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De même que la multiplication du pain pour les cinq mille hommes a préparé le discours du pain de vie, la guérison de l’aveugle-né dans Jean 9 débouche sur quelques commentaires plus brefs sur la nature de la cécité et de la vue spirituelles.

Certains représentants du pouvoir avaient du mal à croire que cet homme fût vraiment né aveugle. Si c’était réellement le cas, et si Jésus l’avait authentiquement guéri, cela en dirait long sur le pouvoir de Jésus. Vérité qu’ils n’étaient pas prêts à entendre. Comme aujourd’hui, il existait déjà dans le pays des « guérisseurs par la foi », mais leurs œuvres n’impressionnaient pas beaucoup ; les gens les moins crédules pouvaient facilement rejeter la plupart des preuves de réussite avancées. Même dans les milieux des « guérisseurs par la foi », on n’avait jamais entendu dire que quelqu’un ait rendu la vue à un homme né aveugle (v. 32-33). Incapables de contrer le témoignage authentique et direct de cet homme, les autorités se sont retranchées derrière leurs réponses stéréotypées et ont eu recours à la violence contre lui (v. 34).

Jésus croise à nouveau le chemin de l’aveugle guéri, et se révèle un peu plus à lui, sollicite sa foi et accepte son adoration (v. 35-38). Il prononce alors deux paroles importantes :

1° « Je suis venu dans ce monde pour un jugement, afin que ceux qui ne voient pas voient, et que ceux qui voient deviennent aveugles » (v. 39). Les rôles s’inversent, un peu comme dans le récit du riche et de Lazare (Luc 16.19-31) ou la parabole du pharisien et du publicain (Luc 18.9-14), un thème S fréquent dans les Évangiles. Mais cette fois-ci l’inversion des rôles s’opère dans le domaine de la vue. Ceux qui « voient » avec leurs principes de discernement très recherché, sont aveuglés par ce que Jésus dit et fait. Ceux qui sont « aveugles », ceux qui se trouvent dans un état équivalent sur le plan moral et spirituel à ce que vivait l’homme guéri sur le plan corporel, à ceulà Jésus révèle sa merveilleuse compassion et rend même la vue.

En entendant les paroles de Jésus et fiers de leur discernement, certains pharisiens sont tellement scandalisés qu’ils lui demandent s’il les compte parmi les aveugles. Leur démarche amène Jésus à faire une deuxième déclaration.

2° « Si vous étiez aveugles, vous n’auriez pas de péché. Mais maintenant vous dites : Nous voyons ; aussi votre péché demeure » (v. 41). Jésus aurait évidemment pu répondre tout simplement : « oui » à leur question. Mais cela n’aurait pas mis en lumière la gravité de leur situation. En modifiant légèrement la métaphore, Jésus fait comprendre son point de vue d’une autre manière. Au lieu d’insister et de déclarer que ses adversaires sont aveugles, Jésus s’appuie sur leur prétention de voir, et même de voir mieux que les autres. Or, c’est justement là qu’est le nœud du problème : ceux qui ont une confiance illimitée dans leur capacité de voir ne demandent pas à Dieu de leur donner la vue. Ils restent aveugles, coupables d’autosuffisance et d’autosatisfaction. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne se sait pas aveugle.

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