L’Église rassemblée
Définition
Le rassemblement hebdomadaire d’une Église préfigure un rassemblement céleste beaucoup plus grand : celui de l’Église universelle de Jésus-Christ. C’est une ambassade du royaume du Christ.
Résumé
Le rassemblement d’une Église représente à la fois une « ambassade » du royaume de Jésus-Christ et une « réalité géographique » temporaire de ce royaume. Nous nous rassemblons afin d’illustrer le règne au paradis et les jugements qui y sont prononcés, pour établir un avant-poste visible du royaume du Christ, afin d’être les témoins du Roi et de l’exalter, afin d’en identifier les citoyens, pour former un peuple et afin de mobiliser ce dernier. Une Église devient une Église lorsqu’elle se réunit. Elle incarne l’Église universelle lorsqu’elle se rassemble. Elle est le lieu où nous, les croyants, montrons qui nous sommes, apprenons qui nous sommes, devenons qui nous sommes, nous réjouissons et rendons grâce à Dieu pour qui nous sommes. Nous sommes le peuple de Dieu, le corps du Christ, le temple du Saint-Esprit, le troupeau du Berger, le sarment de Vigne, les citoyens du royaume des cieux, la preuve de la sagesse et de la grâce de Dieu. Et l’assemblée reconstitue et illustre tout cela. Il n’est donc pas surprenant que les principautés et les puissances de ce monde exercent leur opposition au christianisme en s’attaquant aux rassemblements de l’Église.
Les Églises se rassemblent. Cette affirmation paraît tellement évidente qu’il ne semble pas nécessaire de le préciser. Tout le monde le sait, même ceux qui ne sont pas chrétiens. Posez simplement la question au Parti communiste chinois (PCC) qui a pris l’habitude, ces dernières années, d’interrompre systématiquement les rassemblements d’Églises et de disperser leurs membres.
Ce travail du PCC devrait toutefois nous amener à nous arrêter un instant et à nous interroger : pour quelles raisons, tout au long de l’histoire de l’Église, tant de gouvernements oppressifs se sont-ils sentis menacés par les rassemblements religieux ? Que représente, au fond, une simple réunion d’individus ? Quels sont ses objectifs, pour qu’une administration puissante s’estime obligée de l’interdire ? La question des regroupements confessionnels peut paraître banale, mais, visiblement, elle comporte aussi un soupçon d’intrigue politique !
Cet article vise donc à faire réfléchir sur la définition et la fonction du rassemblement religieux.
Bien entendu, c’est la Bible qui doit déterminer nos réponses à toutes ces questions. Cependant, revenons un instant à cette image de l’État hostile. Il nous permet d’aborder le sujet en ouvrant un sujet de réflexion intéressant. Imaginons, en effet, ce qu’un officiel d’un État, assis à son bureau devant une montagne de documents émanant des renseignements généraux, pourrait trouver de menaçant dans quelque chose d’aussi banal et d’aussi ordinaire qu’une Église qui se rassemble.
En quoi les rassemblements de l’Église sont-ils une menace ?
Le rassemblement n’est pas à l’origine de la menace ; c’est le message chrétien qui gêne. Ces chrétiens, lui disent ses informateurs, affirment ne faire allégeance définitive et absolue qu’à ce Jésus ; pas au parti, ni au régime, ni à la nation. Ils prétendent qu’il les a, d’une manière ou d’une autre, « sauvés » et qu’il est leur « roi ». Qui plus est, ces gens-là promettent de s’accorder une priorité mutuelle – du moins à certains égards – plutôt que de prioriser leur famille et leurs concitoyens. Ils s’appellent les uns et les autres « les citoyens du ciel », « une nation sainte », « des frères et des sœurs » et « la famille de Dieu ».
S’il ne s’agissait que de divagations de quelques fous, l’officiel de l’État ne s’inquiéterait pas. Pourtant, il s’alarme, précisément parce que ces chrétiens se rassemblent bel et bien. Pour chaque réunion, il plante une épingle sur la carte affichée dans son bureau, et le nombre d’épingles ne cesse d’augmenter. À ses yeux, les rassemblements paraissent une force politique croissante, comme s’il s’agissait de réunions secrètes d’une puissance étrangère. Les gens qui s’y présentent sont endoctrinés. Ils revendiquent ensemble leur dissidence. Ils reçoivent des ordres de marche. Ils se mobilisent. Ils se dispersent et se mettent à la recherche de nouvelles recrues.
Et si, telles des cellules cancéreuses, ils ne cessaient de se multiplier et de se développer ?
La réponse de notre hostile fonctionnaire est simple : « Envoyez la police disperser les rassemblements, arrêtez les dirigeants et confisquez les exemplaires de leur livre ». En écrasant les rassemblements, vous écraserez le mouvement.
1) Telle une ambassade, les rassemblements représentent le règne au paradis et les jugements qui y sont prononcés :
Les préoccupations de notre bureaucrate imaginaire sont totalement à côté de la plaque, mais pas complètement infondées. À côté de la plaque, parce qu’il y a 2 000 ans, Dieu n’a pas envoyé Jésus pour renverser César. Et les Églises ne se rassemblent pas pour former des insurgés.
