David Porter est pianiste, chanteur, arrangeur et compositeur, il a accompagné quelques-uns des musiciens bien connus du monde chrétien francophone. Titulaire d’une maîtrise en théologie de la Faculté libre de théologie évangélique à Vaux-sur-Seine, et d’un doctorat du Robert Weber Institute for Worship Studies à Jacksonville, Floride, David cherche à aider les communautés à réfléchir hors des sentiers battus et à viser une louange christocentrique, participative, reflétant l’ADN de la communauté locale. Il est l’auteur de « Lui rendre le micro » paru récemment.
Transcription
Bonjour, je m’appelle David Porter, je suis musicien, prof de musique, j’enseigne le piano et le chant.
Je suis aussi théologien, ancien pasteur, j’ai un doctorat dans les « Worship Studies », donc tout ce qui touche à la louange et du culte, et j’aide les églises à réfléchir en dehors des sentiers battus par rapport à la pratique de louange et du culte depuis quelques années par des ateliers et conférences.
Pourquoi avoir écrit ce livre ?
Ce livre est l’oeuvrerie du travail, des études et d’enseignement de plus de dix ans dans un monde où notre pratique du culte est beaucoup imprégnée par les questions de musique et de style, de ce qui est la meilleure manière, ce qu’on pense à ces sujets ont une conséquence pour notre pratique.
Parfois cela fait du bien de remettre en question nos pratiques, sommes-nous en train de copier un modèle ?
Et si oui, est-il juste ?
Dieu a-t-il son mot à dire dans tout cela ?
Est-ce qu’on peut apprendre quelque chose de sa parole ?
Qu’est-ce qui est important ?
Comment le vivre dans l’église localement ?
Quels sont les enjeux ?
Voilà un peu ce qui m’a poussé à mettre par écrit cet ouvrage.
Qu’est-ce qu’on appelle la louange ?
C’est une bonne question.
Si on demande à dix chrétiens, on aura onze réponses.
Pour certains, c’est clair que c’est ce qu’on fait normalement à l’église à un certain moment du culte.
Pour d’autres, cela comprend un CD ou autre format de musique que j’écoute dans la voiture.
Pour d’autres, ça sera un style musique.
Pour d’autres, encore quelque chose à vivre, un événement.
Il me semble que Dieu est loué également en dehors de la musique.
Il est loué à d’autres moments du culte, quand sa parole est lue par exemple, quand on prie pour les autres, quand on l’écoute, quand on est en silence devant lui, quand on le laisse nous parler, quand on lui apporte notre chagrin, nos luttes intérieures aussi, comme faisaient les psalmistes.
Mais Dieu est loué aussi par le travail, par notre témoignage lorsqu’on prie tout seul, comme Jésus en a parlé en Matthieu 6, notre vie de culte en secret, culte personnel.
On loue Dieu lorsqu’on lui obéit et que nos vies sont transformées comme conséquence.
Et puis je dirais dans le texte hébraïque qu’on trouve plutôt des verbes « louer », « rendre à un culte », « adorer » plus qu’un substantif.
Donc, il s’agit plutôt d’une action.
Que faut-il inclure pour rendre un culte à Dieu ?
Le culte doit être, je pense, un dialogue du début à la fin.
Donc, il faut des moments où nous lui parlons et des moments où il a la liberté de nous parler.
Il faut donc des éléments, des activités qui permettent cette conversation, ce dialogue d’avoir lieu.
Au début, on se rassemble.
Et ce qu’on dit au début, c’est important.
Dieu est présent depuis le début du culte.
Après tout, c’est lui qui a invité le peuple d’Israël à sortir d’Égypte pour lui rendre un culte.
C’est lui qui s’est révélé à des individus.
Ils ont répondu par la louange.
Il est important donc de savoir qui invite qui.
Et donc, par des textes, des chants, des prières, le silence, on veut permettre à ce dialogue d’avoir lieu.
L’Église primitive a rajouté cette partie du rassemblement à une petite structure simple qu’on trouve dans les actes, paroles et fractions du pain.
Et donc, après le rassemblement, on a la parole.
Donc, il faut se préparer pour l’écoute.
On annonce, on enseigne sa parole et puis on répond aussi à ça.
Et puis, autour de la table, c’est lui qui nous invite.
Et si justement, dans un culte, on n’a pas forcément la scène, il faut une autre réponse, une autre possibilité des réponses par témoignages, par les prières, par la louange.
Et puis, à la fin, donc, il y a l’envoi.
Encore quelque chose qui était rajouté par l’Église primitive.
Non pas la fin du culte, mais un envoi dans le monde pour être celle et lumière, pour faire des disciples.
Voilà les éléments à inclure qui permettent le dialogue de manière participative.
Quelle devrait être la place de la Bible dans nos cultes ?
La Bible peut et doit nourrir ce dialogue dont on vient de parler.
Ce n’est pas à mettre de côté jusqu’à la prédication.
Cela devrait nourrir notre début, notre rassemblement.
Cela nous permet d’écouter Dieu dès le départ.
Pas simplement lu, mais aussi chanté, prié.
On peut même utiliser la parole pour faire des déclarations de foi pendant le culte.
