Concernant la question « Le christianisme est-il une religion de blanc ? », Nathanael explore plusieurs compréhensions possibles :
- Origine ethnique : Le christianisme ne tire pas son origine d’un peuple blanc, mais d’un peuple sémite, avec Jésus et ses disciples étant juifs.
- Institutionnalisation : Les bases du christianisme ont été posées par des Pères de l’Église majoritairement situés en Asie mineure et en Afrique du Nord.
- Public cible : Le christianisme ne s’adresse pas préférentiellement aux Blancs. La Bible présente un message universel pour toute l’humanité.
- Privilège blanc : La Bible ne soutient pas le favoritisme racial. Au contraire, elle prône l’égalité de dignité de tous les êtres humains devant Dieu.
Nathanael souligne également les racines africaines du christianisme, avec des figures bibliques et des Pères de l’Église d’origine africaine jouant un rôle crucial dans son développement.
Son livre « Car Dieu a tant aimé les Noirs » est disponible aux éditions Excelcis.
Transcription
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Bonjour, peux-tu te présenter ?
Oui, alors bonjour, je m’appelle Nathanael Delforge, je suis l’auteur du livre « Car Dieu a tant aimé les Noirs », je suis également le créateur et l’animateur de la chaîne YouTube Curious, une chaîne d’apologétiques chrétiennes.
Je suis par ailleurs étudiant en théologie et enseignant de mathématiques dans le secondaire.
Le christianisme est-il une religion de blanc ?
Le premier problème, je crois, avec cette question-là, c’est son ambiguïté, c’est qu’est-ce qu’on entend par « religion de blanc », qu’est-ce que ça veut dire ?
Alors dans l’ouvrage, j’essaye d’en énumérer, je crois, de manière exhaustive, en tout cas c’est la prétention que j’ose avoir, quatre compréhensions possibles de cette question.
Alors la première, ce serait d’imaginer qu’une religion de blanc, c’est une religion qui tire son origine d’un homme blanc, d’une femme blanche, en tout cas d’un peuple blanc.
Et là, quand on regarde un petit peu l’histoire du christianisme, et notamment l’origine du christianisme, « chrétien », historiquement, c’était pour qualifier ceux qui étaient des petits-christes, et donc se disent « chrétiens » ceux qui se veulent disciples du Christ.
Et donc quand on regarde l’histoire de Jésus, on se rend compte que c’est un juif, et tout ce qu’il y a de plus juif à l’époque, ses disciples, d’ailleurs les douze apôtres, étaient tous juifs, et eux-mêmes s’inscrivent dans l’histoire, dans la continuité des prophètes vétérotestamentaires, et finalement dans l’histoire de l’Ancien Testament, et se réclament du dieu d’Abraham.
Or Abraham lui-même était originaire d’Our, en Chaldée, actuel Irak, et finalement on se rend compte que l’origine du christianisme, que ce soit dans l’Ancien Testament ou dans le Nouveau Testament, elle est très clairement sémite, et donc absolument pas occidentale, européenne ou blanche.
Donc cette première compréhension-là de l’expression « religion de blanc » je pense ne peut pas tenir pour le christianisme.
Une deuxième compréhension possible, c’est de considérer qu’une religion de blanc, ce n’est pas forcément une religion qui tire son origine d’un homme ou d’un peuple blanc, mais une religion qui aurait été institutionnalisée, formalisée, qui se serait construite sur des bases qui auraient été posées, encore une fois, par des communautés blanches.
Et là, encore une fois, je crois que l’histoire du christianisme ne va pas du tout dans ce sens.
Peut-être, pour prendre un élément parmi d’autres que je mentionne dans l’ouvrage, c’est de regarder un petit peu l’histoire des premiers siècles du christianisme, et notamment les pères de l’Église.
Finalement, il y a une grande majorité des pères de l’Église qui ont posé des fondements importants dans la formalisation de certaines doctrines centrales, comme notamment la Trinité ou la Divinité du Christ, ou qui ont mené un combat important contre les premières grandes hérésies.
Ces pères de l’Église-là étaient en très grande majorité situés en Asie mineure ou en Afrique, notamment en Afrique du Nord.
Et donc là encore, c’est compliqué de prétendre que le christianisme se soit construit sur des bases qui seraient blanches, qui seraient européennes.