Et pourtant, notre officiel a raison d’y déceler l’œuvre d’une puissance étrangère. S’il pouvait utiliser un langage théologique, il saurait que ces regroupements constituent en fait l’invasion du royaume des cieux ; un royaume que le philosophe politique du xviie siècle Thomas Hobbes appelait « un vrai royaume, pas un royaume métaphorique »[1].Chaque épingle sur la carte de l’homme d’État indique donc un avant-poste du rassemblement céleste beaucoup plus grand ; elle représente l’assemblée autour de Jésus ou ce que les chrétiens nomment l’Église universelle (voir Hé 12.22,23 ; Ép 2.6).
Il pourrait même aller jusqu’à dire, sans se tromper, que ces épingles révèlent les « ambassades » d’un empire paradisiaque. Certes, une ambassade représente une nation à l’intérieur d’une autre nation. Elle parle, à titre officiel, au nom du gouvernement étranger. Elle est mandatée, bien que provisoirement.
Par exemple, quand j’habitais et travaillais à Bruxelles, en Belgique, l’ambassade des États-Unis m’avait officiellement reconnu comme citoyen américain et avait renouvelé mon passeport à l’expiration de l’ancien. Même si je suis déjà citoyen américain, l’ambassade dispose d’une autorité que je n’ai pas : le pouvoir de parler et de prendre des décisions provisoires au nom du gouvernement des États-Unis.
En confiant d’abord les clés du royaume à Pierre et aux apôtres, puis aux Églises assemblées, Jésus a conféré aux congrégations une autorité similaire à celle de l’ambassade américaine de Bruxelles : l’autorité de porter des jugements provisoires sur ce qu’est une juste confession de l’Évangile (Mt 16.13-19), et sur qui est citoyen du royaume des cieux (Mt 18.15-20).
C’est ce que Jésus veut dire lorsqu’il déclare que les Églises détiennent l’autorité de lier et de délier sur la terre ce qui est lié et délié dans le ciel (Mt 16.18 ; 18.17,18). Il ne dit pas qu’elles ont le pouvoir de faire des hommes des chrétiens ni faire de l’Évangile ce qu’il est, pas plus que l’ambassade ne peut faire de moi un Américain, ni faire des lois américaines ce qu’elles sont. Jésus indique plutôt que les Églises peuvent prononcer des déclarations ou rendre des jugements officiels concernant le quoi et le qui de l’Évangile : Qu’est-ce qu’une véritable confession ? Qu’est-ce qu’un véritable confessant ?
Afin qu’une Église soit une Église, chaque chrétien doit, individuellement, s’accorder sur ces jugements : « Je vous dis encore que, si deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est dans les cieux » (Mt 18.19). Toutefois, ce consentement n’est rendu manifeste que lors du rassemblement de l’Église. « Car là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Mt 18.20). Une Église peut s’assembler en son nom, parce que ses membres s’accordent au sujet de son nom : qui est Jésus, ce qu’il a fait. Lui-même scelle cette entente par sa propre présence. Lorsqu’il dit qu’il sera « là », il n’annonce pas qu’il planera comme un brouillard mystique dans la pièce. Il nous révèle en fait que le rassemblement le représente. Le rassemblement parle en son nom. L’assemblée revêt l’autorité de Jésus et celui-ci s’identifie lui-même à l’assemblée, comme si elle arborait son étendard.
Autrement dit, une Église ne représente pas seulement le Christ, son règne et son jugement de manière provisoire. C’est aussi l’Église assemblée. Et cette assemblée qu’est l’Église constitue l’ambassade du Christ. Le rassemblement incarne l’autorité céleste de Jésus, peu importe où l’épingle sur la carte est plantée, que ce soit en Belgique, en Allemagne, en Russie, en Iran, en Chine, au Canada ou au Brésil.
Les chrétiens disent parfois que l’Église est un peuple, et non pas un lieu. Il est vrai que l’Église reste l’Église même quand elle n’est pas rassemblée, de la même manière qu’une « équipe » de basket reste une équipe même lorsque ses membres ne sont pas rassemblés pour jouer au basketball. Toutefois, une Église devient une Église lorsqu’elle se rassemble dans un même lieu, et nous pouvons devenir des membres de cette même Église que si nous nous réunissons avec les autres. Vous ne pouvez pas lui appartenir si vous ne participez pas aux rencontres, tout comme vous ne pouvez faire partie de l’équipe de basket si vous ne participez jamais aux parties.
Paul, lorsque l’Église de Corinthe est confrontée à une situation de discipline interne, pense vraisemblablement à la promesse de Jésus en Matthieu 18.20 : « Lorsque vous serez assemblés, je serai avec vous en esprit et la puissance de notre Seigneur Jésus se manifestera ; vous devrez alors livrer cet homme à Satan » (1 Co 5.4,5 ; BFC). Lorsqu’une Église se réunit ou se rassemble au nom du Christ, la communauté reçoit du Seigneur Jésus le pouvoir d’en radier un membre. Après tout, ils ne peuvent plus affirmer d’un commun accord que cette personne est toujours chrétienne. En conséquence, ils doivent, sur la terre, rendre un jugement provisoire au nom de Jésus.