Pourquoi pas aussi se servir des psaumes de lamentation comme prière pour l’Église persécutée, par exemple.
Plutôt que de choisir des chants et puis rajouter un verset biblique, cela devrait nourrir le dialogue et les chants deviennent donc une espèce d’amène musicale à ce qu’on a déclaré, lu, prié.
On nous appelle le peuple du livre, donc laissons la parole de Dieu imprégner nos pratiques.
Comme l’apôtre Paul a dit dans Colossien 3, verset 16, que la parole de Christ réside au milieu de vous, dans toute sa richesse, qu’elle vous inspire une pleine sagesse pour vous instruire et vous avertir les uns les autres, pour chanter à Dieu de tout votre cœur des psaumes, des hymnes, des quantiques inspirés par l’Esprit afin d’exprimer votre reconnaissance à Dieu.
Comment faire participer l’Assemblée ?
Parfois nous les musiciens on se plaint que l’Assemblée n’a pas chanté ou n’était pas vraiment dedans ou autre chose.
Il y a bien sûr des choses qui sont plus propices à la participation, par exemple si les chants est trop compliqué, trop aigu, trop vite, trop lent.
Le powerpoint, la sono, ce sont des choses qui certes jouent un rôle, mais beaucoup plus larges que ces questions sont les questions de qui on est, quel est l’ADN de notre Assemblée, des générations différentes, des cultures différentes, des étapes de la vie, de travail, etc.
Et de manière générale, les éléments sont-ils participatifs ?
Sont-ils aussi un reflet de ce qu’on est en tant que communauté ?
Les différentes tranches d’âge jouent-ils un rôle dans l’exécution, le planning du culte ?
Y a-t-il des moments où on invite les gens à s’interagir, à se parler pour une minute, à prier les uns pour les autres ?
Est-ce qu’on organise des cultes intergénérationnels ou de manière intentionnelle on invite un enfant, un jeune, un jeune adulte, une maman, un grand-père à diriger une activité ?
Et puis est-ce qu’on est toujours orienté vers l’estrade ?
Est-ce qu’on organise aussi des cultes où les chaises sont en petits groupes ?
Pourquoi pas à l’avance utiliser le biais de l’étude biblique intergénérationnelle à constituer le contenu d’un message ?
Comment évaluer un culte ?
On vient de parler de participation.
Certaines de ces idées impliquent un planning à l’avance et non pas de dernière minute.
Et c’est vrai que dans un petit groupe on peut réfléchir à la question de la participation, par exemple sur un mois.
Un autre groupe peut réfléchir à la prière, quelles formes différentes est-ce que nous avons employées sur un mois par exemple ?
Nos pratiques reflètent-elles notre ADN ?
Combien de personnes différentes participent dans le déroulement sur un mois ?
Est-ce que c’est toujours les mêmes personnes ?
De tels petits groupes pourraient y réfléchir ensemble à ces questions mais puis aussi à des questions de fond.
Qu’est-ce qu’on va chanter dimanche ?
Est-ce que c’est vrai dans l’écriture entière ?
Est-ce que ce que ce chant dit sur Dieu est-ce que c’est vraiment ce qu’on veut dire ?
Est-ce que le Dieu trinitaire est clairement annoncé ?
Est-ce qu’on a inclus des moments de silence ?
Est-ce qu’il y avait des vies changées ?
Vive-t-il en obéissance plus étroite à ce que le Seigneur demande comme une conséquence de ce qu’on annonçait par les chants, prédications, prières ?
Voilà le genre de questions qu’on peut se poser à l’avance et donc évaluer sur le long terme et pas simplement après un dimanche.
Est-ce que tout le monde a chanté ?
Est-ce que tout le monde a été content ?
Comment pouvons-nous prier pour toi ?
Vous pouvez prier pour que le livre soit utile dans des milieux où il atterrit.
Ces questions touchent aux pratiques communautaires, spirituelles et parfois les gens se sentent menacés à remettre en question leur pratique plutôt que de voir une occasion pour laisser Dieu agir d’une nouvelle manière.
Ce n’est pas toujours facile d’inviter les gens à réfléchir à ces questions.
Mon but c’est toujours que Dieu se manifeste et se révèle de plus en plus, qu’il œuvre en nous pour qu’on reflète mieux sa gloire comme témoignage de sa grâce.
Mais je ne veux pas être uniquement une aide dans le monde chrétien, j’enseigne la musique aussi pendant la semaine pour la plupart à des non-chrétiens et d’autres contextes de la musique me permettent de passer du temps avec des non-chrétiens et inviter nos voisins à des événements musicaux par exemple dans l’église ou dans le milieu chrétien.
Merci de prier pour que j’ouvre la bouche pour parler de Jésus dans ces contextes-là et non pas simplement penser que ma vie va parler.
Souvent on pense que les résultats de ces conversations dépendent de nous alors que le Seigneur veut simplement qu’on ouvre la bouche et après c’est son travail. travail.
Matt Moury est diplômé de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine. Il a oeuvré pour une organisation étudiante missionnaire, Friends International, en Angleterre. Missionnaire soutenu par une Église anglicane évangélique, Christ Church Cambridge, il est pasteur de l’Église protestante baptiste d’Argenteuil.