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Définition

Le mot « résurrection » fait référence à la résurrection des morts, mais il n’est pas uniquement question de réanimation corporelle. Sur le plan biblique, il peut désigner une transformation spirituelle (la régénération) ou physique (la réincarnation au dernier jour).

Résumé

Cet article a pour but d’explorer l’espérance biblique de la résurrection. Nous verrons comment elle a été annoncée dans l’Ancien Testament (en particulier dans Da 12), et de quelle manière elle a été anticipée ou proclamée dans le Nouveau Testament. Nous examinerons également la signification théologique de la relation entre la résurrection physique de Jésus et la (ou les) résurrection(s) des croyants. Nous étudierons, par la suite, la nature du corps ressuscité, notamment par rapport au concept de résurrection immédiate après la mort.

Introduction

Comme le rappellent les derniers mots du symbole des Apôtres, le christianisme orthodoxe a toujours proclamé « la résurrection de la chair et la vie éternelle ». Il s’agit en effet de deux aspects cruciaux et connexes de l’espérance chrétienne ou de l’eschatologie. Dans la pensée biblique, la mort n’est pas une amie bienvenue qui nous conduit dans un monde merveilleux et inconnu. Au contraire, elle est l’ennemie ultime qui, bien que déjà vaincue par Jésus, n’aura sa défaite finale qu’au jour où Dieu anéantira « le voile qui est sur tous les peuples [et] engloutira la mort pour toujours » (És 25.7,8a ; voir 1 Co 15.54-57). Bref, l’espérance des chrétiens ne repose pas sur une existence désincarnée dans un lieu extraterrestre appelé le ciel. Elle repose plutôt sur une vie ressuscitée habitant au cœur d’une nouvelle création (c’est-à-dire renouvelée), où Dieu lui-même sera avec eux comme leur Dieu (Ap 21.3). De plus, cet espoir de vie éternelle (celle de l’ère à venir) a été assuré « par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts » (1 Pi 1.3). En effet, comme le souligne l’apôtre Paul, la résurrection de Jésus et la résurrection des croyants sont étroitement liées (1 Co 15.12-28).

L’espérance de la résurrection annoncée

L’Ancien Testament en dit peu sur l’espérance quant à la résurrection, mais Dieu est clairement présenté comme étant souverain à la fois sur la vie et sur la mort. Ce dernier point est confirmé par le chant de Moïse, où Dieu affirme : « je fais vivre et je fais mourir » (De 32.39). Le cantique d’Anne va dans le même sens lorsqu’elle admet que « l’Éternel fait mourir et il fait vivre ; il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter » (1 S 2.6). L’antithèse (faire mourir et faire vivre) et le parallélisme (faire mourir et faire vivre – faire descendre au séjour des morts et en faire remonter) suggèrent tous deux que Dieu a la capacité de ressusciter les morts. Il ne se limite pas à sauver des personnes blessées ou malades d’une mort prématurée. Ni Moïse ni Anne ne prétendent que Dieu a ressuscité les morts ou qu’il le fera ; ils soutiennent simplement que cela relève de son pouvoir souverain s’il juge cela souhaitable ou nécessaire (voir Ge 22.5 ; Hé 11.19). Bien qu’aucun des deux n’ait expérimenté personnellement le pouvoir de Dieu quant à la résurrection des morts, il a toutefois été démontré à travers les récits d’Élie et d’Élisée (voir 1 R 17.17-24 ; 2 R 4.18-37 ; 13.20,21). L’espoir de la résurrection est donc reflété à travers la théologie et l’expérience des premiers Israélites.

Le langage associé à la résurrection est exprimé de manière bien plus explicite dans les autres livres de l’Ancien Testament, tels que celui d’Ésaïe, d’Ézéchiel et de Daniel. Bien qu’Ésaïe 25.7-9 emploie l’idée d’éradication de la mort de manière métaphorique, Ésaïe 26.19 semble suggérer bien plus qu’une restauration nationale. En effet, compte tenu du contraste marqué avec le sort réservé aux impies dans 26.14, il est sans doute question de résurrection individuelle dans 26.19. En revanche, ce n’est clairement pas le cas dans Ézéchiel 37, où la résurrection des os desséchés décrit plutôt la restauration physique d’Israël après une mort métaphorique en exil. Néanmoins, la puissance des paroles de réconfort d’Ézéchiel dépend en grande partie de la plausibilité de l’image : la résurrection serait une métaphore inappropriée et peu convaincante si elle était considérée comme totalement impossible. Quelle que soit la manière dont Ésaïe et Ézéchiel emploient le concept de résurrection, sa signification ne laisse guère de doute dans Daniel 12. Dans ce chapitre, nous lisons que les personnes « réveillées » sont physiquement mortes (« ceux qui dorment dans la poussière de la terre »), que la résurrection a des conséquences éternelles (« certains s’éveillent à la vie éternelle, d’autres à la honte et au mépris éternel »), et que les fidèles (« ceux qui auront été intelligents » et « ceux qui auront enseigné la justice à la multitude ») sont glorieusement transformés (« brilleront comme les étoiles »). Bien que ce texte ne soit pas totalement lié à la perspective eschatologique universelle envisagée plus tard dans la pensée juive et chrétienne, il constitue incontestablement une preuve de la croyance, à l’époque de l’Ancien Testament, en « la résurrection de la chair et la vie éternelle ».