Pourquoi les Églises s’assemblent-elles ? Afin de représenter le règne au paradis et les jugements qui y sont prononcés.
2) Telle une réalité géographique, les rassemblements constituent un avant-poste visible du royaume de Dieu :
L’idée que les rassemblements d’Églises sont des manifestations géographiques du royaume des cieux est étroitement liée au point précédent.
Cela peut paraître étrange quand on le dit. Mais si nous faisons un petit retour en arrière dans la chronologie de l’histoire biblique, nous parviendrons finalement à comprendre. À l’origine, Dieu demeurait avec Adam et Ève dans le Jardin d’Éden, un lieu géographique identifié sur la terre. Lorsqu’ils ont péché, il les en a chassés. Il leur était désormais impossible de résider ou de s’assembler avec leur Dieu.
À travers la descendance d’Abraham, Dieu a ensuite appelé un peuple à s’assembler de nouveau, de sorte qu’il accomplisse le mandat qu’il avait adressé à Adam (lire Ge 28.3 ; 35.11 ; 48.4)[2]. Éventuellement, il a rassemblé le peuple d’Abraham – son peuple – dans le pays de Canaan où il leur a, de temps à autre, demandé de se réunir, de se réunir réellement et physiquement. Imaginez : c’était un stade de football rempli, mais sans l’enceinte ! Le terme vétérotestamentaire que le grec utilise pour décrire cette assemblée physique au sein de laquelle les membres se retrouvent épaule contre épaule, est ekklēsia. Par exemple :
- Les Israélites s’étaient rassemblés au pied du mont Sinaï : « du milieu du feu, le jour de l’assemblée », le jour d’ekklēsia (De 9.10 ; 10.4 ; 18.16).
- Les lois de citoyenneté interdisaient à certaines personnes d’entrer « dans l’assemblée de l’Éternel », ekklēsia(De 23.1-8) pour adorer.
- Moïse avait donné l’instruction de « rassembler » le peuple tous les sept ans pour qu’il écoute les écrits de la loi, et il avait fait son dernier discours devant « toute l’assemblée d’Israël », l’ekklēsia d’Israël (De 31.10-12,30).
- Des siècles plus tard, le roi Salomon a dédié le temple en priant l’Éternel et a béni « toute l’assemblée d’Israël » (2 Ch 6.3).
L’ekklēsia a joué un rôle crucial dans la visibilité du royaume de Dieu parmi le peuple d’Israël, tout comme ce royaume était visible dans le Jardin d’Éden. C’est dans l’assemblée qu’il a conclu son alliance avec son peuple. Et c’est en assemblée que celui-ci s’est réuni pour l’adorer : « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau ! Chantez ses louanges dans l’assemblée [ekklēsia] des fidèles ! » (Ps 149.1.)
Aujourd’hui, certains commentateurs bibliques distinguent parfois les usages politiques des usages religieux du mot ekklēsia, distinction que le mode de pensée hébreu n’aurait pas rendue aussi flagrante. Car s’incliner devant le Dieu-Roi, c’est aussi s’incliner devant le Dieu-Rédempteur. Assurément, si Dieu rend son règne visible, c’est précisément pour que nous puissions le connaître et l’adorer.
Quand Dieu a envoyé Israël et Juda en exil, il a dispersé l’assemblée. Pourtant, lorsque le prophète Joël promet l’effusion du Saint-Esprit (Joë 2.28-32 ; Ac 2.17-21), il ordonne concomitamment à Israël : « Assemblez le peuple » et « formez une sainte réunion ! » (ou « consacrez la congrégation » [ekklēsia] ; Joë 2.16). Toute la trajectoire politique et l’histoire nationale d’Israël sont incarnées par le rassemblement, puis par la dispersion due à l’exil, et enfin par la promesse d’un nouveau rassemblement.
C’est face à cet arrière-plan vétérotestamentaire que nous avons besoin d’entendre Jésus déclarer : « Je construirai monekklēsia » (Mt 16.18). Pourquoi a-t-il choisi le mot ekklēsia, au lieu de « synagogue », de « communion » ou d’un autre terme encore ? C’est parce qu’il avait à l’esprit le rassemblement d’un nouvel Israël. C’est là qu’est la vraie fin de l’exil. C’est là qu’est la nouvelle entité politique. C’est là que se trouve la reconstitution du royaume de Dieu, par le biais des avant-postes de cet empire céleste sur la terre. Jésus est venu pour réunir une nouvelle assemblée, une nouvelle ekklēsia.
Sa volonté n’était nullement que ses disciples prennent possession, par l’épée, d’un lieu géographique précis sur la terre. Toutefois, sa volonté n’était pas non plus qu’ils forment une « religion » uniquement caractérisée par certaines croyances, ou encore un « club » dont les membres se réuniraient à dessein parce qu’ils partageraient un intérêt commun, tel un club d’échecs. Au contraire, il voulait que les générations de disciples constituent un royaume, une réalité politique qui défierait et transcenderait les frontières humaines de ce monde. Par conséquent, il a choisi d’utiliser un vocable politique, revêtant une connotation spatiale : ekklēsia. Ses disciples se soumettraient ainsi à lui, et ils le feraient ensemble, de manière tangible, en un lieu donné et en témoignage de son règne. Comme s’ils étaient un royaume comme n’importe quel autre.
