Méditation
MATTHIEU SANDERS
Toute réflexion sur la Loi de Dieu doit avoir pour point de départ les attributs de Dieu. Le Dieu de la Bible se révèle comme parfaitement saint, juste, et bon.
Confesser cela nous ramène à un fondement biblique incontournable: nous sommes créatures, créées à l’image de Dieu. Par conséquent, toute qualité morale chez l’homme – reconnue à la lumière de ce que l’Écriture appelle bon – est un reflet limité des attributs de Dieu.
Ainsi, la Loi de Dieu, au-delà des commandements spécifiques qui nous sont rapportés par l’Écriture, n’est pas autre chose que l’expression, pour l’homme, de ce qui est bon aux yeux de Dieu. Obéir à la Loi de Dieu devrait en conséquence faire notre plus grande joie. Car il ne s’agit pas pour nous de nous soumettre à des injonctions arbitraires, mais plutôt de vivre ce pour quoi nous avons été créés: une vie qui reflète la volonté et les qualités de notre Créateur. C’est à ce « recentrage » salutaire que fait allusion le Deutéronome en évoquant l’amour de Dieu dans tout ce que nous sommes et faisons (Deutéronome 6 : 5-6). C’est pour cela que Jésus, lorsqu’on lui demande quel est «le plus grand commandement» (Matthieu 22 : 37), cite ce même texte pour revenir à ce qui est au cœur même de la Loi: l’amour de Dieu. Or, à l’image de l’amour parfaitement généreux de Dieu, cet amour rejaillit nécessairement dans l’amour du prochain. Si nous reconnaissons en notre prochain l’œuvre créatrice d’un Dieu que nous aimons de tout notre cœur, comment pourrons-nous lui demeurer hostiles ou indifférents ?
Cependant, les Écritures nous révèlent, et notre expérience nous confirme, que nous sommes spontanément réticents à nous sou- mettre à Dieu. Comme nos premiers parents, nous avons tous, d’une manière ou d’une autre, cherché à nous substituer à Dieu en définissant pour nous-même ce qui est bon et ce qui est mauvais (Genèse 3:5). Ce péché, qui atteint tous les hommes (Romains 3:23), nous place dans une situation désespérante: nous sommes tous trouvés coupables, inéluctablement fautifs face à la loi parfaite et sainte de Dieu (Matthieu 12:34-37; Galates 3:11-13; Romains 3:19).
Mais Dieu a choisi de se réconcilier avec nous. Il l’a fait en faisant porter par son Fils Jésus-Christ, venu dans notre condition humaine, notre condamnation, exigée par cette même Loi. Cette substitution ouvre pour nous la voie inespérée d’un plein pardon et d’une relation de paix avec Dieu (Romains 5.1). Mais la Bonne Nouvelle va plus loin encore. En nous libérant de la condamnation du péché, et en nous donnant son Saint-Esprit, Dieu nous rend capables – encore imparfaitement, mais dans l’espérance – de vivre d’une manière qui lui plaît (Romains 8.3-4), et ainsi de retrouver notre vocation première de créature à son image. Ainsi sont accomplies les promesses annoncées par les prophètes : celles d’une nouvelle ère dans laquelle la Loi de Dieu sera inscrite dans le cœur de l’homme, devenu désireux d’aimer Dieu et de lui obéir (Jérémie 31:31-34; Ézéchiel 36:26-27). Dieu nous a aimés le premier (1Jean 4:19), et, par amour, nous a rendus capables de l’aimer et le servir en retour!
Commentaire
JOHN WESLEY
Aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute sa pensée, de toute son âme, et de toute sa force, voilà le premier fondement de la vie chrétienne. Fais de l’Éternel ton Dieu tes délices ; cherche et trouve toute ta joie en lui. Écoute et mets en pratique sa Parole : « Mon fils, donne-moi ton cœur ». Et après lui avoir cédé ton âme tout entière afin qu’il puisse y régner sans rival, du plus profond de ton cœur tu pourras alors t’exclamer: «Je t’aime, Éternel, ma force! L’Éternel est mon roc; mon libérateur, mon Dieu, où je me réfugie ! » Le deuxième commandement — le deuxième grand fondement de la vie chrétienne — est intimement et indissociablement lié au premier: «Tu aimeras ton prochain comme toi-même». Aimer — étreindre, avec la plus tendre bienveillance, avec la plus fervente et cordiale affection, avec un désir ardent de prévenir ou d’éliminer tout mal et de susciter toutes sortes de bien. Ton prochain — non seulement tes amis, ta famille, ou tes connaissances; non seulement les hommes vertueux qui t’estiment et te témoignent ou te rendent de l’affection, mais toutes personnes, y compris celles que tu n’as jamais vues ou dont tu ne connais pas le nom ; sans exclure celles que tu sais être méchantes et ingrates, celles qui te maudissent et te maltraitent. Même elles, tu les aimeras comme toi-même, avec une même soif inaltérable de les bénir. Fais preuve, inlassablement, du même désir de les protéger de tout ce qui pourrait affliger ou blesser leur âme, ou leur corps. Voilà ce qu’est l’amour.