Méditation
Timothy Keller
Si je combine foi et œuvres, si je dis « Oui, je dois avoir foi en ce que Jésus a fait pour moi, mais je dois aussi y ajouter ceci ou cela, sinon je ne suis pas sauvé », alors j’affirme que ce n’est pas ce que Jésus a fait qui me sauve, mais ce que j’y ajoute. Je fais de moi-même mon propre sauveur.
Cet exemple clarifiera peut-être les choses : Monsieur A demande à Monsieur B de lui fabriquer un buffet en bois, car Monsieur B est un ébéniste très habile. Monsieur B et Monsieur A sont amis, et c’est pourquoi Monsieur B se dit : « Bon, je ferais bien de fabriquer quelque chose de très bonne qualité, … quelque chose de parfait ». Alors, il travaille, travaille et travaille encore à ce buffet, jusqu’à ce que celui-ci soit poli et verni à la perfection. Il fait entrer Monsieur A dans l’atelier afin qu’il puisse le voir. Monsieur A saisit un morceau de papier de verre et dit : « Laisse-moi juste le poncer encore un petit coup. » Monsieur B répond : « Non ! Il est terminé. Il est parfait. Et on ne pourrait y ajouter quoi que ce soit sans l’abîmer. »
C’est la même chose avec l’œuvre de Jésus-Christ. Quand Jésus est mort, il a dit : « Tout est accompli. » Il n’y a rien à y ajouter. C’est parfait. Et si j’y ajoute, je le diminue. Si je dis : « Il a fait ceci, mais il faut que j’y ajoute cela », ce que j’y ajoute devient le vrai fondement de mon salut et fait de moi mon propre sauveur.
Les réformateurs protestants ont soutenu, de manière convaincante et en se basant sur la Bible, que nous ne pouvons pas combiner foi et œuvres, et que notre justification, notre droiture et notre salut dépendent de notre foi seule. Je n’ajouterai pas à leur argumentation. Je dirai simplement ceci : Personnellement, je ne pourrais pas vivre si ce n’était pas le cas. Je n’ai aucune espérance si ce n’est celle de me lever chaque matin et de me tenir debout sur ce fondement inébranlable :
En Christ seul est mon espérance
Sa justice est mon assurance.
Il est devant Dieu mon appui
Je n’en veux point d’autre que Lui.
C’est mon seul espoir.
Commentaire
Jean Calvin (1509-1564)
Nous affirmons que, qu’importe la nature de l’œuvre accomplie par l’homme, celui-ci est considéré comme juste devant Dieu uniquement sur la base d’une miséricorde non méritée. Dieu en effet, sans tenir compte des œuvres de l’homme, l’adopte librement en Christ, en lui imputant la justice du Christ comme si elle était sienne. C’est ce que nous appelons « justification par la foi » : l’homme, après avoir abandonné toute forme de confiance en ses œuvres, est convaincu qu’il n’est accepté par Dieu que sur le seul fondement d’une justice qui n’existe pas en lui-même mais qu’il emprunte au Christ. Il existe un domaine dans lequel le monde entier s’égare (et cet égarement a prévalu à travers presque tous les âges) : s’imaginer que l’homme, aussi imparfait qu’il puisse être, mérite tout de même, dans une certaine mesure, la faveur de Dieu grâce aux œuvres qu’il accomplit […] Dieu nous réconcilie avec lui, non pas grâce à nos œuvres, mais grâce au Christ seul, et par une adoption non méritée, il fait de nous ses propres enfants, nous qui étions des enfants de colère. Aussi longtemps que Dieu regarde à nos œuvres, il n’y voit aucune raison qui l’inciterait à nous aimer. C’est donc pour cela qu’il lui faut enterrer nos péchés, nous imputer l’obéissance du Christ - qui seule peut résister à son examen - et nous adopter en tant que justes à cause des mérites du Christ. Voici la doctrine claire et unique des Écritures, « attestée » comme le dit Paul « par la Loi et les prophètes » (Romains 3 : 21).