Tels les explorateurs espagnols du xve siècle traversant les océans en quête de richesses, notre navire à nous s’échoue ici, sur la partie topographiquement visible, quoique temporaire, du royaume du Christ : le rassemblement. Temporaire, car il ne dure que quelques heures chaque semaine. Temporaire, car nous n’avons pas encore reçu notre héritage permanent. Son existence planétaire reste toutefois on ne peut plus réelle. Il est spatial. Il est physique. Il est présent. Il n’est pas théorique. Il est visible. Et c’est là que l’action se déroule.
Les Églises se rassemblent, car en tant qu’avant-postes ou ambassades du ciel, il leur faut devenir ostensibles, audibles et tangibles, aussi palpables que des coudes qui se touchent sur les bancs de la congrégation. Car les humains sont des créatures physiques. Les corps, leurs corps, ont de l’importance, ils comptent. L’espace compte. Le fait d’être physiquement ensemble a de l’importance. Et les communautés ont besoin d’une portion de territoire sur laquelle se réunir afin de pouvoir devenir ce qu’elles sont fondamentalement : des assemblées (dans le grec original), ou des Églises (dans la traduction française). Une fois encore, Jésus dit donc à ses disciples que sa volonté est, d’une façon ou d’une autre, particulièrement présente lorsque deux ou trois chrétiens se réuniront en son nom (Mt 18.20).
Les croyants citent habituellement ce verset pour sanctifier leurs petits groupes, leurs études bibliques, leurs conférences chrétiennes et même leurs soirées dinatoires. Or, Jésus ne parle pas ici de telles choses : il s’intéresse plutôt à l’Église. En effet, le verset n’inclut pas tout ce dont les congrégations ont besoin, comme les ordonnances. En revanche, il jette les bases de la structure de l’autorité dans l’Église : une assemblée du peuple de Christ, détenant les clés du royaume des cieux et prenant des décisions de justice pour celui-ci.
Si vous entrez dans l’ambassade américaine de la capitale d’un pays étranger, comme Bruxelles en Belgique, le personnel vous certifiera que vous posez le pied sur le sol des États-Unis. Pour quelle raison ? Parce que l’autorité du gouvernement américain contrôle cet espace. L’espace physique est en lui-même inerte, mais sa signification sociale est transformée par l’autorité américaine qui s’y trouve mandatée. L’autorité « sanctifie » la terre et l’espace.
De la même manière, l’autorité de Christ transforme la géographie. Il sanctifie l’espace dans lequel les chrétiens se rassemblent. Il lui donne une signification sociale grâce à des mots comme « là » et « au milieu de » (Mt 18.20). Il est là, il est au milieu. Tout cela est vrai, que le maître de ce territoire particulier le reconnaisse ou non, que son nom soit le Parti communiste chinois, l’Ayatollah d’Iran ou qu’il s’agisse d’un propriétaire de salle de cinéma. Ce rassemblement, lorsqu’il est associé à la prédication de l’Évangile et aux ordonnances, devient une Église. Jésus le revendique temporairement et symboliquement dans le monde physique. Et notre officiel du gouvernement, pendant qu’il place ses épingles sur la carte, ressent donc une menace. Le royaume de Jésus est devenu visible, c’est une réalité topographique, là et au milieu de son peuple. C’est pourquoi, lorsque l’Église se disperse, ils restent ses membres. La vérité géographique, elle, se dissipe jusqu’à disparaître. L’espace n’est désormais plus sacré.
Un jour, le peuple de Dieu tout entier sera rassemblé : « une grande foule, que personne ne peut compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple, et de toute langue. Ils se tiennent devant le trône et devant l’Agneau » (Ap 7.9). Et ce rassemblement n’aura pas de fin.
En attendant ce jour glorieux, pourquoi les Églises s’assemblent-elles ? Afin d’établir des avant-postes visibles du royaume de Christ et de cette assemblée à venir.
3) Tel le drapeau d’une ambassade, les rassemblements sont les témoins du Roi :
Si les Églises assemblées sont des ambassades, alors s’ensuit un troisième objectif : ce sont les témoins du Roi, de son règne et du salut, à l’instar de l’étendard qui flotte devant toutes les chancelleries de la terre. C’est la raison pour laquelle Jésus parle d’un rassemblement en son nom, et que les disciples baptisent en son nom (Mt 18.20 ; 28.19). Par la sainte cène, les congrégations proclament la nouvelle alliance en Jésus-Christ, le pardon des péchés et la promesse que nous boirons le vin nouveau avec Jésus-Christ dans le royaume de Dieu (Mt 26.28,29). Par la prédication, les Églises déclarent qu’il est le Messie, l’espoir des nations et qu’il détient toute autorité dans les cieux et sur la terre (Mt 28.18).