L’éventualité de la résurrection anticipée

Pendant la période intertestamentaire, la croyance en une future résurrection des morts s’est largement répandue dans le judaïsme. À l’évidence, certaines personnes comme les sadducéens, ont lutté contre cette idée (Mc 12.18-27 ; Ac 23.8 ; voir le Siracide8.21), non seulement parce qu’ils la jugeaient absurde, mais aussi parce que, selon eux, la loi de Moïse (c’est-à-dire le Pentateuque) ne soutenait pas cet enseignement. Cependant, d’autres preuves provenant de l’époque hellénistique (p. ex., la traduction grecque de certains textes pertinents de l’Ancien Testament ; la mention explicite dans 2 Maccabées ; la déclaration implicite dans la Sagesse de Salomon, dans 1 Hénoch et dans d’autres textes hébreux) et du Nouveau Testament (p. ex., Lu 14.14 ; Jn 11.24 ; Ac 23.6-9) suggèrent que la résurrection physique en tant qu’événement eschatologique est devenue une croyance juive assez courante au Ier siècle. Par conséquent, pour la plupart des Juifs, l’enseignement de Jésus au sujet de la résurrection n’était radical ou inintelligible que dans la mesure où il anticipait un tel événement avant le dernier jour (p. ex., Mc 9.9,10 ; Lu 24.45,46 ; Jn 2.19,20 ; 5.24-26 ; 20.9).

En plus de prédire la résurrection spirituelle de ses disciples (Jn 5.25) et sa propre résurrection physique imminente (Lu 9.21,22), Jésus a aussi clairement révélé un aspect plus traditionnel de la résurrection, c’est-à-dire celle des morts à la fin des temps (Lu 11.31,32 ; 20.34-38 ; Jn 5.28,29 ; 6.39-58 ; voir Jn 12.48). En effet, elle est préfigurée dans certains de ses miracles, notamment à travers la résurrection de la fille de Jaïrus (Mc 5.35-43), du fils de la veuve de Naïn (Lu 7.11-17) et de son ami Lazare (Jn 11.1-44). Bien qu’aucun d’entre eux n’ait expérimenté de résurrection au sens strict biblique (c’est-à-dire d’être revêtu d’une vie immortelle), comme leurs homologues de l’Ancien Testament, ces miracles préfigurent la réalité eschatologique. Ainsi, il pose problème d’interpréter ces miracles comme quelque chose de moindre qu’une résurrection des morts impliquant une continuité significative entre le corps naturel (mortel) et le corps spirituel (immortel). C’est également ce que suggère l’anticipation de Paul concernant « la rédemption de notre corps » (Ro 8.23) et Jésus lorsqu’il parle de la résurrection de son propre corps (Jn 20.27).

La réalité de la résurrection proclamée

Pour les auteurs du Nouveau Testament, la résurrection de Jésus est non seulement archétypale, mais elle garantit également la résurrection à venir des croyants (Ac 26.23 ; 1 Co 6.14 ; 15.20,23 ; 2 Co 4.14 ; Col 1.18 ; Ap 1.5), qui sont unis à lui à la fois dans sa mort et dans sa résurrection (Ro 5.9-11 ; 6.3-5,8-11 ; 8.11 ; Col 2.12 ; 3.1 ; voir Ap 20.4-6). Bien que, dans une certaine mesure, les chrétiens fassent l’expérience de l’avenir dans le temps présent (c’est-à-dire qu’ils vivent déjà dans l’ère à venir), la vie accomplie et parfaite ne sera obtenue qu’au dernier jour, où « les morts ressusciteront incorruptibles, et [où] nous serons changés » (1 Co 15.52). Ce passage et d’autres passages du Nouveau Testament (p. ex., Ac 24.14,15 ; 1 Th 4.16,17 ; Ph 3.20,21 ; Ap 20.11-15) associent clairement la future résurrection des morts au retour du Seigneur et au jugement dernier. Il devient donc difficile d’adhérer à l’idée d’une expérience de résurrection post-mortem immédiate. Les partisans d’une « résurrection » instantanée doivent alors s’appuyer sur d’autres textes pour défendre un tel concept (principalement, 2 Co 5.1-10), et conclure que l’apôtre Paul a changé d’avis avec le temps. Toutefois, le principal obstacle au concept de « résurrection instantanée » est l’enseignement de Paul sur le sujet de la résurrection qui est cohérent dans toutes ses lettres, y compris celles qu’il a écrites après 2 Corinthiens, comme Romains et Philippiens. De plus, 2 Corinthiens 5 ne suggère pas de manière indiscutable que les croyants reçoivent leur corps ressuscité dès l’instant où ils meurent. La perte de notre tente terrestre (corps mortel) et l’acquisition de notre demeure éternelle (corps de résurrection) ne sont pas nécessairement simultanées, surtout si « demeurer auprès du Seigneur » équivaut à « quitter ce corps » (2 Co 5.8) ou à être « dépouillé » (2 Co 5.4). Compris ainsi, Paul explique dans ce passage deux scénarios post-mortem possibles : notre état ressuscité final (2 Co 5.1-5), et l’état provisoire qui le précède dans lequel nous sommes désincarnés (2 Co 5.6-9). Si la nature de cet état provisoire (demeurer auprès du Seigneur) conduit Paul à accueillir la mort (malgré une certaine réticence), son ultime espérance chrétienne est d’être revêtu de sa demeure céleste (le vêtement immortel de son corps ressuscité). Paul développe ce point plus en détail dans sa lettre précédente.