Ce n’est pas du tout dans ce sens-là, en tout cas, que va l’histoire du christianisme.
Une troisième compréhension possible, ce serait de dire que le christianisme serait une religion de blancs parce qu’il s’adresse préférentiellement à des personnes à la peau blanche.
Alors là encore, la lecture du texte biblique, c’est quelque chose que le texte biblique ne nourrit absolument pas.
Au contraire, quand on regarde un petit peu l’histoire qui nous est rapportée par la Bible, on pourrait le résumer comme l’histoire d’un dieu créateur de l’humanité.
L’humanité s’est rebellée contre ce dieu-là, et Dieu, dans sa grâce et dans son amour, se constitue un peuple qu’il rachète pour être en communion à nouveau avec lui.
Et ce peuple qu’il se rachète se veut dès le départ, alors c’est en germe au début, mais au fur et à mesure que la révélation biblique progresse, on se rend compte que c’est vraiment dans ce sens là qu’on se dirige, ça se dessine de plus en plus et finalement ça s’accomplit pleinement dans le Nouveau Testament.
En tout cas, ce peuple-là se veut très clairement multiculturel, multiethnique.
Alors il y a effectivement une primauté chronologique du peuple juif, mais elle est bien chronologique uniquement, et encore une fois, le peuple juif n’est pas un peuple blanc, c’est un peuple sémite, donc il appartient à un autre espace géographique.
Et même, dès l’Ancien Testament, on a cette ouverture aux nations qui est annoncée, qui est espérée, et qui commence déjà même parfois à s’accomplir un petit peu en germe, je pense à des personnages comme Ruth ou Rab ou d’autres.
Donc encore une fois, le texte biblique ne va pas du tout dans ce sens de s’adresser préférentiellement à un certain type de population.
D’ailleurs, on n’a pas de distinction de races qui sont faites dans la Bible, si ce n’est cette primauté chronologique du peuple juif.
Mais c’est là aussi une question que je traite un petit peu plus en détail dans l’ouvrage.
On pourrait également considérer que le christianisme s’adresserait préférentiellement à des Blancs, non pas parce que ce serait sa prétention, mais parce qu’il n’arriverait pas peut-être à parler à d’autres peuples.
Et donc notamment en l’occurrence des peuples noirs, pour ce qui nous intéresse ici.
Quand on regarde rapidement peut-être les religions traditionnelles africaines, qui sont riches et diverses, mais on peut quand même identifier, je crois, quelques points communs dans l’ensemble de ces religions qui reviennent assez régulièrement, comme notamment l’idée d’un être créateur, qui serait l’être suprême, et qui serait devenu inaccessible à l’humanité suite à une faute originelle de cette humanité à son égard.
Donc là, ça rappelle quand même assez fortement le récit de Genèse 1 à 3.
Donc on voit comme ça, j’en cite d’autres dans l’ouvrage, mais qu’il y a quelques points de contact qui sont largement possibles entre le christianisme et ces religions traditionnelles africaines.
Et on se rend compte que finalement, le message que porte le christianisme et les problématiques qu’il soulève, se retrouvent aussi dans les religions traditionnelles africaines.
Et donc que ce sont des problématiques auxquelles les peuples noirs sont sensibles.
Une dernière compréhension possible de l’expression « religion de blanc », ce serait de considérer que le christianisme serait coupable de ce qu’on appellerait aujourd’hui le privilège blanc, c’est-à-dire qu’il privilégierait les communautés blanches sur les autres, peut-être en leur conférant une dignité supérieure ou ce genre de choses.
Et là encore, c’est quelque chose qu’on ne retrouve absolument pas dans le texte biblique, que la Bible ne vient pas du tout nourrir.
Au contraire, il y a pléthore de versets, j’en énumère un certain nombre dans l’ouvrage, mais qui vont dans le sens et qui disent explicitement que Dieu ne fait pas de favoritisme.
C’est complètement prendre le texte à l’envers et c’est lui faire dire ce qu’il ne dit pas, que de considérer que la Bible à un moment donné aurait maudit les peuples noirs.
Mais voilà, je m’arrête là peut-être pour cette première question.
Maintenant, en quelques mots, quelles sont les racines africaines du christianisme ?