Les Églises se rassemblent pour indiquer le chemin qui mène à Jésus.
À cet égard, les regroupements de fidèles remplissent une fonction évangélique. Ils existent – en partie – dans l’intérêt de ceux qui n’en sont pas membres ou qui ne croient pas. Dès lors, l’analogie de Paul sur les prophéties et les langues souligne l’utilité des premières pour les non-croyants, lorsqu’ils observent un rassemblement des membres d’une Église. « […] Qu’il entre un non-croyant ou un simple auditeur », s’il entend les prophéties, dit Paul, « il est convaincu par tous, il est jugé par tous, les secrets de son cœur sont dévoilés, de telle sorte que, tombant sur sa face, il adorera Dieu, et publiera que Dieu est réellement au milieu de vous » (1 Co 14.24,25).
Voici donc la leçon pour les assemblées : elles devraient cultiver le sermon, qui a pour but, entre autres, de convaincre le cœur des incroyants et de les conduire à adorer. Car oui, les chrétiens évangélisent tout au long de la semaine, mais la congrégation elle-même possède un pouvoir évangélique. Les Églises qui se fondent sur un modèle attractionnel l’ont bien compris. Ainsi donc, amenez vos amis non chrétiens à l’église !
Toutefois, prêcher pour convaincre comporte les risques dont j’ai mentionnés au tout début de cet article : l’opposition et la persécution. Lorsque les Églises proclament que Jésus-Christ est le Roi des rois ; et non pas César, ni Tamerlan, ni la Cour suprême des États-Unis ; elles représentent soudain une menace. Les nations et leurs dirigeants ragent face au Seigneur et à celui qu’il a oint (Ps 2.1,2). Les rassemblements deviennent donc l’épicentre de leur colère, puisqu’il s’agit des endroits où les chrétiens proclament : « Chantez à l’Éternel un cantique nouveau ! Chantez ses louanges dans l’assemblée [ekklēsia] des fidèles ! » (Ps 149.1.)
Pourquoi les Églises s’assemblent-elles ? Afin d’être les témoins du Roi.
4) Tels des passeports, les rassemblements servent à identifier les citoyens du royaume de Dieu :
Lorsque les Églises se rassemblent afin d’être les témoins du Roi, elles témoignent aussi de ceux qui appartiennent au royaume des cieux. Autrement dit, elles confirment qui sont ses citoyens. Poursuivons la métaphore filée de l’ambassade : nous pourrions dire que l’assemblée est l’endroit où les Églises distribuent les passeports. Par quel moyen le font-elles ? Au moyen des ordonnances.
Tout comme les membres de l’alliance abrahamique étaient marqués par la circoncision, tout comme les membres de l’alliance mosaïque étaient marqués par respect du Sabbat, les membres de la nouvelle alliance sont marqués par le baptême : c’est le signe premier qu’un serment a été prêté. Et la sainte cène est le signe perpétué du serment. C’est la raison pour laquelle Jésus dit à ses disciples de baptiser « au nom du » Seigneur – du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Il souhaite que son peuple porte un badge sur lequel il est écrit : « Bonjour, je suis avec Jésus ».
Qui détient l’autorité de baptiser au nom de Jésus (Mt 28.19) ? Il s’agit vraisemblablement de ceux qui sont réunis en son nom (Mt 18.20). Le Seigneur promet d’accorder sa présence, une présence qui fait autorité, à ceux qui se rassemblent aujourd’hui (v. 20) ; et quand ils baptisent, il promet qu’il sera toujours avec eux (Mt 28.20).
Les baptêmes peuvent parfois ne pas avoir lieu dans le cadre direct de la congrégation ; il existe en effet des exceptions. Par exemple, dans Actes 8, Philippe a immergé l’eunuque éthiopien au milieu du désert, sans la présence d’une Église assemblée. De fait, une religion missionnaire qui cherche à se répandre et à gagner du terrain doit, dans certains cas, dissocier le baptême du rassemblement. Bien entendu, les exceptions sont par définition exceptionnelles. D’ordinaire, le baptême doit se faire en présence de la congrégation. Actes 2 représente la norme et non Actes 8. Dans Actes 2, les Juifs demandent à Pierre ce qu’ils doivent faire pour être sauvés ; il leur répond qu’ils doivent se repentir et être baptisés, après quoi Luc nous informe que le nombre de disciples « augmenta de 3000 personnes » – il s’agit de l’Église de Jérusalem (Ac 2.41). Le baptême est donc une ordonnance.
C’est aussi le cas de la sainte cène, sa pratique doit se faire en assemblée. Paul explique : « Puisqu’il y a un seul pain, nous qui sommes nombreux, nous formons un seul corps, car nous participons tous à un même pain » (1 Co 10.17). Partager un même pain révèle, met en lumière, démontre, annonce que nous sommes un seul corps. Le repas du Seigneur est une ordonnance qui dévoile ce qu’est l’Église. Elle dit « voici l’Église ». La sainte cène n’appartient pas aux étudiants d’une école biblique partis camper, ni même à un couple qui se marie, ni à un père avec ses enfants, ni à un petit groupe au sein de la communauté. Elle appartient à l’Église assemblée.