La nature du corps ressuscité et la vie éternelle

En réponse au cynisme des membres de l’Église de Corinthe qui se montraient sceptiques quant à la résurrection, Paul précise, dans 1 Corinthiens 15.35-57, quelle est la nature du corps ressuscité. Sans pour autant nier qu’il y a un certain degré de continuité avec le corps naturel, Paul, dans ce passage, met clairement l’accent sur la discontinuité entre le corps mortel hérité du premier Adam et le corps immortel assuré par le second Adam. Il illustre cela en relevant :

  • la différence entre la graine semée et la plante produite (v. 37,38) ;
  • les différents types de « chairs » et de « corps », même chez les autres êtres vivants (v. 39-41).

Dans les versets 42-49, Paul souligne ensuite les différences entre le corps naturel et le corps spirituel :

  • Le corps enterré (« semé ») est corruptible, mais il ressuscite en devenant incorruptible.
  • Le corps est enterré dans le déshonneur, mais il ressuscite dans la gloire.
  • Le corps est semé (enterré) infirme, mais il ressuscite avec puissance.

En somme, le corps de résurrection sera comme celui de Christ (1 Co 15.49 ; voir Ph 3.20,21).

Paul ne suggère pas que le corps de résurrection ou « spirituel » sera non physique, mais plutôt que le corps naturel hérité d’Adam est inapproprié pour un héritage éternel puisqu’il peut se décomposer (1 Co 15.50). C’est pourquoi chacun doit subir un changement. Même ceux qui n’auront pas connu la mort avant le dernier jour devront subir le type de transformation effectuée par la résurrection afin d’être convenablement « vêtus » pour leur héritage éternel (v. 51-53). Dans ce passage, Paul fait manifestement allusion aux chrétiens. Cependant, dans différents passages, nous voyons clairement qu’il est conscient que la résurrection eschatologique et le jugement final concernent l’ensemble de l’humanité (Ro 2.5-16 ; Ac 17.31 ; 24.15). Le type de corps réservé aux impies ressuscités n’est précisé nulle part dans la Bible, mais nous pouvons supposer qu’il sera adapté à leur destin éternel.

Lectures complémentaires

En rapport avec la théologie biblique

  • HOEKEMA, Anthony
  • The Bible and the Future, Eeardmans, Grand Rapids, Michigan,1994, 354 p.
  • LONGENECKER, Richard (dir.)
  • Life in the Face of Death: The Resurrection Message of the New Testament, Eeardmans, Grand Rapids, Michigan, 2002, 324 p.
  • WILLIAMSON, Paul R.,
  • Death and the Afterlife, IVP Academic, Downers Grove, Illinois, 2018, 256 p.
  • WRIGHT, N. T.,
  • The Resurrection of the Son of God, Fortress Press, Minneapolis, Minnesota, 2003, 740 p.

En rapport avec les débats contemporains

  • HARRIS, Murray J.,
  • From Grave to Glory: Resurrection and Immortality in the New Testament, Zondervan Publishing Company, Grand Rapids, Michigan, 1990.
  • Achat : Amazon
  • Critique : JETS
  • MIDDLETON, J. Richard,
    • A New Heaven and a New Earth: Reclaiming Biblical Eschatology, Baker Academic, Ada, Michigan, 2014, 336 p.
  • WILLIAMSON, Paul R.,
  • Death and the Afterlife, IVP Academic, Downers Grove, Illinois, 2018, 256 p.
  • WRIGHT, N. T.,
  • Surpris par l’espérance, Excelsis, Charols, 2019, 440 p.

Cet essai fait partie de la série « Courts traités de théologie ». Toutes les opinions exprimées dans cet essai sont celles de l’auteur. Cet essai est disponible gratuitement sous licence Creative Commons : Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions, permettant aux utilisateurs de le partager sur d’autres supports/formats et d’adapter/traduire le contenu à condition qu’un lien d’attribution, l’indication des changements, et la même licence Creative Commons s’appliquent à ce matériel.
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