« Ce n’est pas juste ! » Ces mots sont notre réaction instinctive lorsque nous n’obtenons pas ce que nous voulons. La plupart des adultes ont appris à dissimuler ce sentiment, c’est pourquoi nous le remarquons surtout chez les enfants. Ils sont prompts à déplorer l’injustice d’un moment et à déclarer haut et fort que leurs parents sont injustes. Les enfants n’ont pas besoin d’apprendre à identifier ce qui est juste ou injuste, c’est comme si cela leur était inné. Considérez ces remarques :
« Ce n’est pas juste. Mon frère a eu un téléphone à 13 ans, pourquoi je ne peux pas en avoir un ? »
« Pourquoi il a le droit de se coucher tard et pas moi ? »
« Ce n’est pas juste ! Je suis le seul à avoir une heure de couvre-feu. »
Derrière ces paroles se cache une conviction profonde : ce qui arrive à une personne doit également arriver à l’autre, ou pour être plus précis, « je dois avoir la même chose que celui qui a eu le plus et le meilleur ». Voilà ! L’équité !
Les enfants n’ont pas besoin d’apprendre à identifier ce qui est juste ou injuste, c’est comme si cela leur était inné.
Lorsque votre enfant se voit refuser ce qu’il estime être en droit de recevoir, il se tourne vers vous et remet en question, voire conteste, votre bonté. « Ce n’est pas juste » se transforme souvent en « Tu n’es pas juste » ou « Tu n’es pas bon ». Le cœur d’un jeune est toujours à l’œuvre lorsqu’il se plaint de l’équité, c’est pourquoi, chez nous, nous restons simples. Nous répondons par exemple : « Nous ne faisons pas ce qui est juste, mais nous faisons ce qui est bon et juste pour chacun d’entre vous. »
Nous leur expliquons ensuite que nous aimons chacun d’entre eux et que nous prenons des décisions en fonction de leurs besoins individuels, de ce que nous savons d’eux et de ce que nous pensons être bon pour chacun.
Par exemple, un enfant peut avoir besoin d’un téléphone pour son emploi d’été ou ses activités sportives. Il fait preuve de maturité et de responsabilité, et vous êtes convaincu qu’il saura en faire bon usage. Son frère, en revanche, manque de discernement et fait preuve d’immaturité. Un téléphone pourrait être une trop grande tentation pour lui et lui causer du tort. En tant que parents, vous choisissez donc de lui refuser quelque chose qu’il considère comme un bien, sachant que votre décision vise à le protéger.
L’amour permet de discerner quand un privilège peut être bénéfique et utile pour un enfant, et quand il pourrait lui causer du tort ou devenir une tentation pour un autre. Si nous traitions tous nos enfants exactement de la même manière, la vie serait peut-être plus facile, mais ce ne serait ni mieux ni plus aimant pour eux. Une éducation parentale empreinte de sagesse est personnelle et spécifique à chaque enfant.
L’amour permet de discerner quand un privilège peut être bénéfique et utile pour un enfant, et quand il pourrait lui causer du tort ou devenir une tentation pour un autre.
Nous élevons nos enfants de cette manière parce que c’est ainsi que Dieu agit envers nous. Il s’engage à faire ce qui est le mieux pour ses enfants. Son sacrifice pour nous, alors que nous étions encore ennemis de lui, est une preuve suffisante de ses bonnes intentions (Romains 5.8). Il sait ce dont nous avons besoin et y répond, même si cela ne correspond pas toujours à nos attentes.
Parfois, nous remettons aussi en question la bonté de Dieu et nous utilisons les mêmes mots accusateurs : « Ce n’est pas juste. » Pourquoi mon ami a-t-il un meilleur emploi ou une plus belle maison, ou est-il marié alors que je suis encore célibataire ? Pour surmonter ces difficultés, nous devons mettre en pratique notre foi dans le plan que Dieu a pour nous et accepter de croire qu’il sait mieux que nous.
En résumé, nos enfants ont besoin de la même chose que nous : la foi dans le plan de Dieu. Dieu a fait de nous leurs parents et nous a chargés de les élever de manière juste et bonne, même si cela implique des approches différentes selon chacun d’eux. Il y aura des moments où nos meilleures explications ne convaincront pas nos enfants qui continueront à croire que nous sommes injustes.
Cherchez donc des moments propices à l’enseignement où vous pourrez leur montrer que cette « bonne » chose qu’ils voulaient n’était finalement pas si bonne que ça. Cherchez dans les Écritures des récits qui illustrent certains aspects de cette situation, comme les Israélites qui se plaignaient régulièrement contre Dieu dans le désert malgré tout le bien qu’il leur avait fait, ou encore l’histoire de Joseph.
Dieu nous aime, et il utilise chaque circonstance – chaque oui, chaque non, et tout ce qui se trouve entre les deux – pour notre bien.
Vous pouvez aussi raconter une situation tirée de votre propre vie, dans laquelle Dieu vous a refusé quelque chose que vous désiriez et où vous avez compris plus tard que c’était pour votre bien. Toutes les expériences ne permettront pas à votre enfant de comprendre, mais avec le temps et la maturité, il finira par le faire. Après tout, n’est-ce pas ce qui nous aide ?
Dieu nous aime, et il utilise chaque circonstance – chaque oui, chaque non, et tout ce qui se trouve entre les deux – pour notre bien. En tant que parents, puissions-nous lui faire confiance à cet égard et nous efforcer de suivre ses traces lorsque nous sommes confrontés à des cris de « Ce n’est pas juste ! ».