L’application pratique est très concrète. Paul exhorte les membres des congrégations à « s’attendre les uns les autres » avant de prendre le repas du Seigneur (1 Co 11.33). Cette prescription s’adresse à l’Église assemblée.
L’envers de la médaille est que l’apôtre considère également que la dernière étape de la discipline ecclésiale doit avoir lieu au sein de l’assemblée. En effet, si nous nous affermissons les uns les autres en tant que membres du corps au moyen de la sainte cène, alors empêcher quelqu’un d’y prendre part ou radier l’un d’entre eux lorsque l’Église est réunie prend tout son sens. Paul ne dit donc pas aux anciens de l’Église de Corinthe d’exclure celui qui refuse de se repentir lors de la réunion des anciens, le jeudi soir. Il demande plutôt à l’Église tout entière de le réprouver, « étant assemblés avec la puissance de notre Seigneur Jésus » (1 Co 5.4).
Pourquoi les Églises s’assemblent-elles ? Afin d’identifier les citoyens du royaume de Dieu (et d’en exclure les transfuges).
5) Tels des cours de citoyenneté, les rassemblements visent à former un peuple :
Les Églises se rassemblent également pour enseigner tous les commandements de Jésus (Mt 28.20). En d’autres termes, elles se réunissent pour former un peuple et ces rassemblements agissent, dans un sens, à titre de pourvoyeur de cours de citoyenneté à des individus souhaitant devenir citoyens du royaume des cieux.
In fine, c’est le Saint-Esprit qui crée et attribue l’aspect de l’assemblée. Par contre, il ordonne en parallèle que les Églises fassent usage de ce qu’on appelle « les moyens de grâce habituels » : prêcher la Parole, chanter la Parole, lire la Parole et voir la Parole (dans les ordonnances), pour reprendre la formulation de Ligon Duncan. Le peuple prend forme lorsqu’il représente le règne au paradis et les jugements qui y sont prononcés – faisant le lien entre cet objectif et les précédents listés plus haut. Prêcher et prendre place dans une attitude de soumission à la prédication démontre que nous sommes en accord avec ce que dit la Parole. Chanter et prier, c’est aussi prononcer les jugements de Dieu de nos propres bouches, les lui répéter et nous les répéter entre nous. Lorsque nous approuvons ces jugements, nous prenons forme en tant que peuple.
Par conséquent, tout ce qui se fait dans le rassemblement doit se faire dans l’optique de façonner et de faire progresser les saints. Les épîtres du Nouveau Testament l’enseignent bien :
- Paul déclare que prophétiser est plus utile que parler en langues, car : « Celui qui prophétise parle aux hommes (de l’Église), les édifie » (1 Co 14.4).
- Prêcher et enseigner est essentiel à ce titre : « Instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse »(Col 3.16).
- Chanter, en plus d’offrir notre louange à Dieu, est également fondamental : « Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels » (Ép 5.19).
- Prendre le repas du Seigneur lors de la sainte cène est aussi une activité communautaire, et non un moment-que-l’on-passe-les-yeux-fermés-pour-s’isoler-du-reste-de-l’Église (1 Co 10.17 ; 11.33).
- Les pasteurs eux-mêmes sont appelés à travailler « pour le perfectionnement des saints en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ » (Ép 4.12).
- Quoique vous fassiez lors du rassemblement, conseille Paul, « que ce soit pour l’édification de l’Église que vous cherchiez à en (les dons spirituels) posséder abondamment » (1 Co 14.12) et « que tout se fasse pour l’édification » (v. 26).
Une Église devient une Église lorsqu’elle se réunit. Elle incarne l’Église universelle lorsqu’elle se rassemble. Elle est le lieu où nous, les croyants, montrons qui nous sommes, apprenons qui nous sommes, devenons qui nous sommes, nous nous réjouissons et rendons grâce à Dieu pour qui nous sommes. Nous sommes le peuple de Dieu, le corps du Christ, le temple du Saint-Esprit, le troupeau du Berger, le sarment de Vigne, les citoyens du royaume des cieux, la preuve de la sagesse et de la grâce de Dieu. Et l’assemblée reconstitue et illustre tout cela. Ceux du dedans comme ceux du dehors peuvent, dès lors, voir, vivre, ressentir les prémices de ces choses au travers de la congrégation.
Le théologien Everett Ferguson écrit que dès l’instant où nos Églises sont rassemblées, c’est « le moment de s’atteler à des activités explicitement chrétiennes ». Une Église « se manifeste et manifeste sa présence de bien des manières, mais dès lors qu’elle se réunit en Église, elle exprime sa nature et ce qui la concerne »[3]. Nous pouvons comprendre cela à la lumière de ce que Paul écrit lorsqu’il appelle à l’unité et au discernement du corps de Christ durant la sainte cène (1 Co 11.17-34). C’est de surcroît ce que nous percevons dans 1 Corinthiens 13, lorsqu’il professe avec insistance que l’amour est la plus grande des vertus ; et la mise en pratique suit aussitôt, au chapitre 14, lorsqu’il souligne que nous devrions tout accomplir pour l’édification du corps (lire les versets 1,3-5 et 12). Enfin, nous pouvons le voir aussi quand l’apôtre met l’accent sur ce qui devrait être uniforme « dans toutes les Églises » (14.33).
