la soutenait. À l’automne 1599, Catherine écrivit à Bèze qu’elle avait subi de nombreux « assauts, mais Dieu m’a toujours fortifiée. J’espère qu’il me donnera la grâce d’achever ma course pour sa gloire et mon salut. »
En 1604, Catherine pensait qu’elle attendait de nouveau un enfant. Atteinte de tuberculose, elle ne voulait prendre aucune aide médicale de peur de nuire à son bébé. Mais une tumeur abdominale mit fin à sa vie le 13 février de cette année-là. Elle ne réalisa jamais ce qui se passait réellement et elle mourut en suppliant les médecins de sauver son enfant. Henri n’assista pas à ses funérailles. Son corps fut enterré à côté de sa mère.
La confiance de Catherine dans la bonté de Dieu – que Dieu était bon et ferait le bien – la soutenait.
Des leçons que nous donne celle qui fut fidèle
Que pouvons-nous apprendre de la ferme persévérance de Catherine de Bourbon ? Au moins deux choses :
- Faites confiance au dessein de Dieu quant à la position d’influence dans laquelle il vous a placés. Catherine a utilisé sa position politique pour protéger son peuple, même au péril de sa vie. Lisez Esther 4:12–16. Dans quel domaine de votre vie Jésus veut-il que vous alliez vers les difficultés pour le bien de son peuple ?
- Faites confiance à la bonté de Dieu à travers la souffrance. Catherine a toujours eu confiance en la bonté de Dieu, malgré les circonstances extérieures. Lisez Matthieu 26:36–42. À quel point la confiance en la bonté de Dieu nous permet-elle de prier : « Que ta volonté, et non la mienne, soit faite » ?
Cet article est adapté de 12 Faithful Women: Portraits of Steadfast Endurance in the Christian Life (12 femmes fidèles: portraits de ferme persévérance dans la vie chrétienne) (TGC, 2020).