Sans aller peut-être jusqu’à dire que, comme certains le prétendent, et je pense qu’ils vont trop loin, sans aller jusqu’à dire que le christianisme est une religion africaine, je crois que c’est tout aussi faux, je vous ai déjà donné des éléments en ce sens, de considérer que le christianisme serait une religion européenne.
C’est vrai qu’au cours de l’histoire, il y a eu de nombreux siècles pendant lesquels le christianisme et l’Europe ont été fortement liés.
On a tendance à penser que le christianisme a des racines européennes.
Et quand on regarde l’histoire du christianisme primitif, ou même dès le Nouveau et l’Ancien Testament, on voit qu’il y a des éléments africains qui sont fortement présents.
Je pense dans l’Ancien Testament à un personnage comme Phineas, dont le texte nous invite à considérer qu’il puisse être très certainement d’origine africaine.
On a par exemple Hebed-Melech, pour ne citer que deux personnes.
J’ai tout un chapitre qui vient essayer de décrire la place qui est accordée dans l’histoire biblique aux personnes africaines, mais également au continent africain dans son ensemble, puisqu’on a quand même d’importants épisodes de l’histoire biblique qui ont lieu sur le continent africain, et notamment en Égypte, je pense notamment au livre de la Genèse, à l’Exode, mais même Jésus qui y a séjourné.
Dans le Nouveau Testament, on voit qu’à la Pentecôte, qui est un événement charnière dans l’histoire de l’Église, on a des juifs et des prosélytes de toutes nations, et notamment de nations africaines qui sont présentes.
La prédication des apôtres dans le livre des Actes s’étend depuis Jérusalem, en suivant l’ordre de Jésus en Acte I jusqu’en Judée, en Samarie, et les extrémités de la terre sont atteintes pour la première fois en Acte VIII par la conversion de l’Enuc-Éthiopien.
C’est intéressant de noter que le premier élément des extrémités de la terre qui est touché par l’Évangile et qui se convertit, c’est un Enuc-Éthiopien.
Je parlais tout à l’heure de l’impact des Pères de l’Église dans la formalisation de dogmes importants du christianisme, comme la Trinité ou dans la lutte contre les hérésies.
C’est intéressant de noter qu’on a aussi un nombre important de Pères de l’Église qui étaient d’Afrique du Nord, je pense notamment à Augustin, Origène, Tertullien ou encore Athanase, et qui ont joué un rôle très important dans cette formalisation de la doctrine chrétienne.
On se rend compte que bien avant que le christianisme soit si intimement lié à l’Europe, même quand ça a été le cas, ça a été sur des bases qui ont été posées, notamment par des Pères de l’Église d’origine africaine.
C’est peut-être dernier élément avant de passer à la question suivante.
Un homme aussi important dans l’histoire du christianisme que l’apôtre Paul lui-même a été envoyé en mission par l’Église d’Antioche, on le voit en acte XIII, par un certain nombre de leaders de l’Église, dont deux personnes qui étaient l’une d’origine africaine, et l’autre qui avait aussi un lien avec le continent africain.
Ce n’est pas une question que j’aborde directement dans le livre, en tout cas ce n’est pas une question que je pose dans ces termes-là, mais c’est vrai que le projet du livre, il naît aussi de ce qu’au cours de l’histoire les peuples noirs aient largement souffert d’un christianisme vicier, dévoyé et corrompu.
Je pense notamment à l’esclavage qui s’est voulu à un moment donné justifier bibliquement, ou même la colonisation qui s’est à un moment donné aussi teinté de justifications religieuses et notamment bibliques.
Donc c’est vrai que malheureusement, on ne peut que reconnaître que les peuples noirs ont grandement souffert au nom du christianisme.
Dans l’ouvrage, j’explique à chaque fois, dans les chapitres qui sont consacrés à l’esclavage, dans les chapitres qui sont consacrés à la colonisation, au racisme, à la malédiction de Shem, etc. j’explique en quoi il s’agissait justement d’un dévoiement du christianisme, d’une lecture biblique qui allait à contresens complètement de ce que les textes disent.
Mais c’est intéressant de noter que, peut-être pour prendre le cas un peu paradigmatique de l’esclavage, que là où l’institution esclavagiste s’est servie du texte biblique pour se justifier, pour trouver une caution morale et religieuse, ça a été dans un second temps.