Afin de saisir la portée formatrice du rassemblement dominical, il convient d’examiner ses effets du lundi au samedi. Nous nous réunissons le premier jour de la semaine et nous sommes modelés par la même Parole. Puis nous nous dispersons les autres jours, nous efforçant de nous aider les uns les autres à vivre selon cette Parole, dans tous les domaines de l’existence : les mères soutenant les mères, les amis soutenant les amis, les travailleurs soutenant les travailleurs. La prédication du dimanche façonne ainsi notre communion fraternelle et notre vie hebdomadaires.
Pour quelle raison les chrétiens se rassemblent-ils chaque semaine et non, par exemple, une fois par mois, ou encore selon d’autres agendas ? Après tout, rien dans le Nouveau Testament ne nous commande de nous regrouper chaque semaine. Pourtant, l’assemblée hebdomadaire est, en vérité, la leçon tacite de la Création, de l’Ancien et du Nouveau Testament, comme de toute l’histoire de l’Église. Dieu a établi un cycle de 7 jours lors de la Création. Dans l’Ancien Testament, Israël suit ce cycle en signe d’allégeance alliancielle à Dieu. L’Église du Nouveau Testament a, pour sa part, cessé de se réunir le jour du Sabbat (le samedi), mais s’est toutefois mise, presque immédiatement, à se rassembler le dimanche qui représente le jour de la résurrection du Christ d’entre les morts, le « jour du Seigneur » (Ac 20.7 ; 1 Co 6.2 ; Ap 1.10) ; et ce, depuis 2 000 ans déjà. Au-delà de tout ça, le motif d’un regroupement en semaine n’est pas bien difficile à deviner : les réunions hebdomadaires forgent la vie de disciple quotidienne d’un chrétien ; et cela parce que le cycle en semaine, institué dès la Genèse, est celui qui détermine le rythme régulier de nos journées et de nos emplois du temps.
En se réunissant chaque semaine avec le reste de l’Église, le saint a ainsi de fortes chances de repérer plusieurs de ses amis, quand bien même il y aurait mille autres personnes dans la salle. Dans l’assemblée, nous nous trouvons en effet face à la présence des uns et des autres à partir de laquelle se développent des relations fondées sur la Bible.
Comme on peut s’y attendre, les premiers disciples « persévéraient dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle » et « étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple » (Ac 2.42,46). Par la suite, ils se sont dispersés pour s’occuper et subvenir aux besoins des uns et des autres dans leurs maisons (2.44-46). L’auteur de l’épître aux Hébreux nous encourage à son tour : « Veillons les uns sur les autres, pour nous exciter à l’amour et aux bonnes œuvres. N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour » (Hé 10.24,25).
Pourquoi les Églises s’assemblent-elles ? Afin de former un peuple.
6) Telle une formation d’ambassadeurs, les rassemblements mobilisent un peuple :
S’il y a bien un aspect de la formation chrétienne qui mérite d’être particulièrement mis en évidence, c’est que Christ ait fait de son peuple des ambassadeurs, leur confiant un ministère de réconciliation (2 Co 5.18-20). Le rassemblement est ainsi l’endroit où Christ, par l’intermédiaire de ses prédicateurs, commande habituellement aux siens : « Allez, faites de toutes les nations des disciples » (Mt 28.18).
L’apôtre Jean, par exemple, fait l’éloge d’une Église qui a reçu et manifesté son amour à un groupe de missionnaires, car « c’est pour le nom de Jésus-Christ qu’ils sont partis » (3 Jn 1.5-7). Puis il les exhorte : « Nous devons donc accueillir de tels hommes, afin d’être ouvriers avec eux pour la vérité » (v. 8). Tous les chrétiens ne sont pas missionnaires par-delà les frontières, mais chaque chrétien est un collègue œuvrant pour la vérité.
Paul félicite également les Thessaloniciens d’imiter son exemple, car ils s’assurent que l’Évangile retentisse dans leur propre ville et au-delà des barrières internationales, même au beau milieu de l’opposition (1 Th 1.8 ; 2.14-16). Et qu’est-ce qui nous équipe donc pour annoncer la Parole ? Le rassemblement.
Pourquoi les Églises s’assemblent-elles ? Afin d’équiper et de mobiliser un peuple en vue de faire des disciples.
7) Les rassemblements exaltent le Roi :
Pour finir, les Églises se réunissent non seulement pour attirer l’attention sur le Roi, mais encore pour exalter le Roi. Pour l’adorer. Les six objectifs qui précèdent trouvent ici leur aboutissement, leur point d’orgue. Vous remarquerez qu’il ne se trouve pas là d’analogie avec l’ambassade : celle-ci n’a, en fait, aucun rapport avec l’adoration. Elle est plutôt le rôle de l’Église.
Car oui, Dieu nous demande de nous adresser les uns aux autres par le chant : « Ainsi vous vous entretiendrez par le chant » mutuellement ; mais il nous demande aussi de nous adresser à lui par la musique : « Vous louerez le Seigneur de tout votre cœur par vos chants et vos psaumes » (Ép 5.19 ; BDS).
Nous nous enseignons et nous nous avertissons « les uns les autres en toute sagesse, » mais nous le faisons « dans nos cœurs en vertu de la grâce ». Paul poursuit : « Et quoi que vous fassiez, en parole ou en œuvre, faites tout au nom du Seigneur Jésus, en rendant par lui des actions de grâces à Dieu le Père » (Col 3.16,17).
Si le rassemblement existe, c’est pour que nous nous équipions et nous nous édifiions les uns les autres. S’il existe, c’est pour révéler le Christ aux autres. Mais il y a plus important encore : si les saints se réunissent chaque semaine, c’est pour glorifier et magnifier Dieu.
John Piper soutient l’idée que le lien le plus évident entre l’existence de l’Église d’une part et la volonté de Dieu d’autre part, quant à l’adoration communautaire, est exprimé en 1 Pierre 2 (voir bibliographie ci-dessous). L’apôtre affirme en effet que les chrétiens sont formés afin de devenir « une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes spirituelles, agréables à Dieu par Jésus-Christ » (1 Pi 2.5). Pour quelle raison sommes-nous édifiés ? Afin d’offrir des sacrifices agréables à Dieu. Le fait que ce passage parle de « s’édifier pour former une maison spirituelle » suggère probablement bien plus encore que le concept de l’Église assemblée, mais ne fait certainement pas allusion à quelque chose de moins.
Quelques versets plus loin, Pierre tisse encore son analogie du collectif : « Une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte, un peuple acquis ». Pourquoi Dieu a-t-il fait de nous, ensemble, tout cela ? Il l’a fait afin que « nous annoncions les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ». Notre vie communautaire est profondément liée à la proclamation des merveilles excellentes de Dieu.
Pourquoi les Églises s’assemblent-elles ? Pour adorer et exalter Dieu.
Conclusion
Les Églises ne se rassemblent pas simplement pour des raisons pragmatiques ou instrumentales parce qu’il serait bon et profitable de se réunir. Elles se rassemblent parce qu’il est essentiel pour une Église, d’être une Église et parce qu’il est fondamental pour sa mission de proclamer les excellentes merveilles de l’Éternel.
Une Église devient une Église lorsqu’elle se rassemble. Une personne peut, à proprement parler, appartenir à l’Église, sans jamais prendre part à la réunion d’une Église. Le brigand repentant sur la croix appartient ultimement à l’Église. Et pourtant, c’est en essayant de suivre les pas de la congrégation qu’un être humain se pose la question s’il est ou non membre de l’Église. Vous ne pouvez pas déclarer faire partie de la famille si vous n’êtes jamais en présence de la famille. Les choses ont une logique : l’on agit comme l’on pense, et l’on est ce que l’on pratique.
De la même manière, nous ne pouvons affirmer prendre part à la mission de l’Église sans jamais rencontrer le reste de l’Église. Qui pourrait prétendre faire partie d’une équipe de basket s’il ne se présente jamais le jour des parties ?
Qu’est-ce que l’Église assemblée ? Une ambassade, une réalité géographique du royaume de Jésus-Christ. Nous nous rassemblons afin de :
- représenter le règne au paradis et les jugements qui y sont prononcés ;
- établir des avant-postes visibles du royaume de Jésus-Christ ;
- témoigner du Roi ;
- identifier les citoyens de ce royaume ;
- former un peuple ;
- mobiliser ce peuple ;
- exalter le Roi.
Parfois, certains gouvernements et peuples de ce monde regardent avec suspicion ces épingles sur la carte. Parfois, ils nous regardent simplement avec indifférence. Mais parfois, il arrive qu’ils nous regardent avec émerveillement, puis, bientôt, avec louange : « Dieu est réellement parmi vous ! »
Notes de pied de page
Lectures complémentaires
- ASH, Christopher, Remaking a Broken World: the Heart of the Bible Story, Good Book Company, 2019.
- FERGUSON, Everett, The Churches of Christ: A Biblical Ecclesiology for Today, Grand Rapids, MICH., Eerdmans, 1996, p. 244-246.
- PIPER, John, « L’adoration en assemblée : une pratique biblique et merveilleusement appropriée », dans L’adoration et la prédication, Trois-Rivières, Québec, Éditions Impact, 2019, p. 39-58.
- LEEMAN, Jonathan, One Assembly: Rethinking the Multisite and Multiservice Models, Crossway, 2020.
- LEEMAN, Jonathan, « The Church: Local and Universal », the Gospel Coalition.
Cet essai fait partie de la série « Courts traités de théologie ». Toutes les opinions exprimées dans cet essai sont celles de l’auteur. Cet essai est disponible gratuitement sous licence Creative Commons : Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions, permettant aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’adapter/traduire le contenu à condition qu’un lien d’attribution, l’indication des changements, et la même licence Creative Commons s’appliquent à ce matériel.
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