C’est-à-dire que les arguments religieux n’ont jamais été à l’origine de l’institution esclavagiste, mais ils sont venus dans un second temps pour justifier quelque chose qui avait déjà lieu, pour d’autres raisons, d’ordre notamment économique.
L’argumentation biblique et religieuse est venue dans un second temps pour justifier l’institution esclavagiste, tandis qu’elle est venue plutôt pour le coup dans un premier temps, elle a été moteur de la lutte anti-esclavagiste.
Alors ça n’a pas été le seul élément qui est mené à l’abolition de l’esclavage, évidemment, mais ça a été un élément pionnier.
Là où pour l’institution, ça a été dans un second temps, pour la lutte contre l’institution esclavagiste, ça a été un élément pionnier.
Et c’est, je crois, lourd de sens, parce que justement le texte biblique nourrit et défend quelque chose qui va complètement à l’encontre de l’esclavage.
Je parlais tout à l’heure de l’égale dignité devant Dieu de tout être humain et du fait que porter atteinte à un être humain, quel qu’il soit, en le soumettant à l’esclavage ou en se montrant coupable de racisme à son égard, ou à travers la colonisation, etc., on en vient à quelque sorte à porter atteinte à son créateur directement.
Donc le christianisme et la Bible fournissent effectivement des éléments qui permettent de lutter contre ces différentes institutions qui ont causé tant de torts et tant de souffrances aux peuples noirs dans l’histoire.
Et au-delà de ça, même aujourd’hui, sans tomber dans le cliché d’une Afrique miséreuse, parce que ce serait faux, c’est à bien des égards un continent particulièrement riche, mais qui peut-être est aussi victime de sa richesse.
Je pense notamment à la corruption de certains de ses dirigeants, à l’avarice aussi des différentes puissances mondiales, notamment des puissances occidentales, mais pas que.
Et tout ça, ce sont des choses aussi qui vont participer de diverses souffrances actuelles des peuples noirs sur le continent africain, ou même d’ailleurs de la diaspora noire dans d’autres pays.
On peut voir combien certains noirs peuvent être victimes d’un racisme particulièrement violent dans certains pays.
Dans toutes ces situations-là, le christianisme vient aussi apporter un message d’espérance, un message libérateur, où notamment peut-être un élément parmi d’autres particulièrement important à mentionner ici, c’est le rétablissement de toute justice qui va accompagner le retour de Jésus, et le jugement aussi de toutes ces malversations qui ont été commises en son nom au cours de l’histoire.
Comment pourrons-nous prier pour toi ?
Écoutez, vous pouvez prier pour moi, peut-être déjà dans la « promo » de cet ouvrage, dans le sens où je crois vraiment, comme je le disais tout à l’heure en présentation, ce n’est pas un ouvrage que j’aurais pensé écrire, ce n’est pas un ouvrage qui est venu de moi.
Je pense vraiment qu’il y a des personnes pour qui ces questions-là sont importantes, et ma prière c’est que ces personnes-là puissent être à un moment donné en possession de cet ouvrage-là.
Ce n’est pas la promo pour la promo, mais que ça puisse simplement répondre à un besoin.
Vous pouvez également prier pour mon ministère à travers la chaîne YouTube « Curious », que Dieu puisse s’en saisir, s’en servir pour toucher les cœurs, pour faire grandir son royaume et glorifier son nom.
Et puis de manière plus générale, pour ma propre personne, peut-être aussi pour mes études de théologie, que je puisse les mener à bien, les mener à bout.
Il faut pour ça un petit peu de temps, un petit peu d’argent.
Parfois il y a l’un ou l’autre qui manque, mais je suis confiant au Seigneur pour mener tout ça à son terme.
Matt Moury est diplômé de la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine. Il a oeuvré pour une organisation étudiante missionnaire, Friends International, en Angleterre. Missionnaire soutenu par une Église anglicane évangélique, Christ Church Cambridge, il est pasteur de l’Église protestante baptiste d’Argenteuil.
Nathanaël Delforge est passionné de théologie et de philosophie, il est également le créateur et l’animateur de Kurious, une chaîne YouTube d’apologétique chrétienne. Professeur de mathématiques dans le secondaire, il poursuit des études de théologie en parallèle. Il est marié et père d’une petite fille.